Archives pour la catégorie Duncan Jones

Moon – Duncan Jones – 2010

24. Moon - Duncan Jones - 2010Un homme dans l’espace-clone.

   7.0   Le premier film de Duncan Jones, qui depuis Source Code s’est enlisé dans la merde, est resté le cas isolé qu’il était déjà il y a dix ans, un film de SF, de lune, de clonage, huis clos fauché comme les blés, qui ne ressemble en rien à ce qu’on connait. Si le film accuse un peu le coup dans l’image, trop fausse, trop métallique, mes craintes vis-à-vis de Sam Rockwell (qui depuis est devenu l’acteur incontournable, le cabotin en quête de statuettes) se sont envolés tant il est pleinement investi dans ce drôle de rôle qui vite se dédouble. Toute la subtilité du film se joue dans la dualité de son personnage mourant, apathique, confronté à son double, énergique et impulsif, de trois ans son cadet. Cette idée fonctionne encore très bien. Il s’agit donc de l’histoire d’un type cloitré sur le sol lunaire, pour des missions diverses (là-dessus le film reste assez opaque, dans la mesure où tout se déroule selon le point de vue de Sam, mais on comprend qu’il est assigné à la surveillance de manière générale) mais cloné à l’infini, avec une espérance de vie de trois années – Tandis qu’on lui fait croire qu’il s’agit de la durée de son contrat avant son retour sur terre. Il ne sait donc pas qu’il est cloné. Il ne sait donc pas qu’il est le sixième de sa lignée. Et il ne sait donc pas qu’il ne repartira jamais sur terre, qu’il est voué à s’éteindre comme n’importe quel robot quand les batteries sont mortes. On pense forcément aux missions périodiques dans la station spatiale internationale dans laquelle les astronautes se relaient tous les six mois. On y songe et le film nous plonge dans l’envers de cette conscience, soit dès l’instant que Sam se rend compte de la supercherie. Le vertige est là : Le présent de Sam n’existe pas, n’existe plus tout du moins. Il a quinze ans de retard. Ça débouche plus loin sur la plus belle idée du film, même si ça fait Interstellar du pauvre dorénavant : Sam est confronté à l’image de sa propre fille, qui a maintenant quinze ans de plus que dans ses souvenirs implantés. Et il apprend du même coup que sa femme est décédée depuis longtemps, et que le Sam originel est chez lui, tranquilou, sur Terre. On sent que le film capitalise (efficacement) sur ces deux/trois trouées d’une intensité assez folle, ou bien sur d’autres très belles idées (le personnage de l’ordinateur polyvalent, affublé d’un smiley d’humeur, qui va aider Sam dans sa révolution (en opposition à l’œil fixe rouge du besogneux HAL dans 2001, maintes fois cité dans Moon) ainsi que ces moissonneuses ou la cave des clones) mais que l’auteur aux manettes est un yes man en devenir. Facile de dire ça aujourd’hui, j’admets, mais en revoyant Moon (et je suis persuadé que c’est pareil pour Source code, qui déjà est parcouru d’idées beaucoup plus lourdes) c’est assez flagrant, malheureusement. D’ailleurs, l’introduction et la conclusion, franchement nases et franchement pas dans le tempo du reste du film, vont dans ce sens.

Mute – Duncan Jones – 2018

03. Mute - Duncan Jones - 2018Source molle.

   2.5   Vu il y a un mois et je ne m’en souviens déjà presque plus. Je garde seulement les présences de Paul Rudd & Justin Theroux, qui sont géniaux dedans. Pour le reste ça m’a fait l’effet de Southland tales. Encore que. Au moins dans le film de Richard Kelly y avait une vraie folie, qui pouvait être soit contagieuse soit indigeste. Là y a rien. Ou un sous Blade Runner du pauvre. Bref on a définitivement perdu Duncan Jones, qui nous aura tout de même offert Source code et Moon.

