La chasse.
6.5 Ai-je vraiment envie de voir un nouveau Predator en 2022 ? Pas vraiment mais j’ai un avantage : je n’ai pas vu les précédentes suites. Pour moi, Predator, c’est le film de McTiernan, point. L’intérêt n’était donc pas la franchise et encore moins le fait que le film soit distribué par Disney (au secours !) mais qu’aux commandes se trouve Dan Trachtenberg à qui l’on doit la suite de l’excellent Cloverfield : Le réussi Ten Cloverfield Lane. Réussi en grande partie car c’était une fausse suite, qui n’avait pour ainsi dire rien à voir avec le film de Matt Reeves. Au huis clos dans un bunker dans l’un répond un huis clos à ciel ouvert dans une forêt dans l’autre. Et c’est ce qui fonctionne bien dans Prey à savoir tout ce qui ne cherche aucunement à ressembler à Predator. Dommage que le film ne soit pas plus radical en fin de compte. Mais j’aime l’idée d’un récit se déroulant en 1719, dans une tribu Comanche. On y suit une fille qui tente de devenir une guerrière aussi bien sinon mieux que les guerriers de son clan. C’est dans l’ère du temps mais ça fonctionne. Pour se faire elle doit montrer qu’elle est capable de chasser et la voilà armée de son tomahawk en quête d’un puma récalcitrant avant qu’elle ne tombe sur un ours puis sur une menace bien plus dingue encore. Le film aurait gagné à ne montrer que son point de vue, à nous faire découvrir la créature au même moment qu’elle le découvre. Au lieu de ça, le film aligne, en parallèle, de brèves scènes où on le voit déjà à l’œuvre, investir la forêt. Ce n’est pas bien grave mais ça brise quelque chose, l’effet de surprise par exemple, en créant une montée en tension un peu factice et verrouillée. La suite n’en sera pas moins efficace, soit un face à face alignant les codes du survival, tout en profitant pleinement de l’espace, de la forêt, de jour puis de nuit – comme dans le premier Predator, les éléments sont très bien utilisés, la boue notamment. À noter que le film est très beau, dans ses couleurs, sa lumière, le design même de la créature. Dans les regrets, outre l’apparition trop rapide de la créature (et dire que Trachtenberg aurait voulu jouer là-dessus et ne même pas l’intégrer dans la promotion du film) il y a la langue : Pourquoi faut-il que les Comanches parlent anglais ? Ce sont des détails d’autant que le film est peu bavard et tire vraiment parti de son décor et du son (si flippant) de sa créature, mais quand même, ça me gêne.