Archives pour la catégorie Eric Lartigau

Cet été-là – Eric Lartigau – 2023

04. Cet été-là - Eric Lartigau - 2023La famille déliée.

   3.0   Ce film est la preuve qu’on ne peut se satisfaire ni d’un couple atypique d’acteurs souvent bons (Marina Fois & Gael Garcia Bernal) ni d’enfants bien castés (les deux jeunes actrices principales) et encore moins d’un lieu, inhabituel au cinéma, à savoir Seignosse et alentours. Il faut surtout écrire et mettre en scène. Rarement vu une écriture aussi nulle (les dialogues, au secours), une réalisation aussi terne, pour un film de vacances doublé d’une chronique familiale. Il faut aussi un point de vue. Le film ne sait pas choisir entre le récit à hauteur de pré-adolescentes et celui à hauteur d’un couple en crise. Et donc, rien ne fonctionne. Mais ce qui intrigue le plus c’est tout de même le second : c’est de voir cette femme dans l’impossibilité d’éprouver du plaisir, de la sentir mystérieusement éteinte, et de voir cet homme dans le refus d’affronter cette fin de vie commune, que leur fille observe, en spectatrice impuissante, en souffrance. Là il y a une belle idée. Un ton cruel, insoluble, d’autant plus puissant, sur le papier, qu’il se déroule sur les terres des vacances. Or, in extremis, le film balance une dernière cartouche, un rebondissement improbable qui sort du chapeau et qui aurait dû apparaître bien plus tôt dans les discussions conjugales. Et offert de façon dégueulasse, à travers la vidéo visionnée de l’enfant (comme dans The Fabelmans, mais la comparaison s’arrête là). J’ai trouvé ça globalement nul, mais cette fin est carrément abjecte. Quant à la forêt, les plages et les gens des Landes, c’est simple ce n’est jamais filmé, ça aurait pu se passer sur la côte d’Azur ou en Normandie c’était pareil, et ça c’est scandaleux.

La famille Bélier – Eric Lartigau – 2014

la-famille-belierL’intruse.

   4.0   Il faut vraiment le prendre comme on prend un (télé)film de Lioret, le feel good ending en plus. Niveau mise en scène c’est donc le néant. Hormis une scène, pas forcément belle mais culotée, tout est programmatique, attendu, superficiel et l’intérêt repose uniquement sur la présence des acteurs, tous excellents. Enlevez Viard et Elmosnino, il ne reste rien. Louane Emera est bien aussi même si l’on sent qu’elle est là pour sa voix, même si l’on sent le placement « The Voice » produit en gros. Je ne comprends pas trop les prix mais elle fait le job, sobrement. Elle est plus sobre que le film en tout cas. Le récit lui est ultra banal et s’enchaine comme de la variétoche, avec ses boucles et ses refrains easy listenning. C’est l’histoire d’une ado sans handicap au milieu d’une famille de sourds muets qui va devenir adulte en choisissant le chant et se libérer sur Je vole de Michel Sardou. Il faut être prêt à s’envoyer du Sardou pendant deux heures, je préfère prévenir. Chaque scène répond donc à la trame et le film ne s’envole donc jamais trop occupé qu’il est à dérouler avec un nombre hallucinant de mini séquences ouvertes sur la suivante. Un petit programme bien cadré, en somme. C’est en voyant quelques jours plus tôt les dix-huit séquences de Mes séances de lutte, de Jacques Doillon, que je me suis rendu compte à quel point le cinéma mainstream s’enlisait lui dans un schéma sans vie, multipliant la scène coute que coute sans jamais s’occuper de sa durée, indifférent au petit truc qui fera la différence. Le dernier Podalydès a lui aussi ce défaut je trouve. La famille Bélier recherche ça uniquement lors des scènes de chant, mais comme elles sont filmées aussi platement qu’un prime Star’Ac il n’en ressort rien. Concrètement je n’ai rien contre Sardou ni contre n’importe quel autre tube radiophonique dans le cinéma, j’aime juste que ce dernier permette de transcender ce choix – Belvaux réussissait quelque chose de fort à la fin de Pas son genre. Là ce n’est jamais le cas. Reste donc un gentil mélo maquillé en comédie, pas méprisant, pas agaçant, aussi doux et aventureux qu’une chanson de Coldplay, quoi. J’ai trouvé ça mignon alors que je m’attendais à trouver ça insupportable donc c’est cool.

Les infidèles – Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Alexandre Courtes, Jean Dujardin, Michel Hazanavicius, Eric Lartigau & Gilles Lellouche – 2012

04_-les-infideles-emmanuelle-bercot-fred-cavaye-alexandre-courtes-jean-dujardin-michel-hazanavicius-eric-lartigau-et-gilles-lellouche-2012Les couilles des hommes.   