Warcraft – Duncan Jones – 2016

13. Warcraft - Duncan Jones - 2016Mixture immangeable.

   2.0   Houla. Vu uniquement car Duncan Jones est aussi le réalisateur des excellents Source code et Moon. Là j’ai pas compris. Ça tend vers les derniers blockbusters de Jackson, type Le Hobbit, mais sans la cible familiale. Du coup, niveau rythme et construction c’est plutôt original, mais c’est terriblement chiant à regarder. Même pas pu finir. Je découvrais totalement l’univers car je ne connais pas le matériau original et il semblerait que ce soit vraiment pas pour moi. Concernant cette sortie de route de Duncan Jones je ne m’en fais pas, ça sent la commande, il faut bien qu’il mange et je suis persuadé qu’il me séduira autrement la prochaine fois.

Source code – Duncan Jones – 2011

Source code - Duncan Jones - 2011 dans Duncan Jones source_code_movie_2011-550x343

Breaking now.

   7.0   La magie de Source Code ne se borne pas à l’énergie qu’il déploie dans la construction de ces allers et venus temporels, comme cela peut être le cas dans un film de Tony Scott (Déjà vu), c’est dans son refus de se placer du côté du pouvoir donc d’appréhender le point de vue de la victime que le film grimpe crescendo vers des cimes émotionnelles qu’il n’est pas coutume de se voir offrir de cette manière là dans un film du genre, n’acceptant quasiment aucune facilité.

     Et choisir le camp de la victime c’est en quelque sorte refuser un suspense qui est à priori celui que l’on va rechercher en premier, à savoir le drame à l’échelle planétaire (la résolution de l’attentat pour en éviter un second) et non le drame individuel (exploitation du cerveau d’un homme condamné). Source Code est proche de Moon, sur de nombreux points. Et le thème central chez Duncan Jones c’est l’exploitation humaine par la technologie, la matérialisation par les souvenirs, le clonage par la morphologie et l’impact qu’il a sur l’individu en question qui s’en rend compte.

     Chez Jones, cette découverte se propage par la complicité. C’était l’ordinateur et le deuxième clone dans Moon, c’est l’employée du réseau secret dans Source Code. L’Homme ne pourra jamais se sortir des griffes du système tout seul c’est ce qui semble ressortir de ce cinéma qui choisit la rébellion de la victime plutôt que le héros sauveur du monde.

     Le Colonel Stevens est mort en Afghanistan, disons plutôt qu’il fut déclaré mort. Plus rien ne fonctionne hormis son cerveau, qui alimenté par un procédé scientifique lui permet à la fois de matérialiser ses pensées (donc de s’imaginer coincé dans cette capsule qui l’a probablement tuée) mais aussi de le projeter dans le passé et le corps d’une personne morphologiquement similaire à lui. Et c’est ainsi que cette organisation secrète le garde et s’en sert de cobaye pour la résolution de cette enquête visant à arrêter le terroriste qui tua les passagers de tout un train aux abords de Chicago le matin même, avant qu’il ne récidive, comme cela est prévu, dans la métropole même. L’enjeu c’est donc ce code source, à savoir huit minutes de projection dans la peau d’un passager du train afin de débusquer les indices qui mènent à la bombe et au terroriste. Mais si la projection semble illimitée en quantité, problème est qu’elle se limite donc à ces huit minutes et surtout le temps continue de tourner dans le réel.

     Source code joue habilement ce côté Code Quantum/Un jour sans fin où les projections répétées aboutissent à quelque chose (découverte de la bombe dans les toilettes) ou à rien (poursuite d’un homme suspect finalement simplement pris par le mal du train). Et en parallèle, puisque c’est le sujet, le personnage dans la peau d’un autre tombe progressivement amoureux de la jeune femme qu’il a en face de lui qui semble être une collègue de l’homme dont il a investit le corps. L’univers parallèle devient le leitmotiv principal. Un nouveau monde. Une strate temporelle qui ne serait plus dépendante de l’autre à laquelle il faut mettre fin, en débranchant le Colonel Stevens pendant qu’il est projeté et déjoue la mort du personnage qu’il habite. La fin à Chicago est magnifique. J’aime un peu moins les dernières secondes du film qui laissent supposer que dans ce nouveau monde, l’expérience du code source est simplement repoussée, donc que la projection du Colonel Stevens, suivant l’univers dans lequel il se trouve, est inévitable. J’aurais préféré que le film s’achève là, devant ce monument de verre aux multiples reflets qui nous disait déjà tout.


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