Archives pour la catégorie Damien Leone

Terrifier 3 – Damien Leone – 2024

29. Terrifier 3 - Damien Leone - 2024Artisan boucher.

   5.5   La séquence introductive (pure marotte de slasher) est exceptionnelle. On ouvre sur une fillette venue réveiller ses parents après avoir fait un cauchemar. On ferme sur Art le clown tueur, dévorant les cookies laissés dans la cuisine pour le père noël. Entre ces deux pôles, une boucherie d’une brutalité sans nom, jouant malicieusement avec le hors champ et une démarche clairement frontale. Gosses ou pas, on sait que le film ne reculera devant rien.

     En effet, la grande particularité de Terrifier, troisième volet du nom est qu’il a écopé d’un « unrated » aux US et d’une « interdiction aux moins de 18 ans » chez nous (ce qui n’était pas arrivé à un film horrifique depuis Saw III) : pas cool pour sa distribution mais c’est aussi ce qui lui garanti une curiosité un peu malsaine et les chiffres sont clairement de son côté, apparemment.

     On retrouve une mécanique de film d’horreur avec une final girl (et son frangin, ici) rescapée d’un épisode précédent, qui se retrouve hantée, avec toute sa famille par le retour du bogeyman, dédoublé puisqu’il est accompagné d’une ancienne victime tout aussi cinglée. On y retrouve tous les fondamentaux du slasher et du gore. Avec de purs éclats de sidération, des interstices géniaux et malades (jusque dans cette apparition de Tom Savini) héritées d’un Bava, d’un Romero ou d’un Fulci. On est en terrain connu, bis et galvanisant.

     Son antagoniste est toujours aussi sadique. Jusque dans ses mimiques, puisque faut-il le rappeler, ce clown est muet. En revanche il arbore un sourire avec dents pourries permanent. Une mixture improbable de Charlot, Joker, Myers et Freddy. Qui se moque des cris de douleurs de ses victimes quand il les trucide brutalement. Art avait pourtant été décapité ; il semble ici ressuscité d’entre les morts.

     Le film est généreux sitôt qu’il arpente le terrain de la violence pure. Dès qu’il ralentit, se repose, c’est déjà plus compliqué. D’une part car c’est affreusement mal écrit, d’autre part car c’est très mal joué : Les scènes de transition sont atroces, les dialogues écrits par des teubés. C’est beaucoup trop long de toute façon. On a envie de tout condenser en 1h20.

     Toujours étant qu’on en a pour notre argent sitôt qu’on soit venu pour les effusions de sang, de corps atrophiés, de membres déchirés, de mises à mort toutes les plus dégueulasses les unes que les autres. A tel point qu’on en vient à tenter de répertorier les moments qui ont pu lui couter son interdiction aux moins de dix-huit ans : L’explosion au supermarché ? La douche ? Le bout de verre ? Le dépeçage de visage ? Le carnage final (qui peut rappeler celui de Massacre à la tronçonneuse) ?

     C’est un film d’artisan. Un film bricolé aux effets spéciaux à l’ancienne. C’est l’anti-elevated horror en somme et rien que pour cela cette franchise me séduit. C’est bête à manger du foin mais assumé comme tel. Et doublé ici de cette étiquète « film de noël » qui lui confère à mon sens une dimension plus carnavalesque et granguignolesque encore.

     Artisan comme le personnage, qui fabrique ses armes, passe de l’une à l’autre, esquisse tel un peintre qui navigue d’un pinceau à l’autre. Un vrai punk qui hésite entre le simple couteau et la masse, en passant par un marteau, une tronçonneuse, une hache, de l’azote, un flingue, une bombe ou des intestins. Tout y passe. Il peaufine son art, qu’importe l’instrument, comme lorsqu’il éventre un personnage puis l’accroche au mur, viscères qui pendent.  C’est son tableau. Dans lequel il enfouira la gueule de la final girl. Et ce sont les boyaux de son père. C’est du no limit.

     Dommage que Damien Leone se sente obligé de broder une mythologie sans intérêt. L’idée qu’il faille expliquer les retours des uns et la présence des autres ne produit absolument rien. Ça devrait être entièrement abstrait, Terrifier. Le premier opus exploitait cela très bien, avec ses faibles moyens. Peut-être le quatrième volet (déjà en projet) saura renouer entièrement avec ce plaisir régressif là, mais j’en doute, tant les budgets sont chaque fois exponentiels.

