Archives pour la catégorie Darren Aronofsky

The whale – Darren Aronofsky – 2023

19. The whale - Darren Aronofsky - 2023Sauvez Charlie.

   4.0   Une semaine dans la vie de Charlie, professeur assurant ses cours à distance, dans son canapé tandis qu’il est atteint d’obésité morbide. Une semaine ou plutôt sa dernière semaine (C’est le Last days, d’Aronofsky) durant laquelle il va, entre autres, tenter de se reconnecter avec sa fille, qu’il a jadis plus ou moins abandonnée, quand il a fui le foyer pour vivre sa petite romance avec l’un de ses étudiants.

     Trouvé ça nul, comme prévu, mais moins nul que prévu : Aronofsky tente de faire exister les lieux, enfin le lieu, ainsi que la temporalité. Ce n’est ni réussi ni passionnant mais le parti pris du huis clos ne fait pourtant pas trop théâtre – c’est d’ailleurs l’adaptation d’une pièce. La caméra bouge beaucoup. Elle tourne. Il y a du plan large, du plan serré. Du hors champ. Et je l’ai trouvé plutôt sobre dans sa façon de capter cet appartement, dans la lumière aussi, et l’utilisation de la musique. Y a qu’à la fin où il cède à une grandiloquence un peu attendue : Attention mon personnage va mourir !

     Le vrai problème c’est son obèse dans chaque plan. Je ne vois pas un obèse mais en permanence l’acteur nul de La Momie avec des prothèses qui donne tout pour choper un Oscar. Fraser (ou ce qu’il en reste) je peux pas. J’ai l’impression de voir une marionnette, de voir jouer E.T. quand il est tout blanc à la fin. Même quand il pleure, je vois une prothèse qui pleure. La mise en scène a beau être relativement sobre (pour du Aronosfsy) or la sobriété est dilapidée par un effet spécial monstrueux, cette espèce de costume gigantesque et pathétique qui enveloppe Brendan Fraser.

     C’est aussi un ratage sur la solitude, la douleur de la solitude. Car le personnage est un être seul, déchiré, inconsolable et pourtant on ne le voit jamais seul, durant sa dernière semaine. On voit tous ces moments où l’extérieur s’impose chez lui, qu’il s’agisse de son amie ou de sa fille, du livreur ou du missionnaire. Et si la souffrance est inhérente au cinéma d’Aronofsky, la dimension théorique prend vite le pas sur l’incarnation.

     Film-concept et film-souffrance, toujours. Il a toujours eu un rapport très ambigu à la foi. En somme c’est le même film que The wrestler, mais en raté. En grande partie à cause d’Aronofsky, qui s’enferme complètement dans son dispositif, se fait lourd quand il évoque Moby Dick ou simplement avec l’extrême méchanceté de la fille. Mais aussi à cause de son interprète principal. The wrestler tenait beaucoup sur Mickey Rourke, c’était très beau. The whale tient sur Brendan Fraser. Le come-back (de l’acteur) cette fois, ne m’intéresse pas.

The wrestler – Darren Aronofsky – 2009

the-wrestlerPassion.

   8.5   Janvier 2014 : Encore un film que je revoyais. Je ne l’avais cependant pas revu depuis sa sortie, je me souviens que j’y étais allé deux fois. La claque avait été forte puisque j’y allais sans conviction étant donné que ce n’était pas un cinéaste que je portais dans mon cœur. Confirmation que c’est un très beau film, sur un rescapé vieillissant en pleine crucifixion. Aronofsky trouve le ton juste alors que tout cela pourrait être gros et empesé. J’aime tout. Toutes les entrevues avec cette strip-teaseuse dans une situation similaire à celle de Randy, la retrouvaille avec l’enfant déçue, les scènes de boulot comme autant de montée sur le ring sans le souffle de l’adrénaline.

     Février 2009 : The wrestler parle du come-back post déclin, il se situe donc à deux niveaux puisqu’il évoque celui de Randy the Ram, catcheur mondialement connu, et celui de Mickey Rourke lui-même. Mais pas seulement. Il y a comme une gravité, un sentiment d’effroi qui traverse chaque minute du film, cette odeur de mort qui ne fait qu’attiser les regrets et installer les inquiétudes. Cela se traduit par une échéance, un combat d’anniversaire que tout le milieu attend, mais aussi par un accident grave qui n’engendre que deux possibilités extrêmes : vivre avec ceux que l’on aime ou ce que l’on aime.

