Archives pour la catégorie Claude Berri

Uranus – Claude Berri – 1990

21. Uranus - Claude Berri - 1990Planète malade.

   4.0   Quid de savoir si c’est à cause de la reconstitution un peu ratée, de l’interprétation inégale ou d’un problème de transcription à l’écran du roman de Marcel Aymé, mais rien ne fonctionne. Uranus est un film terne, mal fagoté, dans lequel les numéros d’acteurs tentent de compenser une paresse totale de mise en scène. Alors certains sont concernés, comme Michel Blanc ou Philippe Noiret. D’autres sont à l’ouest, comme Prévost ou Galabru.  Et il y a Depardieu : On ne sait pas bien ce qu’il fait, il est à la fois génial et embarrassant, pas encore remis de sa prestation de Cyrano, à moins qu’il s’entraîne déjà pour Germinal. Il s’est juste trompé de film. Un Berri ô combien dispensable.

Germinal – Claude Berri – 1993

14. Germinal - Claude Berri - 1993Des mineurs.

   6.5   L’ambition est salutaire. Et on ne peut pas dire que Berri en ait manquée à cette période-là puisqu’après avoir mis en image L’eau des collines, le dyptique de Marcel Pagnol (Jean de Florette & Manon des sources) et avant d’avoir adapté (ce qui restera comme son chef d’œuvre) la vie de Lucie Aubrac pendant la Résistance, il s’engage dans un projet monstre en adaptant Emile Zola. 

     Embauché dans les mines de Montsou, dans le Nord de la France, le jeune Etienne Lantier (Renaud) découvre les conditions de travail épouvantables et la souffrance d’une population misérable et déshéritée. A la suite d’une baisse des salaires décrétée par la Compagnie, sous prétexte de crise économique, Lantier, plein d’idées socialistes, appelle les mécontents à faire la grève et à constituer une caisse de prévoyance.

     C’est une grande fresque sur la lutte ouvrière. Berri alterne assez cruellement la misère sociale de ceux qui vivent dans les maisons délabrés des corons, affrontent la famine et passent leurs journées dans le charbon ; et l’opulence de ces manoirs appartenant aux familles d’entrepreneurs miniers employant au moindre coût des milliers de familles entières de travailleurs.

     Techniquement c’est fort. Avec son budget colossal (pour l’époque) Germinal fut un temps le film le plus cher du cinéma français : On parle de huit mille figurants. La reconstitution est réussie, les costumes sont parfaits. Quant aux conditions de vie dans les corons, on y croit, tout simplement. Par ailleurs le tournage a lieu dans des décors impressionnants et notamment la fosse Arenberg.

     Mais le film manque un peu d’incarnation (les acteurs donnent trop ou pas assez) refusant le souffle lyrique par une écriture trop fonctionnelle et une mise en scène beaucoup trop corsetée, préméditée. J’espérais un truc un peu plus sale et chaotique, un voyage dans l’enfer des mines. Le film est trop académique, mais en tant que film populaire, ça reste toujours préférable à dix mille autres trucs sans intérêt.

Lucie Aubrac – Claude Berri – 1997

s,725-2d0514Amour et résistance.

   8.5   Comme dans mon souvenir, il s’agit sans nul doute du chef d’oeuvre de Claude Berri, pour sa limpidité et son orchestration, la multiplication de séquences quasi muettes, tout en mouvement à l’image de cette ouverture somptueuse de l’attentat du train.

     Le film glisse subtilement de Lui vers Elle, de Raymond vers Lucie, comme le titre le laissait présager. Surtout il construit une idée de la transmission selon un schéma narratif complexe et circulaire d’une grossesse à venir confrontée au départ vers les camps des parents Aubrac.

