Archives pour la catégorie Coralie Fargeat

The substance – Coralie Fargeat – 2024

18. The substance - Coralie Fargeat - 2024La valse des étoiles.

   6.0   J’ai beaucoup souffert durant la séance. Beaucoup trop de grosses aiguilles déjà. Et de corps difformes. Et de bouffe dégueulasse : on venait de manger, c’était terrible. Souffert aussi avec sa forme, qui ne m’a pas toujours convaincu, notamment dans sa première moitié. Mais j’ai aussi été galvanisé par le film, son jusqu’au-boutisme, Demi Moore, sa plongée horrifique, son bis crasseux tellement assumé que scénaristiquement c’est absolument catastrophique (le prix du scénario cannois = grosse blague) et ses références en rafale, bien sûr. Mais en sortant de la salle, je savais vraiment pas si j’aimais le film. Aujourd’hui je sais toujours pas. Je n’ai pas vraiment envie de le revoir et dans le même temps j’adore le geste, beau prolongement du précédent film de Fargeat, Revenge, que j’aime à peu près pareil. Voilà, je trouve quand même que c’est un peu trop le Mulholland Drive de l’étudiant en cinéma et le Cronenberg pour les Nuls. Et en même temps le film va loin, tellement loin que je pense aussi bien à La Mouche qu’à Alien, à Carrie qu’à Basket case et c’est pas tous les jours qu’on peut ressentir ça. Je suis content de l’avoir vu.

Revenge – Coralie Fargeat – 2018

03. Revenge - Coralie Fargeat - 2018Arroseur arrosé nu.

   6.0   La presse a tendance à ranger Revenge dans le même panier gore que Grave, dans ce qu’on pourrait réduire à « Récents films d’horreur français, réalisés par de jeunes françaises ». En fait, les deux films sont très différents voire opposés dans leur conception. Grave est un film d’école qui casse brillamment les codes des films d’école. Revenge est un rape & revenge dans la tradition du genre, donc une pure série B aux éclats Z inspirée du slasher américain mais fait dans un moule français, plus minimal, tournée dans un désert marocain. Un truc bien badass (avec quelques saillies de mauvais goût vraiment délectables) et ouvertement féministe pour ne pas dire pile à l’heure en ces temps de # metoo et autres # balancetonporc. A ce titre, on constatera que si l’on voit beaucoup le joli cul de la demoiselle (Matilda Lutz, très mignonne et plutôt très investie, on se souviendra d’elle) on le voit pas plus que le joli cul du garçon (Kevin Janssens, croisé dans Les Ardennes) qui crèvera même littéralement à poil. C’est pas grand-chose mais ça fait toute la différence.

     Après il faut aussi dire que le film ne s’embarrasse pas de la vraisemblance. Ça m’a d’abord un peu troublé mais étant donné la brutalité de la scène pivot, j’ai fini par accepter le deal. C’est donc l’histoire d’une jeune bimbo violée qui se venge en guerrière, comme revenue d’entre les morts, rappelant aussi bien la transformation de Jenny dans Eden Lake que celle de Sarah dans The Descent. Tout n’est certes pas réussi, mais ce qui n’est pas réussi participe à ancrer le film dans le Z : Le jeu pour le moins approximatif des acteurs (enfin notamment les deux potes) ; des dialogues franchement pas bons ; des instants franchement en roue libre niveau choix mise en scénique, à l’image de son quadruple réveil dans la caverne ; des macros inutiles sur des pommes, des gouttes de sang et des fourmis ; une construction pas toujours judicieuse – On voit trop chacun d’eux, on préfèrerait ne voir qu’elle, et le jeu sur les hors-champ n’est pas des plus subtils. Mais au-delà de ça c’est un plaisir régressif et pop relativement enthousiasmant, déjà parce que le désert y tient une place importante, très graphique et parce que le gore y est restitué dans toute sa générosité et de façon crescendo. Difficile de faire plus beau bain de sang que celui offert lors de l’extraordinaire affrontement circulaire final dans la villa.


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silencio


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