Archives pour la catégorie Claude Lelouch

L’amour c’est mieux que la vie – Claude Lelouch – 2022

09. L'amour c'est mieux que la vie - Claude Lelouch - 2022Flop 50.

   1.0   Je n’ai pas forcément envie de cracher sur Lelouch, d’une part car j’ai vu qu’un quart de sa filmographie, d’autre part car parmi ces films vus j’en aime certains – y en a même un que j’adore – mais franchement j’ai rarement vu un film aussi embarrassant et catastrophique que celui-ci, son cinquantième. Alors oui Lelouch est fasciné par la mort, oui Lelouch aime ses acteurs, oui Lelouch est amoureux de ses propres films, mais il faudrait vraiment être un fan hardcore (et aveugle) pour ne pas se rendre à l’évidence, tant tout y est NUL : photo indigente, montage dégueulasse, casting absurde, écriture honteuse. Le mec a tellement rien à raconter qu’il fou le covid dans chaque scène. Un moment, Ary Abitan (Oui y a cette merde dedans) propose du gel hydroalcoolique. Un moment, Darmon veut réserver une croisière mais on lui dit que c’est impossible à cause de la crise sanitaire. Un moment, Sandrine Bonnaire dit qu’elle en a ras-le-bol des masques. Le film vaut uniquement pour la présence de Robert Hossein (qui meurt juste après le tournage) qui se souvient (lourdement) des Uns et les autres. Pour le reste c’est à peu près aussi gênant à regarder que lorsque Lelouch sortait son smartphone pour filmer ceux qui pleuraient aux funérailles de Johnny.

Un homme et une femme – Claude Lelouch – 1966

10. Un homme et une femme - Claude Lelouch - 1966Naissance d’une passion.

   5.0   Les impressions positives laissées par mes récentes découvertes de La bonne année (1973) et plus récemment encore de Le voyou (1971) – qui par ailleurs le citent allègrement le temps d’une scène, c’est dire la reconnaissance que Lelouch lui porte – m’ont naturellement poussé à revoir Un homme et une femme, réalisé quelques années plus tôt. Son film le plus connu, probablement. Celui qui le révéla, certainement.

     Un succès critique (Palme d’or à Cannes et Oscar du meilleur film étranger) et public (Quatre millions d’entrées, le meilleur score de Lelouch à ce jour) qui surprend d’autant plus aujourd’hui tant on se demande bien quel critique ou quel public serait en mesure de défendre ou d’aimer ça si un tel film sortait maintenant.

     Une script-girl rencontre un coureur automobile. Ils sont tous deux parents uniques et veufs. Elle a perdu son mari, cascadeur, lors d’un accident sur un tournage. Il a perdu sa femme, qui s’est suicidé quand elle a cru le perdre le jour où il fit une sortie de route au Mans. Deux tragédies qui se chevauchent et qui révèleront l’impossibilité de leur histoire d’amour, autant que son inéluctabilité.

     L’idée est bien plus belle que le rendu, malheureusement car ça devrait être terrassant mais Lelouch fait trop joujou pour pas grand-chose, à l’image de cette découverte mutuelle qui se joue au gré de leurs discussions, proposés par flashbacks, en couleur. Et puis cette ritournelle signée Francis Lai c’est pas possible. Reste qu’Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant sont étincelants et forment « un couple » magnifique, habité par leur mélancolie respective. Si le film laisse quelques traces – j’y suis un peu attaché, malgré tout – c’est en grande partie grâce à ces deux-là.

Le voyou – Claude Lelouch – 1970

41. Le voyou - Claude Lelouch - 1970Itinéraire d’un gangster soigné.

   6.5   Un excellent Lelouch. Une sorte de Pulp fiction à la française, avec vingt-cinq années d’avance. L’intensité n’est pas du même calibre, certes, l’humour et la virtuosité non plus, mais il y a cette volonté de jouer avec le montage, de perturber la linéarité de la narration. Ainsi le film inverse la chronologie afin vers la moitié de procéder, via un flash-back invisible, à une plongée cinq ans auparavant. Une histoire de kidnapping organisé un peu raté, qui file jusqu’à l’emprisonnement de Simon, dit Le suisse.

