Alea jacta est.
7.0 Bis repetita est le premier film d’Emilie Noblet, qui était directrice photo sur Jeune femme, de Leonor Seraille ; Elle a aussi réalisé trois épisodes des 7 vies de Léa, un épisode d’Irresponsable, entre autre. Déjà un beau CV à mes yeux.
Delphine, prof de latin désabusée, a un deal avec ses élèves : elle leur fait à peine cours, ils lui fichent la paix, elle leur distribue des 19 sur 20. Mais la combine se retourne contre elle quand les faux excellents résultats propulsent sa classe au championnat du monde de latin, à Naples.
C’est d’abord un portrait de femme, une prof de latin démissionnaire, qui aspirait jadis à autre chose avant qu’on lui vole sa thèse. Il y aura d’ailleurs aussi le thésard – neveu de la proviseure envoyé en tant qu’accompagnateur – qui n’a pas encore reçu les coups de poing de la vie. Tous deux se rapprocheront. Et il y aura cinq gamins d’une classe de latin, les cinq derniers, qui vont devoir sauver cette classe, justement, à la faveur d’un concours improbable en terre napolitaine, avant qu’on supprime définitivement cette option linguistique du programme. Un mélange de teen movie et de comédie romantique, en somme.
On pense moins à PROFS ou L’école pour tous qu’à Nos jours heureux et Les beaux gosses, en définitive. La colo en Charente étant remplacée par une classe de latin en voyage en Italie. L’essentiel c’est la kyrielle de jeunes personnages. Y en a moins ici que dans le Toledano & Nakache mais ils sont chouettes, aussi, qu’ils soient rêveur, branleur, influenceur.
Si le concours permet au film de trouver ses meilleures touches comiques, notamment une séquence de micro dans les ruines de Pompéi, et une structure, le récit ne fera pas de miracles, il n’y a qu’en trichant que ces latinistes d’Angers pourront affronter les classes d’intellos de tous pays en face d’eux.
On aurait aimé un peu plus de considération quant aux autres équipes. Mais l’aspect cartoon sied bien au film aussi, en grande partie avec le personnage de l’universitaire italien qui gère le concours. Toute la soirée déguisée sur le thème de la Rome antique on sent que Noblet s’en donne à cœur joie, visuellement mais aussi d’un point de vue sonore : le bruyant costume de légionnaire arboré par Rodolphe, génial. Il y a une envie de chef opératrice et un désir de slapstick qui me plaît énormément là-dedans.
Le film trouve parfois la juste vanne, le juste timing, pas toujours (surtout avant son arrivée à Naples, où tout est plus poussif) mais pas grave, c’est un premier jet, plein de promesses et d’énergie, qui choisit le latin, qui plus est, quelle idée géniale ! Et Louise Bourgoin est magnifique, une fois de plus.
Le film est aussi l’occasion d’entendre Pour que tu m’aimes encore, de Céline Dion, en latin ! Car Rodolphe a un groupe qui reprend des standards transposés en langue morte. On aurait adoré en avoir davantage : la scène Time’s up est beaucoup trop courte.
Bref, pas mal de bonnes idées. Et une révélation : Xavier Lacaille. C’était déjà le cas lorsque l’équipe a présenté le film au festival. Son énergie, sa gouaille, c’est un soleil à lui seul, qui donne le tempo au film tout entier.