     C’est une histoire de résistance où les identités sont modifiées : Raymond Aubrac devenant François Vallet quand Jean Moulin (Patrice Chéreau) devient Max ; Tandis que Lucie, pour sauver son homme des griffes de la Gestapo et en l’occurrence de Klaus Barbie, devient Guillaine de Barbentane. C’est le gros du film : le combat d’une femme pour faire évader son mari.

     Certes le récit semble essentiellement s’inspirer du livre de Lucie Aubrac « Ils partiront dans l’ivresse » mais outre son aspect scolaire en apparence c’est bien la mise en scène de Berri qui fait le reste ici, toujours dans la bonne distance, la bonne échelle, la durée de plan adéquate aussi bien dans les scènes de tortures que d’exécutions. C’est une merveille de chaque instant qui combine la passion invulnérable, la progression résistance envers et contre tout ainsi que le mélodrame sublime.

     La double séquence finale ratage/réussite de l’attaque du camion est incroyable de précision et de crescendo dramatique. Il y a aussi celle de l’entrevue des résistants chez un médecin, où le film s’attarde en priorité sur le déplacement des résistants pour se rejoindre : un modèle de construction minutieuse (le funiculaire, notamment) jusque dans l’arrestation de Caluire.

     Il ne s’agit pas de faire un manifeste résistant mais de concilier le geste et le romanesque. Je trouve le film assez irréprochable dans tout ce qu’il entreprend d’autant qu’il ne prétend aucunement être exhaustif et/ou hyper représentatif de la résistance sous Occupation nazie, il raconte un fait comme il aurait aussi pu en raconter un autre.

Sex shop – Claude Berri – 1972

34727264_pÀ poil !

   6.0   Je suis partagé. En un sens je trouve ça prodigieux de folie et d’irrévérence, un film sans équivalent dans le cinéma français, qui même situé en période post soixante-huitarde reste un fort essai libertaire autant qu’un pamphlet contre l’industrie du cinéma tant on peut aisément déplacé le récit du libraire à celui de cinéaste. Là-dessus le film est passionnant, il va loin, très loin, autant dans sa montagne de répliques hallucinantes (« Mon cher Claude, j’ai deux passions dans la vie, la sexualité de groupe et les maisons normandes », « Imaginez un monde normal, où à partir de 12 ans on vous apprendrait à bien faire l’amour et à ne pas être jaloux ; ce serait pas formidable, ça ? Je vous le dis tout de suite : j’aime bien mon métier, je suis dentiste, mais alors je laisse tout tomber je me fais prof ! ») que dans sa manière à gérer une construction volontiers foutraque – Il y a un peu de Fellini là-dedans, c’est réjouissant. Trop sans doute d’ailleurs. On retrouve un peu ce qui rendait bancal Le cinéma de papa : Défilé de mini saynètes assez indigestes au final – La séquence Croisière Love en est le sommet. Ce n’est pourtant pas ce qui m’a le plus gêné. Le gros bémol c’est la représentation de la femme et de la nudité. Berri les fou toutes à poil – C’est juste hallucinant le nombre de scènes où l’on peut voir les personnages féminins dans le plus simple appareil. Sauf qu’elles sont toutes belles, fines et bien gaulées. Ce sont des filles de catalogue. Chattes, culs et nichons investissent tellement le plan qu’on ne peut les considérer là autrement que pour se rincer l’oeil. C’est gênant. Reste que Marielle en partouzard aguerri excessivement doux est monumental et que de voir ce film en tant que comédie populaire (Le film réunit plus d’un million de personnes en salle) ajoute un peu de nostalgie d’une époque à films barrés.

Trésor – Claude Berri & François Dupeyron – 2009

Audiences-TV-Tresor-leader-sur-TF1-gros-carton-pour-xXx-sur-W9Prout.