     Mais Le voyou s’ouvre sur son évasion de prison, puis son retrait chez une inconnue qui n’est autre que la jeune femme qu’il embrassa au cinéma dans lequel il se réfugia, pour ne pas se faire repérer. Un cinéma qui projetait une comédie musicale fictive nommée « Le voyou ». Séance préférée à celle de L’aveu, de Gavras, comme si Lelouch choisissait à la fois la fiction et le fantasme. C’est très beau. Et ce d’autant plus que ça enveloppe complètement le film. Mais c’est aussi de ses brèves retrouvailles avec son amie d’antan et leur enfant qu’il n’a pas vu naître, dont il s’agit.  Ainsi que la récupération d’une mystérieuse mallette noire (tiens, tiens…) puis de ses retrouvailles avec son complice qui ravivera cette aventure.

     Si Le voyou, de Lelouch fonctionne si bien c’est en grande partie via la présence de ses immenses comédiens avec au sommet, bien sûr, Jean-Louis Trintignant (Simon, le ravisseur, cynique et séducteur) & Charles Denner (Gallois, le chef d’orchestre déguisé en victime) absolument extraordinaires. Tous deux merveilleusement secondés par deux actrices (au parcours très différent) sensuelles et mystérieuses, que sont Danièle Delorme & Christine Cochet, chacune dans leur style (grave ou léger) et leur partie de récit / temporalité.

Les uns et les autres – Claude Lelouch – 1981

17. Les uns et les autres - Claude Lelouch - 1981Beaux les rots, de Lelouch.

   3.0   Un Lelouch très apprécié de manière générale, Les uns et les autres. Mais ça m’est passé complètement au-dessus. J’imagine que c’est le lot des films de Lelouch, c’est souvent quitte ou double. Ici il se prend à la fois pour Kubrick, Visconti et Cimino. Tranquilou bilou.

     Si son cinéma ne manque pas d’élans ni d’une certaine force visuelle, l’aspect fresque est neurasthénique au possible. Il est donc bien délicat de se souvenir d’un personnage, un seul, dans ce tohu-bohu, véritable bouillie d’images superposées sans aucun liant. Les uns et les autres mise aussi beaucoup sur Michel Legrand. Jusqu’à la nausée. Bref c’est à la fois impressionnant et catastrophique, ample et ridicule, fascinant et chiant. En fait ça représente assez bien ce que je m’étais imaginé du cinéma de Lelouch avant de voir un film de Lelouch. Alors c’est pas Chacun sa vie, puisque la dimension romanesque, aussi ratée soit-elle, en impose, mais on n’est pas si loin, finalement.

      Pourtant il y a ce final, vers lequel tout le film tend, où la dimension chorale est à son paroxysme puisqu’on y retrouve tous les personnages, tous ces acteurs lors d’un concert sur le Trocadero, dans une chorégraphie somptueuse, dansée par Jorge Donn, sur le Boléro de Ravel que Lelouch semble capter dans la continuité en faisant virevolter sa caméra partout. C’est un moment magnifique, ma récompense pour ce gouffre d’ennui qui le précède. Il faut voir le film pour cette fin. Ainsi que pour une scène vers le mi-temps, dans laquelle Jacques Villeret explose complètement face à Francis Huster. Oui, explose. Villeret, oui. C’est peu, mais c’est déjà ça.

      L’essai est donc à saluer pour sa tentative de démesure, mais ça reste un truc imbuvable. J’ai dormi deux fois devant, je l’ai donc lancé trois fois. C’est un chouette film pour une bonne sieste. J’ai oublié de préciser le plus important : ça dure plus de trois heures, cette plaisanterie.

La bonne année – Claude Lelouch – 1973

15. La bonne année - Claude Lelouch - 1973L’amour dérobé.

   8.0   Brillant. Le plus beau film de Lelouch, en ce qui me concerne, sur la dizaine vue à ce jour. C’est une sorte d’état de grâce permanent, miraculeux. Une histoire de vol et une histoire d’amour en symbiose totale, qui se dévorent tour à tour l’une et l’autre, sans jamais vraiment se déliter ni l’une ni l’autre. Parait que Friedkin adore. Et que Kubrick le passait souvent à ses acteurs avant ses tournages. La classe.