   3.5   C’est un film intéressant. Oui. Contre toute attente. Non que ce soit honnêtement défendable dans son ensemble, mais il y a des qualités ci et là. C’est un film a sketchs. S’en méfier comme de la peste de ce sous-genre, prolifique dans le cinéma comique italien des années 50. S’en méfier parce que le court ne se fond pas naturellement dans le long. En fin de compte c’est un projet qui pourrait relancer l’intérêt pour le court-métrage en général, malheureusement l’effet produit est inversé. Sur ce point, Les infidèles réussit et échoue. Il réussit dans l’agencement des petites histoires et dans leur contenu, par son côté désorganisé et sa faculté à ne pas constituer de construction concrète et attendue. Ainsi, les variations autour de l’infidélité masculine ne sont pas bâties identiquement, certaines pastilles, par exemple, s’immisçant entre deux courts d’une durée même pas similaire. Je n’ai pas cette impression de cahier des charges ultra respecté, ça me plait. La linéarité est aussi mise de côté, les histoires ne cherchant pas à se répondre les unes aux autres de manière chorale, on échappe donc à ce dispositif lourdingue tant adoré des Jaoui, Klapisch et consorts. Malheureusement, ce côté cancre se retourne aussi contre lui, dans la mesure où rien ne répond à rien mais où tout se ressemble plus ou moins. C’est entre-deux eaux, j’aurais préféré que le film s’affranchisse intégralement de ça, pourquoi pas espérer un Holy motors de la comédie populaire, on peut toujours rêver ; ou qu’il y ait tout de même quelques passerelles entre chaque histoire, que quelque chose se noue à travers le temps. En l’état, le film s’amuse juste avec ses personnages, mais ils n’ont jamais le même rôle.

     Le film est donc bancal d’autant que forcément, les sketchs ne sont pas réalisés par les mêmes réalisateurs. Exit les pastilles réalisées par Courtes, véritables interludes sans intérêt, aussi bien mises en scène qu’une pub trash, sortes de copie de Bref version « Bref, je me suis fait gauler ». Exit le sketch de Courtes, toujours – décidément très mauvais metteur en scène – sur les infidèles anonymes, complètement nul, excepté la présence de la magnifique Sandrine Kiberlain et de deux/trois mots lâchés par Manu Payet, plutôt inspiré. Exit aussi le prologue, réalisé par Cavayé, non que ce soit mauvais mais c’est pile poil ce à quoi je m’attends quand je lance le film, donc ça ne m’intéresse pas, pire, je pense que rétroactivement, ce sketch ne correspond pas du tout à l’esprit du film. Exit le dernier, Las Végas, réalisé par les deux compères acteurs en vogue, même si l’on fini par y voir l’un sodomiser l’autre, fallait oser. Celui-ci est d’ailleurs clairement le prolongement du prologue. Reste le Lartigau, pas mal, un peu plus grave, mais un peu court, à court d’idées surtout. Et les deux qui retiennent mon attention : La bonne conscience, de Michel Hazanavicius ; La question, d’Emmanuelle Bercot. Comme quoi, il n’y a pas de secrets, c’est en parti pour ces deux « vrais » cinéastes que je me suis penché sur Les infidèles. Je précise au passage que le film ne situe jamais, en tout cas pas avant son générique final, la provenance de ses sketchs. C’est donc une fois le film terminé que je me suis aperçu que mes deux préférés étaient fait deux réalisateurs que j’estime. Point de conditionnement de politique des auteurs ni de mauvaise foi envers les autres.

     Celui d’Hazanavicius est une sorte de Lost in translation chez Houellebecq ou de OSS 117 perdu dans Les bronzés. L’ambiance, la minutie géométrique de cette errance dans les couloirs et le ton du dialogue, on ne peut pas se tromper longtemps, on reconnaît le style. Il faut simplement accepter un ton nettement plus dépressif. Dujardin y ère dans un grand hôtel à la recherche d’une nénette avec qui passer la nuit et finira par convoité la moins attirante de toute, celle qu’il n’aurait jamais draguée ailleurs. C’est un loser terrifiant. Je le reverrai volontiers celui-ci, j’ai l’impression qu’il m’a un peu échappé. Ce qui ne fut pas le cas pour le sketch d’Emmanuelle Bercot, mention spéciale, la bonne surprise, qui m’a un peu calmé, je dois bien l’avouer. Le récit est quasi uniquement centré sur le couple Dujardin/Lamy, Lellouche y faisant son apparition aussi, mais seulement comme ami avouant honteusement ses coucheries dans le dos de sa femme, abandonnée dans la cuisine, lors d’un dîner entre amis. Ce dialogue va en engendrer un autre, plus tard, quand le couple sera de retour au bercail. Une question, la tourmente. L’aveu installe un malaise, puis la violence, puis un autre aveu. La parole se perd dans l’espace, les corps tournoient dans la maison, autour des tables, du canapé, du lit, l’ambiance est électrisée, elle devient même méchante, pleine de rage, de désespoir Cassavétien. Le fait que le couple en soit un vrai provoque une impression bizarre, comme s’ils étaient face à face, à cœur ouvert, tous deux sont excellentissimes, au passage. C’était hyper déstabilisant, hyper culotté surtout. Et ça ne fait que confirmer que ce n’est pas un film drôle et misogyne, au pire on peut le trouver un brin caricatural et moraliste. Et donc ça n’a strictement rien à voir avec les affiches matraquées sur les quais de gare au moment de sa sortie, affiches qui ont tant fait parler d’elles. Non, ce n’est pas vraiment drôle, enfin ça ne met pas la pêche, c’est drôle par-ci par-là, les moins bons moments du film d’ailleurs, mais c’est surtout sinistre et glauque, limite cafardeux. Donc ce n’est pas terrible dans l’ensemble, c’est bancal, mais tout de même je ne m’attendais pas à ça.


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silencio


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