   0.5   Dans ma rétro Berri je voulais tout de même y placer son dernier film, mais c’est bien comme on me l’avait vendu : Une grosse merde. Et heureusement qu’il y a Chabat pour te faire sortir deux rictus tant le reste est insupportable, énervant, nul. Un gag en continu : Un bulldog anglais qui ronfle et pète pendant que Chabat fait la grimace. C’est tout. Et puis ce que ça raconte du couple est si affligeant, bête et réac. Sans compter que le rôle de la femme est l’un des plus agaçants vus depuis longtemps. Alors en plus quand c’est Mathilde Seigner qui l’incarne je te raconte pas l’angoisse.

Un moment d’égarement – Claude Berri – 1977

un-moment-d-egarement_69293_2Pères et filles.

   7.5   C’est un film de son époque, post Valseuses, pré Max Pécas. Je grossis. Lanoux et Marielle, la quarantaine passée, jouent deux potes de toujours, en vacances sur la côte d’Azur avec leur fille respective, deux adolescentes de dix-sept ans. Il faut déjà dire comment Berri filme Saint-Tropez, parvenant à saisir sa vulgarité et son désoeuvrement sans jamais tomber dans la facilité paillettes et carte postale. Du coup c’est plus intérieur, intime. Ce n’est pas non plus La collectionneuse ni La piscine mais dans la respiration, quelque chose s’en approche. C’est d’abord une ambiance nichons à l’air, crème solaire entre potes, gitanes, chemises blanches et câlins pères/filles. On dort, on nage, on sieste, on danse. Mais c’est un drôle de moment, trop tôt et tard à la fois, où les deux potes n’ont pas conscience des bouleversements, parce que l’un est séparé depuis longtemps et que l’autre est en ménage libre (chacun part en vacances de son côté) qui bat de l’aile (coups de téléphone virulents). C’est léger même si les hommes ruminent leur solitude. C’est aérien même si les découcheries à répétition des filles les cloîtrent dans leurs angoisses. Et puis hop, dans un élan d’excitation confuse, l’un d’eux couche avec la fille de l’autre, laquelle tombe amoureuse de lui. Beau bordel. Lanoux et Marielle sont prodigieux. Déjà parce qu’ils parviennent sans mal à traduire à l’écran les années d’amitié partagées. Ensuite car occupant sans cesse le plan ils pourraient être tenté d’en exagérer mais non, ils tiennent la barque avec beaucoup de retenue et de tendresse et suffisamment intelligemment pour ne pas noyer les deux jeunes rôles féminins. Reste donc un récit bien casse-gueule, parfois gênant, sur l’évolution des moeurs, les maturités soudaines et la libération sexuelle mais traité avec une infinie subtilité.

Le vieil homme et l’enfant – Claude Berri – 1967

Alain Cohen, Michel SimonClaude et Pépé.

   7.0   C’est le premier long métrage de Claude Berri. Semi autobiographique, le film annonce d’emblée la couleur, dans un prologue écrit : C’est l’histoire d’un souvenir, nostalgique et reconnaissant, d’un enfant juif ayant vécu à la campagne – afin d’éviter les rafles – chez un couple de vieux retraités, pétainistes et antisémites, dans laquelle il a du faire profil bas et bon petit catholique. Je craignais que le film joue la carte d’un pseudo suspense pour ne pas se faire démasquer mais non, jamais il ne tombe là-dedans. Il ne fait que poursuivre ce que le titre annonçait : raconter la relation entre cet enfant – plongé dans un monde inconnu – et ce vieil homme (Excellent Michel Simon) vétéran de la grande guerre, qui même campé sur ses positions (Les animaux avant les hommes, en gros) parvient à entretenir un dialogue plein de complicité, très beau, très intime avec le petit garçon. Alain Cohen – Que l’on retrouvera quatre ans plus tard dans Le cinéma de papa – joue Claude, alter ego du cinéaste. Il y est sublime. Je ne suis notamment pas prêt d’oublier ces quinze premières minutes, en famille, d’une justesse absolument bouleversante. Le reste est une chronique quotidienne, sous occupation allemande, guerre invisible dont on entend le déroulé par radio et dont on ressent l’impact au sein de la famille ainsi qu’à l’école. C’est très simple, très beau.