Terrifier 2 – Damien Leone – 2023

40. Terrifier 2 - Damien Leone - 2023Art de mourir.

   5.5   On avait découvert Art l’effroyable clown dans un premier Terrifier volontiers Z, boucherie bricolée dans un hangar, avouons-le, assez galvanisante.

     Art le clown c’est donc un clown tueur, mais un boogeyman pas vraiment comme les autres, une créature sans passé, sans douleur, entièrement muette, un serial killer psychopathe, démon trivial (un type masqué qui tue et se fend la gueule en silence) qui ne fait pas de détail si ce n’est pour détailler la viande de ses victimes. Oui, la franchise Terrifier est archi gore, c’est sa grande force. Je dis franchise, oui, le troisième volet sort cette année…

     Terrifier 2 devrait être un bis comme il en sort des tonnes en vod ou jadis en dtv ou jadis plus loin quand on appelait ça des films de vidéo club, mais Terrifier 2 a la particularité d’être sorti en salle. Un pur slasher, fauché, d’une durée absurde de 2h20 (!!!), tourné en financement participatif (un crowdfunding qui récolta ainsi huit fois celui glané par le premier opus) qui sort en salle sur une centaine de copies. En France, j’entends (où il fera 70.000 entrées) mais aux États-Unis c’était plus dingue encore puisqu’en cinq semaines il avait récolté cinquante fois son budget, faisant de lui le film le plus rentable en 2022 outre Atlantique. Un film attraction, bien entendu, basé entre autres sur la fameuse légende des malaises dans la salle.

      Bon tout ça c’est bien joli, mais le film il est ce qu’il est aussi. Généreux, évidemment. Mais aussi, beaucoup, beaucoup trop long. Reste qu’en terme de sang et de mises à mort, on en a pour notre argent, c’est sûr.

     Ma grande limite avec lui c’est qu’au-delà de son dispositif fascinant et parfois sa volonté de ne pas trop s’attacher au scénario mais bien plus à sa force visuelle, et au malaise de la durée (ce prologue à rallonge, tout en sous-couches, cet interminable rêve) le film, cette suite, se pose un poil trop en post Scream, dans la mesure où tous les personnages semblent avoir conscientisé et iconisé le boogeyman ambiant.

     C’est pas bien grave en soi, mais je pense que le film est meilleur sitôt que ses (très mauvais) acteurs se taisent, et que le film (mal écrit) ne raconte rien. Il y a vraiment des trouées graphiques très belles dedans, à la Fulci ou Bava. Ça me suffisait. Sans surprise, j’ai hâte de voir le suivant.

Terrifier – Damien Leone – 2016

01. Terrifier - Damien Leone - 2016En présence d’un clown.

   6.5   Pile le slasher bis low cost que je souhaitais voir. Bricolé avec rien, Terrifier met en priorité l’accent sur son boogeyman (un clown glaçant qui torture gratuitement ses victimes. Point), ainsi que sur sa générosité en hémoglobine, ses scènes franchement gores (on y découpe à la scie un personnage par l’entrejambe jusqu’au crâne, notamment) et sur son atmosphère de hangar glauque. On pourra toujours regretter, pour certain, un manque de récit ou d’acteurs professionnels (Cela dit j’aime bien le petit côté Neve Campbell de l’actrice principale… qui ne sera pas du tout la final girl par ailleurs), pour d’autres, dont je fais partie, que l’ambiance sonore soit à ce point oubliée, remplacée par une musique (certes très réussie) lorgnant sur le Disasterpiece de It follows. Alors oui, de ne pas avoir vu un film en quinze jours m’a sans doute permis d’être indulgent, car simplement ravi d’en revoir un. Mais j’ose penser que Terrifier a réussi son coup. Et qu’il ne tente pas de me raconter grand-chose en fait partie : au secours les scénarios, au secours l’absolue cohérence, au secours l’elevated horror de manière générale. Qu’il est bon de revoir un bis old school, soigné (Si c’est du Z, il est beau) et archi simple, un truc fauché (budget de 30.000 dollars) mais un truc sale qui respire le sale (ce hangar est magnifique, déjà), avec des prothèses super bien fichues, des plans, du rythme, un vrai méchant, Art le clown, terrifiant. Et ça tombe bien car c’était annoncé dans le titre. Reste à savoir si la promesse d’antagoniste emblématique tiendra dans la suite, qui s’étire sur une heure de plus semble t-il et c’est peut-être ça le plus terrifiant.


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