Archives pour la catégorie Fabrice Gobert

Mytho – Saison 1 – Arte – 2019

27. Mytho - Saison 1 - Arte - 2019Arrhes du mensonge.

   6.0   Cette histoire de mère de famille débordée par le quotidien, invisible des siens, s’inventant un cancer qui va lui offrir l’affection et l’attention qui lui manquaient tant, m’intriguait beaucoup. Un Breaking bad inversé à la française, pourquoi pas après tout ? Le premier épisode, laborieux, m’a beaucoup dérangé. Je détestais chaque personnage de cette famille. Je ne voyais que les épaisses coutures ou uniquement de la caricature. Et la série va jouer de cela, de ses apparences pour les déformer, à l’image de personnages secondaires comme le patron ou la pharmacienne. Mytho s’affine, trouve son rythme, surprend, rebondit tout le temps, se pare d’intrigues parallèles à priori pas fondamentales, au point qu’elle pourrait tout aussi bien s’en tenir à ce one shot que s’étirer sur d’autres saisons afin de suivre les répercussions du dévoilement du mensonge et les origines d’Elvira. On sent la patte Gobert dans la forme, ces pavillons résidentiels qui rappellent Les revenants ou Simon Werner a disparu. Tout n’est pas maitrisé, la construction est un peu approximative, le ton pas toujours très homogène. Mais il y a aussi des choses à garder et notamment tout ce qui tourne autour du pitch et du personnage incarné par Marina Hands. Marina Hands est géniale, il faut le dire. Bref je conseille, d’autant que six épisodes de 45min ça déroule.

K.O. – Fabrice Gobert – 2017

29. K.O. - Fabrice Gobert - 2017Fabrice Gobert a disparu…

   2.5   Après Simon Werner et la première saison des Revenants, Fabrice Gobert est logiquement entré dans la section « cinéaste à suivre de près ». La seconde saison des Revenants fut une telle douche froide (Et pour tout le monde, j’ai l’impression) qu’on en était venu à se demander si on ne s’était pas trop emballé sur son compte. KO viendra malheureusement confirmer nos doutes. Rien à sauver (Si ce n’est la photo et la sobriété de la mise en scène, annihilés par la nullité de l’ensemble) dans ce revival 90’s sans intérêt. Le film a vingt ans de retard mais on a vite le sentiment qu’il aurait été raté il y a vingt ans. Las de naviguer entre le vrai et le faux (On pense à The game), le malaise permanent (façon La Moustache), les dédoublements (comme dans la dernière partie de Mulholland Drive), les rebondissements ridicules en pagaille, le jeu volontiers over the top de Laurent Lafitte (que j’aime beaucoup habituellement) et le discours rebattu du combat / de la scène en tant que réalité parallèle – Le film s’ouvre même sur un match de boxe mais appuie bien sur l’idée que le vrai match (qui nous intéresse) se joue dans les tribunes, avant de s’envenimer en combats clandestins dans un clin d’œil franchement tout en sabots crottés au film schizophrène absolu qu’est Fight Club. Vraiment pénible à regarder. J’en ai soupé de ces trucs, qui plus est quand on se fiche, comme ici, de chaque personnage et de chaque retournement de situation.

Simon Werner a disparu… – Fabrice Gobert – 2010

15241811_10154184685292106_8569365039825183212_nConte d’automne.

   8.0   C’était ma troisième fois. J’aime de plus en plus ce film, qui je trouve, ne ressemble pas à ce qu’on a l’habitude de voir dans le paysage du cinéma français. Simon Werner a disparu s’ouvre sur Love like blood, un morceau de Killing Joke. Une fille marche dans un quartier pavillonnaire, dans une banlieue indiscernable. Elle rejoint une fête. Puis on quitte cette fête un peu plus tard, pour aller débusquer un cadavre dans le bois d’à côté. Quand revient la musique au tiers, on comprend qu’on est dans un système de boucles entrelacées, qui s’était ouvert sur la semaine de Jérémie et va se dévoiler/s’épaissir via d’autres personnages.

     Un élève a disparu. Puis plus tard deux élèves disparaîtront encore. Suivant de quel point de vue on se place, on découvre des vérités ou bien on accentue les mystères. Chaque chapitre « centric » à ses trous que le prochain va partiellement combler. Il y en aura quatre : Jérémie, Alice, Rabier, Simon. Offrant au-delà de l’intrigue, une belle galerie de jeunes personnages. J’ai l’impression que le film capte assez bien l’idée qu’on se fait d’un quotidien de lycée, tout en étant hors du temps et jamais assis sur une espèce de réalisme bon teint. Tous les personnages semblent ici et là écouter la bande originale du film dans leur walkman. Ils ont Sonic Youth dans les oreilles. Ça me plait bien.

     Si le film s’ouvre de nuit, il sera en majeure partie relayé par le jour. Avec son ambiance de quartier résidentiel tranquille, enveloppé par les feuilles mortes et le brouillard naissant. Le montage rappelle celui d’Elephant, le film de Gus Van Sant, qui semble être une source d’inspiration évidente pour Fabrice Gobert. Un montage par personnages, avec d’abord, Jérémie le blessé du foot qui organise la soirée durant laquelle on devrait tout découvrir – comme le suggère la séquence initiale. Puis Alice, la bombe du lycée qui sortait avec Simon avant qu’il ne disparaisse. Rabier, le garçon introverti, la victime mais aussi fils du professeur de physique, que tous trouvent bizarre. Et enfin Simon, celui qui a disparu.

