Quoi, Bagel ?
3.0 Alors c’est donc ceci le grand gagnant des Oscars, l’ovni loufoque de l’année, fait de bric et de broc, le film phénomène complètement délirant, jubilatoire ? Au secours.
Je note qu’on entend beaucoup dire que le film est une anomalie, un truc indépendant fait par deux potes de trente-cinq ans qu’on appelle les Daniels (et non les Dardenne), parce qu’ils ont tous deux le même prénom, mais qui jusqu’ici étaient inconnus au bataillon quasi pour tout le monde excepté chez les clippeurs. Je note qu’on entend moins parler du fait que le film est produit par les frères Russo, poids lourds d’Hollywood, responsables de nombreuses adaptations Marvel. C’est pas fauché non plus, quoi, faut pas déconner. Fun fact toute chaude : les réas vont s’occuper du prochain Star Wars. Cqfd.
Bon, que dire du film ? C’est l’enfer. De presque A (j’aime assez les dix premières minutes dans la laverie) jusqu’à Z (deux heures de sauts d’un univers parallèle à l’autre… c’était cuit dès le second pour moi). C’est un mélange de kung-fu comédie, mélo familial et actionner post moderne, qui se rêve en nouveau Matrix. Des Wachowski, disons que ça ressemble plutôt à Cloud Atlas. Sous LSD.
C’est l’histoire d’une femme et mère de famille, un peu à bout, un peu coincée entre un contrôle fiscal, un mariage qui bat de l’aile et une ado à gérer. Du jour au lendemain elle se retrouve embringuée dans des univers parallèles où chaque fois elle serait « elle » mais autrement que la pire version d’elle même qu’elle est dans « le vrai monde ».
En résulte un gloubi-boulga informe un peu comme si on était bourré en train de swiper le mauvais enchaînement d’algorithmes du fil d’actualité facebook. Il y a quelques trucs rigolos, c’est vrai, comme le geste déclencheur systématiquement différent et complètement improbable pour entrer dans un metavers. Mais bon, c’est léger. Ce d’autant plus que c’est pas si fou, pas si irrévérencieux qu’on le dit. Il y a de l’énergie oui, mais c’est un cache misère. Afin que ça ressemble juste à la version cancre du Multiverse of madness de Raimi.
C’est interminable, boursouflé, laid, hystérique. Plein de trouvailles randoms répétées jusqu’à plus soif. L’indigestion. On saute d’un monde à l’autre sans comprendre ce qui se joue : la plupart de ces univers ne sont que de simples vignettes inexploitées. Un concept tout à fait dans l’ère du temps in fine : une bête histoire de multivers, un humour gras et des clins d’œil partout pour faire du pied aux « cinéphiles de l’académie » allant de 2001 à Ratatouille, en passant par In the mood for love. Si c’est pas pour rameuter tout le monde…