L’arche russe.
7.5 « Le premier plan de son premier film montrait un enfant debout à côté d’un jeune arbre. Le dernier plan de son dernier film un enfant couché au pied d’un arbre mort. On pourrait y voir une boucle bouclée et un signe d’adieu mais quand il a tourné ce plan, Andreï ne savait même pas qu’il était malade. Une énigme de plus que chacun déchiffrera selon ses codes. D’autres nous feront la morale. Les très grands nous laissent nous débrouiller avec nos libertés. Chacun devra décider pour lui-même si l’océan de Solaris existe, si la Zone du Stalker existe, si Alexandre, le personnage du Sacrifice, a accompli ou non un miracle. Il devra trouver sa propre clé pour entrer dans la maison de Tarkovski. Le seul cinéaste dont l’œuvre entière tient entre deux enfants et entre deux arbres ». Ce sont les dernières paroles du film de Chris Marker. Elles symbolisent à mes yeux toute l’intelligence de cet immense cinéaste inventeur de formes et collecteur d’inventions de formes. C’est à ce titre l’un des plus grands cinéastes critiques, je pense. Et il rend ici (comme il le fit aussi pour Kurosawa) le plus bel hommage à l’un des cinéastes les plus emblématiques du septième art.