     L’ouverture fait pourtant craindre le pire puisque La bonne année s’ouvre sur le final d’Un homme et une femme, sur le quai de gare, recrachée telle quelle. Shabadabada compris. C’était presque éliminatoire d’entrée mais Lelouch se rattrape aussitôt : Générique, le film était en réalité projeté dans une prison où il y est copieusement sifflé. Sur ce, Lino Ventura apparait. On oublie Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, c’est une nouvelle histoire qui démarre.

     Le premier quart d’heure est en noir et blanc. On est en 1973 et Lino écope d’une remise de peine maquillée. On apprendra plus tard qu’on le laissait sortir en espérant qu’il retrouve son complice toujours en fuite. Il ira rejoindre sa bien-aimée mais verra qu’un autre homme a pris sa place. C’est alors que la couleur fait son apparition. On est en 1966 et on comprend qu’on va assister aux préparatifs du casse qui fera très probablement arrêter Lino.

     Lelouch filme ça avec rigueur et minutie. Il prend son temps, on a presque la sensation d’être dans un Melville. Mais il va très vite troquer le dispositif du braquage pour tenter une embardée romantique, entre Lino Ventura et Françoise Fabian (au sommet de sa beauté) qui joue l’antiquaire voisine de la bijouterie visée. Je te vois venir. Tu penses que l’histoire d’amour va contaminer la réussite du casse et condamner Lino. Bah même pas. Si ce n’est que ça humanise le personnage, le détache de son objectif, le rend soudain vulnérable alors qu’il paraissait méthodique, l’idylle n’est pas l’argument du fiasco. Dans le récit tout du moins. Mais elle l’est d’un point de vue théorique : C’est le polar qui perd, l’histoire d’amour qui gagne. On est bien chez Lelouch.

     Obnubilé par le fait de ne pas quitter le bijoutier pendant deux minutes et treize secondes (tandis que son complice file diamants en mains pour San Remo) Lino oublie que les issues de l’établissement se bloquent dès l’instant que le coffre-fort reste ouvert plus de deux minutes. Ça se joue sur rien. Et Lino joue magnifiquement la résignation. Autant que le bijoutier est merveilleux d’opportunisme glaçant, dans un premier temps, de sadisme gêné (un mélange de peur et d’admiration) à l’instant du fiasco de son agresseur. Tous les acteurs sont extraordinaires ici, de toute façon.

     Il y a tout un tas de moments géniaux, à l’image de ce plan (hélico, on suppose) qui suit l’itinéraire des braqueurs en bagnole de la bijouterie au port. Plan d’autant plus beau et osé qu’il met en scène une simple répétition. C’est l’unique scène d’action du film et ce n’est qu’un entrainement. J’adore quand on filme les répétitions de casse dans les films, je m’en rends compte. J’ai un super souvenir du film de Leconte, avec Lanvin et Giraudeau, Les spécialistes, notamment cette scène où ils tentent de passer, en voiture, entre deux bidons pour simuler les étroites cloisons d’une ruelle.

     Il y a plein d’autres trouvailles comme ces cartons faisant défiler les années sur fond noir avec en fond sonore les conversations parloir de Ventura et Fabian. Des ruptures de rythme hyper casse-gueule – Il y a mille façons de sortir du film, mais on ne veut pourtant pas en sortir. Ainsi que de nombreuses versions mentales alternatives de certaines scènes : Belles car Lelouch n’en abuse pas. Il y a aussi ces trois superbes plans de bascule sur l’attente d’un taxi. Ainsi qu’un bouleversant échange de regards final. Et trois dialogues, immenses, merveilleux, quasi hors du récit, entre elle et lui, au restaurant, dans la rue, au lit. Dotés chaque fois de plans à rallonge, comme pour les unir contre tout.

