Publié 5 juin 2023
dans Coline Serreau
L’évangile selon Sainte Coline.
2.0 De La belle verte – que je rêvais de voir – je connaissais la scène de l’automobiliste, incarné par Francis Perrin, séquence devenue aussi culte que « les pieds souvent dans la gueule » de Chuck Norris, disons. Un chef d’œuvre de scène embarrassante dont j’ignorais qu’elle serait pulvérisée par une autre, celle du Danube bleu au Parc des Princes. Un frisson de la honte tel qu’il est rare d’en avoir, vraiment. Et La belle verte en est parsemée, de ces savoureux moments. On va pas tergiverser le film est nullissime, gênant, fabuleux, bref à la hauteur des espoirs que j’avais placé en lui. Un immense naveton qui sous ses fausses allures de comédie hippie est persuadé d’afficher la recette miracle pour sauver la planète, qu’il arbore de sa petite morale neuneu rentrée au chausse pied. Les êtres humains sont donc débiles et le seul moyen de les sauver c’est de les déconnecter, autrement dit leur laver le cerveau, afin qu’ils ne soient plus que de pauvres marionnettes inoffensives (le rôle le plus embarrassant qu’ait eu à camper Lindon, assurément). Bref un truc qui se pense gaucho-écolo mais qui respire le passéisme mi catho mi fasho. Mais le pire (c’est dire le niveau) se joue probablement au niveau de la forme, tant c’est le néant. Une suite de sketchs découpés n’importe comment, montés à l’arrache, interprétés avec le cul (mention spéciale à Serreau elle-même d’ailleurs). C’est irregardable, franchement.

Trois en un.
6.5 Hum. Bon allez je me jette à l’eau : j’ai aimé (pas jeter de cailloux stp). Tout d’abord il faut situer le film dans ce qu’il représente pour moi, car je le regardais beaucoup étant petit, je me souviens que j’étais très ému par ce film. Je pensais détester aujourd’hui ne l’ayant pas revu depuis peut-être quinze ans. Et bien pas du tout ! Je le trouve toujours aussi attachant. Bien sûr en terme de mise en scène laissons tomber, c’est du Serreau de toute façon donc on est prévenu. Quoique je ne trouve pas que la réalisation à l’intérieur de l’appartement soit ratée, il y a vraiment des choses intéressantes dans la manière de filmer chaque pièce suivant le personnage et le salon comme un no man’s land. Dès qu’elle en sort c’est là que ça se gâte. Au-delà de ça je trouve les dialogues enlevés, les situations savoureuses même si on aurait aisément pu se passer de quelques aberrations, bien entendu. Mais surtout je trouve que le film est beau sur ce qu’il raconte de la transformation des personnages et leur fierté personnelle à ne pas s’avouer leurs faiblesses. Ce qui me surprend le plus c’est de le voir se jouer admirablement du stéréotype homme/femme et toute proportion gardée ça m’a rappelé Kramer vs Kramer (dans mon panthéon personnel) puisqu’il y a 3 hommes mais on pourrait dire qu’il n’y en a qu’un, aux personnalités multiples. D’ailleurs, la mère s’efface dans les deux cas à la fin, consciente que son enfant est entre de bonnes mains. On peut le voir comme une version bouffonne et couche culotte du film de Robert Benton mais je trouve que outre quelques ratés ci et là (le sachet de came par exemple) le film grimpe vraiment bien émotionnellement. Surprise donc, comme il y a longtemps, ça m’a ému.