Publié 11 mai 2025
dans Claude Miller
Un enfant pour un autre.
5.5 Après un long séjour New-Yorkais, Betty, romancière à succès, rentre vivre en région parisienne avec Joseph, son fils de 4 ans. Elle héberge pour quelque temps sa mère, Margot, cinglée irresponsable et complètement égocentrique. Un jour, Joseph meurt dans un accident domestique. Pour tenter d’alléger la peine de sa fille, accablée par le chagrin, Margot lui ramène un jour un petit garçon du même âge que celui qu’elle vient de perdre, ramassé à la sortie d’une école… De l’autre côté de la ville, Carole, la mère de l’enfant enlevé, semble vivre ce drame avec une étonnante délivrance.
Alors évidemment on ne va pas lui demander de faire du Robert Altman, mais dommage que le film soit réalisé par Claude Miller, quoi. À l’époque – c’était la grande mode – dans le paysage du film choral, outre atlantique on a Paul Thomas Anderson, Alejandro Gonzalez Inarritu (ses meilleurs films) et Paul Haggis donc Claude Miller, chez nous, c’est un peu rude. Je me prends à rêver de ce qu’en aurait fait aujourd’hui un Stéphane Demoustier, tiens.
Néanmoins c’est évidemment un de ses meilleurs. Déjà, c’est peut-être la première fois que Mathilde Seigner et Nicole Garcia ne m’insupportent pas, dans un film. Sans doute car elles campent des personnages odieux et insupportables, donc ça compense. Le film fait par ailleurs l’objet de trois beaux portraits de femmes abîmées, aux antipodes les unes des autres et organise un passionnant chassé-croisé autour d’elles. Ensuite, le film, bien qu’improbable, trop rocambolesque est bien mené, on sent qu’il adapte un roman de gare mais qu’il le fait avec passion.
Publié 6 avril 2025
dans Claude Miller
Cauchemars en hôpital.
2.5 A l’initiative d’Arte pour sa collection Petites Caméras, Claude Miller réalise La chambre des magiciennes intégralement tourné en caméra numérique. L’idée est donc de filmer le quotidien de Claire, thésarde en anthropologie, sujette aux migraines, qui va être hospitalisée et avoir comme camarades de chambre une jeune femme bavarde, accroc aux jeux télé et ayant perdu l’usage de ses jambes et une vielle sorcière autiste poussant des hurlements la nuit. Il suffit de voir les entretiens avec le premier médecin pour comprendre la tonalité du film, qui se veut burlesque malgré son sujet grave. Ça pourrait être L’hôpital et ses fantômes corrigé par Luc Moullet. Audacieux mélange de comédie grinçante et de film d’épouvante, mais le tout est irregardable. L’image DV est affreuse, évidemment mais c’est surtout l’enchainement de champs-contrechamps en plan serrés sur les visages mal-éclairés qui donne des indigestions, saupoudrés de cartons temporels sans intérêt. Cela étant, quand le film se laisse guider par des visions nocturnes, mélangeant archives sur les Dogons, bébés malades, déambulations somnambuliques et images de jeux télévisés, on comprend qu’on passe à côté de quelque chose d’assez inédit et cauchemardesque.
Publié 17 novembre 2018
dans Claude Miller
Childhood psycho.
4.5 Le livre d’Emmanuel Carrère m’a plutôt marqué quand j’en ai fait la découverte il y a une dizaine d’années. Néanmoins, mon envie de me frotter à son adaptation s’est vite évaporée dès l’instant que j’ai su que Claude Miller était aux commandes et qu’on m’ait confirmé qu’elle était sans intérêt. Un peu comme pour le American psycho, de Bret Easton Ellis, pas certain de vouloir essayer, d’autant que ce sont des bouquins quasi inadaptables. En tombant sur La classe de neige, de Claude Miller, à la médiathèque, j’ai pensé que c’était le moment. D’autant que le bouquin est loin dans ma mémoire, dorénavant. Il y a de belles idées, parfois de doux moments, notamment lorsque le récit réunit Nicolas et Patrick, l’animateur (incarné par l’excellent Yves Verhoeven, j’aime beaucoup cet acteur) et bien entendu des choses très dures, tout dès l’instant que Nicolas se retrouve aux côtés de son père, complètement psychotique, qui n’hésite pas à lui transmettre toutes ses angoisses, en lui racontant des histoires d’enlèvement et de trafic d’organes. Quand le film s’ouvre sur une réunion parents-professeurs avant le départ en classe de neige et que les parents de Nicolas évoquent d’emblée leurs peurs avec l’accident de car de Beaune, on retrouve l’ambiance du roman. Dommage que Miller en rajoute dans la déconstruction. A trop vouloir casser la linéarité, insérer du flashback et des cauchemars, bouiller sans cesse la frontière entre le rêve et la réalité, le film est beaucoup trop lourd et donc moins impressionnant qu’indigeste. Bref, c’est un beau récit sur l’enfance face à la violence du monde des adultes, mais je pense qu’Emmanuel Carrère l’a mieux écrit que Claude Miller l’a filmé.