Le poulet – Claude Berri – 1965

00L’ultime souper.

   6.0   Un village à la campagne. Un couple et leur petit garçon de cinq ans se rendent dans une ferme voisine pour y acheter un poulet. Un peu désorienté quand il apprend qu’on mange le poulet mais pas la poule car cette dernière pond des œufs, l’enfant commence au fil des jours à s’attacher à ce pauvre animal au sort jeté, qui se doit de bien manger pour être bien mangé. Lorsque la date du festin est annoncée pour le dimanche à venir, le garçon se lève en pleine nuit, prend un œuf dans le frigo afin de faire en sorte que le poulet devienne poule aux yeux de son père. C’est un beau film sur l’enfance, ses errances et interrogations, qui parvient à saisir des petits moments de simplicité et de grâce, transformant ces petites découvertes et caprices enfantins en grands actes de résistance. Et puis le film a l’élégance de ne jamais tomber dans le niais. Non, les parents ne vont pas vraiment croire que leur poulet s’est transformé en poule. A ce titre la fin est une absolue merveille et annonce subtilement l’ouverture de Le vieil homme et l’enfant.

Le cinéma de papa – Claude Berri – 1971

le-cinema-de-papa_270160_56A l’origine.

   6.0   Au départ, la succession de petites scènes donne un ensemble particulièrement imbuvable. Mais ça se suit. On nage davantage dans un pré Coup du sirocco que dans les miettes de L’enfance nue. Mais ça se suit. Agréablement parce qu’on sent Berri dans la confidence, prêt à s’offrir corps et âme ; il veut d’ailleurs raconter tellement de chose qu’il le fait beaucoup trop vite et se disperse ; ça manque constamment d’incarnation d’autant que les comédiens en font des caisses, enfin surtout les deux zigotos : Claude Berri (se jouant lui-même) et Yves Robert (campant le rôle de son père). Il en reste pas moins un portrait de famille touchant, une belle lettre d’adieu d’un fils à son père. Un père qui sera d’ailleurs mort en réalisant enfin (après s’être longtemps tué à la tâche en tant que fourreur) son rêve caché (Jouer la comédie) quand son fils lui permit de le réaliser. Toute l’oeuvre de Berri à venir (régulièrement traversée par cette vaste thématique père/fils) démarre dans Le cinéma de papa qui fait sans doute d’ailleurs trop « manuel pour le comprendre » que film de cinéma.

Tchao Pantin – Claude Berri – 1983

Une_scene_mythique_dans_la_station_serviceLe fils.

   6.5   Le fait de situer le récit aux instants où Lambert (Coluche) bosse rend légitime l’omniprésence de la nuit. Car c’est un film où il fait nuit, en permanence ou presque. Il pleut aussi beaucoup. Et pourtant, Berri parvient à créer une ambiance, certes moite et pesante, mais sans pour autant charger l’esthétique façon Les nuits fauves, de Collard. Je ne l’avais pas vu depuis une éternité et c’est la première chose qui m’a frappé : C’est un film très sobre dans ses parti pris visuels, naviguant quelque part entre le Neige, de Berto & Roger et le Police, de Pialat. Il lui manque sans doute une vraie identité, une vraie puissance capable de s’affranchir de son interprétation, mais en l’état il y a vraiment de belles choses là-dedans. Après, oui, le film fonctionne aussi beaucoup sur le bagage psy transporté par le pompiste. Comme toujours chez Berri, le thème du père est omniprésent. L’idée assez ostensible ici est qu’évidemment Anconina devienne le spectre de ce garçon qui est parti. Quelque part c’est un beau film sur la renaissance pour mourir, la quête d’une mort concrète, utile, puisqu’on sent vite que Coluche, une fois embringué dans sa démarche vengeresse, ne s’en sortira pas non plus.

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silencio


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