Crazy market.
6.5 Traduction littérale : Fête des saucisses. On est prévenu, ceci est un dessin animé qui n’est SURTOUT pas destiné aux enfants. Il a même choqué certains grands dont une assemblée de débiles catholico-régressistes qui voulait lui retirer son visa.
Est-ce que ça fait de Sausage party un bon film ? Un indispensable ? Evidemment que non, d’autant que l’ensemble est aussi exténuant qu’indigeste. Mais c’est une belle curiosité, pour qui est un tant soit peu attaché à la néo-comédie américaine (Et son chef de rampe, Apatow) et tout particulièrement aux trublions qui prêtent leurs voix aux personnages : Seth Rogen (Franck, la saucisse qui veut fourrer un petit pain), Kristen Wiig (Brenda, le petit pain qui rêve de se faire enfiler par une saucisse), Michael Cera (Barry, la saucisse atrophiée, naine et rondouillarde, vrai héros du film), James Franco (L’humain junkie), Danny McBride (Moutarde au miel, le trouble-fête), Bill Hader, Jonah Hill, Paul Rudd. Bref, toute la bande. Enfin, tous ceux qui affrontaient déjà la fin du monde version stoner movie dans This is the end, déjà écrit par Evan Goldberg & Seth Rogen. Même Iris Apatow, la fille cadette du grand manitou, fera la voix des bonbons aux mûres. Ajoutez Salma Hayek et Edward Norton, qui jouent respectivement Teresa, le taco et Sammy, le bagel. Sympathique brochette.
Quant au langage de la troupe, il est le même que d’habitude, bien gras, bien déviant, bien lourd, bien drôle aussi, souvent. Mais ça va plus loin encore puisqu’ils peuvent dorénavant y mettre des images.
Violentes : Moutarde, revenu d’entre les dieux, préfèrera s’extirper d’un caddie pour s’éclater au sol ; Une patate est pelée vive, une tomate tranchée nette, des knacki (« They are eating CHILDREN! Fucking CHILDREN! ») croquées goulument ; Une chute de caddie prend la tournure d’une immense scène de guerre façon Omaha beach dans Saving private Ryan.
Sexuelles : Lavash, la pita musulmane et Sammy, le bagel juif, réalisant qu’ils ont été menés en bateau par leurs croyances, finiront par s’unir physiquement ; Teresa, Franck et Brenda se laisseront séduire par un plan à trois. Auparavant, dans une sombre ruelle, Barry sera tombé sur un préservatif usagé s’époumonant.
Les deux : Une poire à lavement (Le grand méchant du film) violera une brique de jus d’orange ; Un pot de guacamole se prendra un coup dans les roustons et s’exclamera : « Right in my guac and balls! »
Et toutes les références habituelles qui vont avec. D’hénaurmes clins d’œil à Ratatouille et T2 – Le chewing-gum T1000, magnifique. Un autre au final de Shutter Island : “It’s better to die a free candy than to live in bondage” criera le popcorn. Une autre à Top gun. Parfois même des autoréférences, ici une réplique de Superbad, là Rogen qui tousse sa fumée comme il la toussait dans Délire express.
Sausage party est un film aussi léger que du plomb. Un délire de sales gosses. Un défilé de jeux de mots, grossièreté et trashitude comme rarement on avait pu le voir. De mauvais goût assumé quatre-vingt-dix minutes durant. Non-stop comme sa triple aventure qui converge dans un final incroyable.
Il faut donc être dans de bonnes dispositions. C’est encore plus con que The Interview, ça reste une idée germée dans le cerveau d’un mec défoncé (Et la scène des sels de bains ne fait que raconter ça) qui a dû grandir pour accoucher en feu d’artifice. Rien de plus et tant mieux : ça ne va ni me donner envie de remanger de la viande ni me conforter dans mon désir ne plus en manger, en gros. Sauf que c’est plus intelligent à l’échelle des fondamentaux, c’est clairement un objet amoral érigé contre la société de consommation, une farce athée et pansexuelle qui envoie bouler toutes les religions, rejoue le conflit israélo-palestinien et autres discours homophobes, pour finalement dire que les dieux sont dans nos têtes et qu’ils peuvent être tués, que l’éventualité du paradis est là, sous nos yeux. Et que c’est une immense partouze. Et tout cela un 4 juillet.