Chacun sa vie – Claude Lelouch – 2017

23. Chacun sa vie - Claude Lelouch - 2017La vie, l’amour, la mort.

   0.5   Je sais ce que t’es en train de penser. Ça fait beaucoup de daubes vues en peu de temps, là. C’est vrai, j’admets. Pour ma défense, j’ai vu tellement de super séries durant ce mois de juillet (Fini : Le bureau des légendes, Better Call Saul ; En cours : Twin Peaks, Mad Men, Fargo) que ça permet de se reposer un peu. Bon là c’était probablement la bouse de trop c’est vrai. C’est hallucinant, je préviens : Tu n’as jamais vu un truc aussi consternant de toute ta vie, vraiment. T’as jamais eu autant envie de vomir sur autant d’acteurs en même temps, même ceux qu’habituellement t’aimes bien. J’en riais tellement ça valait son pesant, mais au bout d’un moment je savais plus trop si je pouvais en rire, à ce stade de frissons de la honte permanents. C’est à te faire réhabiliter le Paris, de Klapisch. Enfin presque. Soyons clairs, au bout de cinq minutes c’est déjà l’enfer, mais je suis allé au bout, pour la forme, en plusieurs fois. Pour te donner une idée du calvaire : Il faut se coltiner Johnny Hallyday qui chante et des sosies de lui qui pullulent ; Liane Foly et Kendji Girac qui chantent aussi à te faire saigner les tympans ; Jean-Marie Bigard qui joue les urgentistes blagueurs sur un hoverboard ; Francis Huster cabotinant au barreau ; Christophe Lambert en accusé qui chouine ; Gérard Darmon qui lèche le vin de sa bouteille de Beaujolais éclatée par terre ; Chantal Ladesou en controleuse fiscale beauf ; Antoine Duléry qui joue le maire, Béatrice Dalle en prostituée, William Lemergye en avocat. Vanessa Demouy qui fait une pipe à Philippe Lellouche et Raphaël Mezrahi. Mais aussi : Mathilde Seigner, Vincent Perez, Michel Leeb, Zinedine Soualem. Bref, que des gens insupportables. Et plein d’autres que tu ne sais pas ce qu’ils font là-dedans. Et il faut voir ce qu’ils jouent. Jamais rien vu d’aussi ridicule. Et puis ce récit choral, sérieusement, on peut encore faire des trucs comme ça aujourd’hui ? J’avais beaucoup de tendresse pour le précédent film de Claude Lelouch, mais là c’est le navet absolu. A ce niveau de « ça dépasse tout ce qu’il est possible d’imaginer » on peut clairement parler de génie. Même Jean-Marie Bigard parvient à caser un spectacle entier dedans, c’est formidable. Note nanar : 10.

Un + Une – Claude Lelouch – 2015

15844254_10154309333572106_3237174272756326767_oElle et Lui.

   6.0   Instinctivement, je ne vais pas trop vers le cinéma de Lelouch. Le dernier que j’ai vu c’était Roman de gare, il y a presque dix ans, donc. Que j’avais trouvé tout à fait correct d’ailleurs, mieux que certains de ses « classiques » (Jamais compris ce qu’on trouvait à Un homme et une femme ou à L’aventure c’est l’aventure) mais je ne suis pas hyper familier de son cinéma. Je ne sais pas pourquoi j’avais envie de voir Un + Une ce jour-là. Je ne serais jamais allé le voir au cinéma mais là chez moi, je me suis dit allons-y. Et je le sentais presque bien. Et j’ai aimé. Je ne sais pas trop pourquoi car y a des parti pris absolument consternants comme souvent chez Lelouch mais il y a un souffle, une alchimie entre les 2, il y a L’Inde, un film dans le film, il y a Christophe Lambert bref il y a quelque chose. Voilà, je suis un peu chamboulé là, d’y trouver dans le film de lui que je redoutais le plus (Carte postale avec Jean Dujardin) la magie insolite que les aficionados relèvent régulièrement chez lui. Certains dialogues sont sans doute trop écrits, c’est vrai. Mais à contrario, ils fonctionnent merveilleusement en osmose avec le tourbillon proposé. Et Dujardin y est exceptionnel. La complicité qu’il y a entre lui et Elsa Zilberstein (Rarement elle a été aussi belle et bien filmée) je trouve que c’est vraiment ce qui fonctionne le mieux dans le film. Avec l’Inde, qui n’est pas filmée comme on a coutume de la voir au cinéma, mais davantage en tant qu’écrin détaché et hors du temps comme Benoit Jacquot l’avait si bien traduit dans son meilleur film, L’intouchable.


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silencio


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