Etude d’un poète.
8.0 Je n’avais jamais vu ce film essentiel de l’Histoire du cinéma, véritable manifeste expérimental qui parvient aussi à être un passionnant film documentaire. Coup double qui le place à la jointure parfaite de deux œuvres plus ancrées chacun dans leur style : Etude sur Paris, d’André Sauvage et Le sang d’un poète, de Jean Cocteau. J’imagine qu’on peut trouver d’autres référents mais je cite ceux que je connais et auxquels j’ai pensé en regardant le film de Dziga Vertov. J’ai aussi eu la sensation que L’homme à la caméra avait inspiré Jean Vigo, notamment ses séquences sportives, qu’on retrouve dans La natation par Jean Taris ainsi que ses foules, qu’on pourra trouver sur les plages d’A propos de Nice. Il y a une volonté de filmer la vie grouillante, le quotidien d’une ville, de saisir des instants à la volée, dans un maelström harmonieux. Et il y a aussi cette générosité formelle qui en fait un pionnier, avec une idée dans chaque plan, des transitions folles, des surimpressions, des split screen, des accélérations, des ralentis, de la mise en abyme. Le but étant de créer une singulière musicalité dans le montage, aussi frénétique qu’hypnotique. Le film dure une heure, il n’a pas d’acteurs, pas d’histoire, ni de cartons et c’est passionnant.