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Bullet train – David Leitch – 2022

21. Bullet train - David Leitch - 2022Good luck, bad luck.

   6.0   Autant prévenir, il faut se farcir la première demi-heure : Electrisée, vaseuse, impersonnelle. Pas loin de me tirer tant je ne supportais plus de me retrouver face à un énième produit estampillée « Tarantino-like » qui ressemble davantage à du Guy Ritchie sous amphétamines pour neuneus épileptiques, c’est dire l’angoisse.

     Et puis un moment donné, quelque chose prend. Une vanne, un wagon qui en raccroche un autre, Brad Pitt ? Un peu tout ça, probablement. Quelques scènes qui apportent quelques rires ci et là. Pas désagréable. Et puis la machine s’emballe encore, le train s’arrête, repart et ne fait que ça. On voulait sauter du manège, on ne veut plus rater un tour.

     Entre-temps on a sans doute fait le deuil de ses yeux, d’une possibilité d’émotion, voire de l’utilité de nos capacités cognitives. Plus rien à battre. Un peu comme la chance de Ladybug (Le nom de code de Brad Pitt c’est « coccinelle » bordel) le plaisir qu’on y trouve s’installe, s’accentue, jusqu’au bout.

     Alors oui, objectivement c’est très con, c’est un film de studio, sans aucun regard d’auteur, un actioner complètement régressif, mais purée quelle générosité, quel mauvais goût assumé : ça fait plaisir. Si tous les « blockbuster de l’été » étaient comme celui-ci – et non des énièmes suites d’une énième franchise comme c’est le cas la plupart du temps aujourd’hui – j’irais les voir plus souvent.

     Et puis c’est un peu La chèvre, cette histoire de personnage malchanceux mais chanceux dans sa malchance. Alors quand évidemment c’est Brad Pitt qui l’incarne, c’est difficile de bouder son plaisir. Il est certes bien secondé par le duo Lemon & Tangerine, incarné par Brian Tyree Henry (de la série Atlanta) et Aaron Taylor-Johnson. Mais c’est avant tout un show Brad Pitt, donc : Il est fabuleux ! Bien accompagné par des apparitions plus ou moins brèves de nombreuses stars qui complètement un savoureux tableaux qui fait souffler un vent de fraicheur (et de sang) sur cet univers si formaté du blockbuster estival.

     Alors en effet, David Leitch n’est pas Tarantino, loin s’en faut – il était même jadis la doublure cascade de Brad Pitt, c’est dire – mais d’une part il se fait au moins autant plaisir que ses comédiens d’autre part on ressent l’inspiration John Wick : jusque dans leur conception, Chad Stahelski était jadis la doublure de Keane Reeves, là aussi. Et un sens aigu dans la chorégraphie. Leitch est plutôt dans la comédie de divertissement, c’est tout.

     Qu’importe, car on ne vient pas voir le nouveau David Leitch mais le nouveau Brad Pitt, qui n’a sans doute pas fini de nous régaler de sa palette comique (déjà à l’œuvre cette année mais trop brièvement dans The lost city) déclinée de son rôle de Cliff Booth dans le chef d’œuvre de Tarantino. En revanche, ne pas trop être regardant sur les CGI notamment sur la fin, sur le toit du train. C’est d’une laideur extrême. Ce qui ajoute un peu à l’indigestion, provoquée d’emblée par son désolant premier quart, mais l’aspect ludique prend le dessus et il ne reste moins un film indigeste qu’un film assez malin. Et drôle.

John Wick – David Leitch & Chad Stahelski – 2014

2014-John-Wick-ImagesAshes to ashes.

   6.0   Voilà un film d’action diablement efficace. Sous couvert d’une banale histoire de vengeance, John Wick est un défilé savamment orchestré de gunfights, combats à mains nues et exécutions en tout genre, assez réjouissant pour la simple et bonne raison qu’il ne sort jamais de son statut de série B et surtout parce que l’action est tout à fait lisible, ne se complait jamais dans une surenchère d’effets. On pense à Johnnie To. L’originalité dans l’écriture, c’est la source même de vengeance : Ailleurs, Wick aurait vengé le meurtre de sa femme, point. Ici c’est plus complexe. Quand le film s’ouvre, elle décède semble t-il d’une longue maladie. C’est de sa perte qu’il voudrait matérialiser sa vengeance. Au départ, son défouloir c’est de faire des run avec sa Ford Mustang 69, sa lueur d’espoir un beagle que sa femme lui a offert en guise de cadeau d’adieu.

     Le jour où des voyous entrent chez lui par effraction, lui volent sa voiture et tuent son chien, Wick a enfin son mobile pour se venger. Mais il se trouve que l’un des voyous en question, joué par l’insupportable Théon de Game of Thrones, toujours aussi insupportable ici, est le fils du gros caïd de la pègre de New York. Bref, t’as pigé le truc. Gros carnage à venir. D’autant que Wick, c’est à préciser, est un ancien de la maison, rangé, retraité, il était jadis le nettoyeur le plus efficace. Le film alors aligne les morceaux d’anthologie au moins dans cette boite de nuit, cet hôtel à truands ou la propre maison de Wick, en intro au massacre en marche – Même si je dois bien avouer avoir, comme souvent, du mal avec cette propension à laisser des types en vie, mais bon. Trois premières séquences, trois boucheries et les bases sont posées. Difficile de mémoriser le nombre de cadavres que Wick laisse derrière lui. Le film continue sur sa lancée sans jamais se poser. Je regardais deux épisodes de Banshee la veille, ça ne m’a pas trop dépaysé.

     Outre sa minutie dans la violence, le film est aussi très drôle, notamment dans cet hôtel, no man’s land improbable ou encore lorsque la société de nettoyage se pointe chez Wick après qu’il ait commandé une table et douze couverts. Et dans sa kyrielle d’acteurs/personnages géniaux qu’on a déjà croisé ailleurs : Al Swearengen de Deadwood, fascinant de froideur implacable, les charismatiques Inspecteur Freamon et Lieutenant Daniels de The wire, l’incontournable Willem Dafoe, l’acteur principal du Millenium suédois, bref que du beau monde que l’on jubile à retrouver et qui épaulent à merveille cet improbable come-back de Keanu Reeves. C’est bourrin, certes, mais bordel ce que ça fait plaisir.


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silencio


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