Comme la lune.
5.0 Toronto, 2001. Mei, 13 ans, sino-canadienne est une adolescente bien de son âge, à cheval entre la culture orientale de sa famille et celle occidentale de ses camarades. Elle a deux facettes que l’on découvre vite : Après l’école, respectueuse des traditions, elle devient hôtesse d’accueil dans le temple chinois familial qui reçoit les fidèles. Le reste du temps, elle est fan de boys band, de tamagotchis et se plait à fantasmer sur les garçons de son âge. Elle est toujours première de la classe donc tout va bien. Ses copines aimeraient seulement qu’elle soit un peu plus dispo après les cours.
Coincée entre deux mondes aux antipodes, Mei parvient néanmoins à trouver l’équilibre, en se réfugient dans de petits mensonges quotidiens : ne pas révéler à ses copines la surprotection maladive de sa mère ; et cacher à sa mère son désir grandissant pour les garçons et l’objectif entre copines de filer voir le concert de leur boys band chéri, 4Town, simili-Backstreet boys.
Domee Shi, la réalisatrice de Turning red, à qui l’on devait le très beau court Bao (qui lui valut l’oscar du meilleur court métrage d’animation) sorti à l’époque en avant programme des Indestructibles 2, est née à Chongqing puis a grandi à Toronto, et elle est née en 1987. Autant dire que l’histoire de Mei c’est sans doute beaucoup la sienne.
Je ne reviens pas sur cette sortie exclusive sur la plateforme Disney+ : c’est nul, point. Un peu comme pour Soul, c’est triste de voir autant de talent, visuel, scriptural, bref éminemment cinématographique privé de la salle de cinéma, sans parler du pur statut événementiel qui accompagne la sortie d’un nouveau Disney : En quoi celui-ci serait-il, sur le papier, moins intéressant que le prochain Buzz l’éclair, par exemple ?
Le projet m’attirait beaucoup dans la mesure où il me rappelait aussi bien Coco que Vice-versa, dans son approche de l’enfance (rappelons que Riley avait onze ans à la fin du second, quelle belle suite logique que d’entamer sur Mei, treize ans) mais aussi de l’importance du lieu : Toronto succède à Santa Cecilia & San Francisco.
Ici il ne s’agit plus de traiter de la fête des morts ou d’un déménagement douloureux, mais d’évoquer la métamorphose d’une jeune fille, affrontant le séisme de la puberté symbolisé ici par une transformation en panda roux. Comme Riley dans Vice versa, les émotions de Mei deviennent incontrôlables et le panda roux incarne à merveille ce dispositif destructeur.
Sur le papier. Car passée l’originalité du projet, qui joue de cette métamorphose émotionnelle pour reprendre les codes de l’animation japonaise, le film me passionne assez peu, sans doute car il s’appuie entièrement sur un objectif ridicule, qui se voudrait universel, reposant sur une participation ou non à un concert de boys band. Disons que cette petite bande de filles me passionne autant que celles que je croisais à l’école y a vingt ans. Et que la mainmise familiale est un peu trop appuyée pour compenser ce manque d’intérêt.