     Dès les premiers instants du film on sent d’emblée cette opposition. Elle est liée au temps. Un générique rock’n’roll montrant des images (mortes) d’un combat de catch commenté tel un direct. On a l’impression de vivre ce combat puis pas du tout. Plan fixe en longue focale où l’on découvre ce même Randy, vingt ans plus tard, assis au fond d’une pièce, de dos, se préparant à un nouveau combat. C’est l’effervescence face au silence. Le corps mort de l’image qui prend vie grâce à une voix face au corps en vie que ce silence a rendu mort. Ce n’est que les premières minutes, donc Randy, et forcément Mickey Rourke auront le temps de reprendre vie par la suite, mais le ton est donné. Ce ne sera ni un film sur le catch, ni un film sur un éventuel retour. C’est un film qui parlera de passion. D’amour de ce qui nous le rend.

     Il y a une épure dans le film d’Aronofsky que je trouve passionnante. Car c’est aussi un film sur la solitude. Être passionné c’est aussi savoir être seul non ? J’aime cette faculté de parler d’un type dont la vie est rythmée par le catch. C’est un homme qui n’a probablement pas la patience d’attendre de recevoir l’amour qu’il donne. Le catch lui rend instantanément, sur le ring. Il prend plaisir à mettre des coups et en prendre, envoyer dans les cordes et finir sur son coup du bélier fétiche aussi parce qu’il y a la foule autour de lui, cette effervescence, ce bruit, cette vie en continu. Dans la vie il se posera un problème, par exemple lorsqu’il tentera de revoir sa fille post accident. Il va se heurter face au mur. Résister comme il sait si bien faire, puis rendra les armes. C’est ce choix qui sera difficile à la toute fin du film. Vivre avec ceux que l’on aime mais qui ne le rendent pas, là où l’on vivra tout en se compromettant. Ou vivre pour ce que l’on aime et qui le rend bien, là où l’on aura la tête haute mais où l’on mourra.

     Randy n’est pas un homme qui fait des compromis. C’est quelqu’un de patient (le face-à-face avec sa fille, son calme au travail…) mais avec trop de fierté pour se tenir rangé. Il est prêt à tout laisser tomber pour Pam (Cassidy, sa strip-teaseuse habituelle dont il semble amouraché) ou sa fille parce que c’est un amour qu’il recherche ou peut-être tout simplement parce qu’il ne le connaît pas, c’est un homme seul, éternellement seul. Puis dès que quelque chose perturbe son avancé (l’oubli du rendez-vous avec sa fille, le holà de Pam qui ne préfère pas s’engager, un homme qui le reconnaît au supermarché) il s’effondre. D’où le yo-yo par la suite où Randy annule ses combats les uns après les autres avant de revenir sur ses décisions. Je dis qu’il s’effondre par ce que quelque part c’est triste, il choisit de mourir. Puis il y a ces dernières minutes, qui montre un homme serein, pour une fois loin de ses envies pulsionnelles. Il dira qu’il se sent mourir à l’extérieur. Il dira qu’il se sentira en vie sur le ring. Et même si c’est au prix fort qu’on le paye, le choix lui paraît si simple désormais.

     Un mot sur le travail du cinéaste, que je trouve absolument prodigieux, tout particulièrement dans les reconstitutions d’ambiance. Une caméra qui ne fait que suivre ses personnages, se met à leur niveau, comme dans un jeu vidéo. Un réalisme presque documentaire dans les vestiaires, dans cette façon de filmer des discussions. Un tempo impressionnant dans toutes les scènes sur le ring. La reconstitution du catch, l’envers de son décor. Ce (faux)sport violent mais calculé. Parfois même extrêmement violent, comme le combat avec l’agrafeur. Aronofsky m’a donné l’impression d’être moi aussi au milieu de cette foule. Et à côté de ça il a su se faire très tendre lorsque l’on sort du catch. Par moment il se laisse aller à quelques grossièretés (gros plan surprenant sur le pontage, larmes superflues) mais on lui pardonne sans problème tant c’est infime comparé à la beauté du reste. Et à d’autres moments il adopte un parti pris intéressant en optant pour le parallèle passion/profession. J’ai adoré voir Randy marcher dans les couloirs de ce supermarché comme il marcherait dans les couloirs d’une salle de catch, attendre au rideau transparent comme il attendrait derrière le rideau noir, entrer et entendre les cris se substituer au silence.

     Aronofsky nous offre deux derniers regards magnifiques à la toute fin du film. Pam qui voit Randy monter sur le ring, recevoir son premier coup, le regarde une dernière fois et le laisse. Elle ne le regarde pas comme quelqu’un qui le jugerait, pas comme quelqu’un qui condamnerait ce choix suicidaire mais comme quelqu’un de triste qui comprend qu’elle ne pourra jamais lui offrir mieux que ce qu’il a autour de lui à cet instant. Et celui de Randy qui jette un œil furtif où se trouvait Pam, juste avant d’effectuer son dernier saut. Un regard plein de peur mais un regard certain, qui en ne croisant pas le sien prendra davantage confiance. Probablement ce qui pouvait lui arriver de meilleur.

Black swan – Darren Aronofsky – 2011

Black swan - Darren Aronofsky - 2011 dans Darren Aronofsky black-swan-560x332

Let’s dance !    

   7.0   The wrestler n’était donc pas un simple accident. Aronofsky y retrouve ici la même puissance, plus exacerbée encore, moins grandiloquente que ses trois premiers films. Les trips hallucinatoires, films mentaux ou fables kitchissimes ont laissé place à quelque chose de flamboyant, moins reposé sur des partis pris de mise en scène dégueulasses mais sur une certaine idée de la performance, du personnage corps, qu’Aronofsky scrute davantage, observe, accompagne, des personnages qui ne sont plus antipathiques, des personnages bouleversants. C’était Mickey Rourke il y a deux ans, en ancien champion de catch sur le retour qui devait se battre contre son cœur. C’est cette fois Natalie Portman, qui incarne une jeune danseuse de ballet, candide, douce (une voix encore pré-pubère, voix de la danseuse qui utilise parcimonieusement ses muscles linguaux), fille à maman qui se lance vers l’inconnu, un horizon nouveau pour elle, cherchant à convoiter une noirceur qui lui permettrait d’atteindre cette perfection qu’elle recherche tant.

     Depuis toujours, Nina Sayers vit au crochet de sa mère, dans la danse à tout prix. Une mère qui voit en elle l’occasion d’obtenir ce qui lui a échappé avant la naissance de sa fille, héroïne déchue qui projète ses fantasmes. Nina a gardé sa chambre d’enfant, la couleur vive, les peluches entassées et maman l’accompagne au coucher, la borde et laisse à ses côtés une boite à musique qui laisse échapper une berceuse. Aronofsky n’a jamais été le cinéaste de la subtilité, tout est surligné, tout est là, puissance dix. Pas de commentaires sur ses trois premiers navets, mais l’on se souvient que déjà dans The wrestler il abusait de certaines scènes, il montrait, cherchait à choquer, que ce soient les plans d’agrafes lors d’un combat sur le ring ou le plan zoomé du pontage dans le miroir. Mais ça passait, parce qu’on enchaînait très vite sur autre chose, et puis ça entrait dans le schéma du film personnage. C’est la même chose ici. Ça ne me dérange pour ainsi dire jamais. J’ai rapidement de l’empathie pour cette danseuse, non pas que tout lui tombe dessus comme chez Loach ou Vinterberg, mais parce qu’il y a une impossibilité pour elle d’être une autre. Tout vient de cette mère. Son personnage avance, consciente de ses agissements, mais inconséquente. Elle ne s’épargne rien. La réussite comme premier ordre.

     Nina est donc une grande danseuse, pourtant elle aimerait être davantage. Obtenir un premier rôle. Croiser son propre visage sur les affiches de ballets dans son quartier. Il y a une quête sacrificielle de la perfection en permanence, comme ce catcheur qui voulait tant retrouver le meilleur niveau et se confrontait en même temps à la douleur de l’âge. Nina a toujours tout bien fait. Elle a toujours cherché à être parfaite, elle le dira au début du film et dans le dernier plan. Quand elle apprend par son chorégraphe que la perfection n’est pas la promesse de la réussite constructive, anticipée, qu’elle englobe aussi le pouvoir qu’à le corps de se laisser aller, transporter, d’abandonner tout contrôle, Nina ne le sait pas mais son esprit déraille déjà. La machine si bien huilée s’apprête à prendre feu. Cette nouvelle quête de la perfection est sans doute trop intense pour ses seules épaules. Black Swan ne parle que d’émancipation et du prix qu’il faut payer pour l’obtenir. C’est l’épreuve que traverse Nina. Elle ne s’en sortira pas. Et ce ne sont pas les évènements qui la conduisent jusqu’à cette représentation du Lac des cygnes comme elle en rêvait ni la méchanceté des personnes qui l’entourent qui participent à l’échec de sa quête, c’est son esprit, son seul esprit, pas prêt à assumer cette transformation, qui va l’emmener aux confins de la folie. J’aime la nuance qu’apporte le cinéaste à la lecture des personnages. Car sans trop y réfléchir, on ne peut y voir que des monstres. Pourtant, ne serait-ce que le chorégraphe est magnifiquement travaillé, même si ce cœur reste dans l’ombre, dans un premier temps cerné comme un mégalo sans âme, avant qu’on le découvre sous un jour plus fragile. Ses yeux ne sont plus dirigés vers le sol, sa voix ne force plus, il regarde un corps qui le transporte et se tait. Il l’appelle sa petite princesse, pas la black Swan qu’il fantasme en elle, justement l’autre, le corps fragile. Quant à cette Lily, elle n’a rien d’une concurrente à abattre, elle admire, félicite, admet sa place de doublure, ce n’est que parce qu’on la voit comme la voit Nina qu’elle nous apparaît black swan. Elle n’a rien d’une black Swan en fin de compte. Peut-être que ses ailes tatouées entre les omoplates sont uniquement le fruit de l’imagination de Nina. Mais c’est aussi peut-être la projection d’un désir homosexuel refoulé, symbolisé par une scène troublante. Nina a toujours tout refoulé ce qui ne concernait pas la danse, porté des oeillères. C’est en allant à l’encontre de ces symboles gros sabots qu’Aronofsky me surprend.

     Ce nouvel esprit oublie l’essentiel, qui lui permettrait de vivre pleinement et consciemment ce rêve d’enfant  : la quête pure de l’absolu. Rien n’est pur dans son cheminement vers sa perfection tant rêvée. Il y a cette mère qui la couve et la pousse. Il y a ce chorégraphe en pleine crise mégalomane qui souhaite construire un nouveau lac des cygnes sans précédent. Cette star déchue à qui elle voudrait tant ressembler. Cette adversaire si talentueuse, si nonchalante. Une fille qui nous apparaît comme pile son contraire. Le Lac des cygnes a toujours eu sa white swan, Nina est là-dessus imbattable. Mais c’est de la black swan que dépend ce premier rôle qui échouera donc dans les pas de danse d’une fille qui jouera aussi bien le cygne blanc que le noir. Aronofsky réussit quelque chose de génial dans la progression de son récit, jusqu’à sa folie de son personnage. Tout apparaît petit à petit, rien n’est effectué par étapes, ou si c’est le cas je ne l’ai pas ressenti. Tout est imperceptible. Ce qui n’empêche pas que tout soit très vite inquiétant. Cette rougeur sur l’épaule qui prend rapidement la forme d’une griffure, avant que des ailes noires y poussent façon The fly de Cronenberg. De toute façon Black Swan m’a fait penser à Cronenberg, pas seulement à La mouche, mais aussi à Crash, dans une version plus soft, moins mystérieuse. Il y a ici aussi une plongée organique, curiosité de la plaie (Beth à l’hôpital), crainte de la dégénérescence physique mêlée à une sorte d’excitation, puisque c’est lorsque ce corps semble se métamorphoser que Nina se découvre aussi sexuellement. Passé le stade de la simple inquiétude de ces transformations que l’on apparente à un simple stress, Nina commence à voir son double, le croiser dans la rue, le confondre avec Lily sa concurrente, bientôt ce double viendra a bout du miroir, ou alors il sera clairement présent, menaçant ou brièvement entre ses cuisses. La petite fille à sa maman pourrait bien être en train d’acquérir des pouvoirs façon Carrie. Mais finalement tout se passe dans sa tête, c’est la réussite flagrante du film d’avoir opter pour l’idée de suivre quoiqu’il arrive le point de vue de Nina, dont la réalité est de plus en plus obstruée. Un couteau dans la main, du sang sur les doigts. Bientôt cette pièce avec ses photos, des dessins que la mère entasse les uns à côté des autres, prennent soudainement vie, un simple clin d’œil d’une part puis tout une horde de cris, rires insupportables dans un vacarme assourdissant, on croirait retrouver la jeune Catherine Deneuve dans Répulsion de Polanski.

     Aronofsky n’y va pas de main morte, une fois encore. Chaque plan est pensé. Chaque plan a sa symbolique. Si le film gagne en épure dans le mélodrame, moins choc qu’un Requiem for a dream, plus émouvant qu’un Pi, peut-être aussi moins personnel qu’un The Fountain, c’est dans ce qu’il tire de la folie qu’il peine à creuser une transcendance, tout est assez creux dans la première partie du film, quoique pas creux, pas vraiment, disons plutôt mécanique. Ce sont les nouveaux aiguillages que prend le film qui deviennent passionnants, se risquant alors à jouer sur tous les niveaux, tous les genres. Film réaliste ou vérité avant tout, empruntant le sillon creusé par The wrestler (Aronofsky cite partout que sa découverte du cinéma des frères Dardenne a changé un truc en lui) le film prend ensuite la route de l’american dream, puis le thriller paranoïaque avant de déboucher dans un climat d’horreur. Finalement, il fonctionne à la manière du film horrifique. Du cinéma de genre. On en prend plein la face durant deux heures, c’est immédiat, c’est éprouvant. Puis Black Swan se délite peu à peu, avec le temps. De cette riche idée d’accompagner le seul point de vue de cette fille dans sa quête de son côté sombre, il ne reste plus grand chose. Le film se vivrait, uniquement. Cinéma de l’instant, cinéma physique. Et bien plus ça va plus je me rends compte que ça me convient amplement.


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silencio


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