     Marrant de voir comme tout semble coller, comme tout permet de faire progresser l’intrigue de façon à parfaitement retomber sur nos pattes. Sauf que pas vraiment. Car « La réalité est parfois décevante » dira Frédéric, quand il avoue que son cocard est dû à une porte – Ce qui n’est d’ailleurs pas le cas. C’est-à-dire qu’ici, Gobert nous prévient de quelque chose, que les mystères peuvent être dérisoires. Mais plus tard il nous révèle l’autre dimension de ce cocard et appelle de nouveau à la méfiance. C’est très beau. Tout le film est là. L’angoisse crescendo qui parcourait Elephant laisse place à quelque chose de plus anodin, qui ne sera pas moins cruel pour autant.

     Il y a donc des instants très beaux, très durs, ces moments qui lèvent le voile sur des relations étranges, hypocrites (je pense à celle entre les deux amies), qui révèlent des personnages que les préjugés enfouissent dans leur propre solitude, et puis aussi des moments très drôles, notamment dans les interactions quotidiennes. Les discussions sont saisies par bribes, elles se chevauchent toutes : L’éventualité d’enlèvements et de la présence d’un tueur méticuleux pour les uns, simple école buissonnière pour les autres, un projet de fête d’anniversaire, des vannes en rafale, des petits secrets et autres banalités quotidiennes.

     Fabrice Gobert a la bonne idée de ne pas trop étirer son dispositif, il aurait pu multiplier les chapitres, en faire davantage (Laetitia, Frédéric, Grammont) mais ils se seraient trop chevauchés les uns les autres d’autant que certains fonctionnent beaucoup en binôme avec d’autres. Le segment Simon est très fort, il répond à tout en nous offrant ce qui pour les autres restera à jamais en suspens / une énigme : la relation amoureuse cachée et le meurtre. Cette fois je l’ai trouvé très émouvant même. J’aime beaucoup sa fin, au café, avec ce ballet de visages à la fois graves et nonchalants.

     Le film aurait pu souffrir de ses répétitions : répliques identiques mots pour mots, gestes pour gestes, ton pour ton de ce que l’on a vu avant ou que l’on verra après, suivant l’angle de vue choisi. L’effet Elephant, en somme. Mais Gobert trouve un juste équilibre, n’en fait jamais trop. La photo d’Agnès Godard est très belle, automnale, lumineuse et menaçante. Et je le répète mais musicalement le film est à tomber, entre la formidable bande originale signée Sonic Youth (super bien utilisée) et le morceau de Killing Joke qui revient en boucle. Caviar.

Les revenants – Saison 2 – Canal+ – 2015

12036706_10153237843712106_8212369495162862245_nLes égarés.

   3.0   C’est une immense déception. Alors au-delà de l’attente provoquée par une première saison de haute volée et au-delà du break trop imposant qui la sépare de son excitant retour, Les revenants, second acte, ne parvient jamais à susciter autre que du désarroi et de la confusion. Certes, l’ambiance aussi ouatée que pesante plane toujours, certes la mise en scène de Fabrice Gobert maintient ses quelques instants de belle inspiration, certes le mystère et la sidération qu’il provoque s’immisce parfois, il n’empêche que dans sa globalité, le récit est bien trop dilaté, les agencements mal fichus, notamment dans ses enchainements au sein d’un épisode autant que d’un épisode à l’autre. Ce qui fonctionnait à merveille il y a trois ans s’est quasi entièrement évaporé : Les liens entre les personnages sont plus diffus, les ponts scénaristiques, surtout entre les années (de nombreux retours en arrière peu fulgurants) sont soit téléphonés, soit indigestes. Et puis tout bêtement, il n’y a plus grand-chose de stimulant là-dedans, on attend que ça se passe. Tout ce qui tourne autour d’Adèle et Simon piétine, même chose avec Julie et Victor. On retient davantage ce qui se déroule chez les Séguret même si l’on a continuellement la sensation que ça pourrait être cent fois mieux raconté. J’aime beaucoup Laurent Capelluto, mais là ce flic qui met huit épisodes à accepter l’idée que les morts soient revenus, au secours. Les nouveaux venus – et connus – Aurelien Recoing et Laurent Lucas campent des personnages quasi transparents. Je peux continuer, l’inventaire est long. Reste que ça se regarde, que ça tient suffisamment en haleine, que formellement c’est tout de même pas dégueulasse. L’épisode 4 centré sur Virgil est très beau. Le 7 il y a aussi quelque chose. Mais ça ne débouche sur rien de probant, de fort, de stimulant, comme la saison d’ouverture parvenait à le faire. Pour moi, le ratage n’est pas dans True detective mais là.

Les revenants – Saison 1 – Canal+ – 2012

02. Les revenants - Saison 1

 Les autres.   

   8.0   Une autre série, un autre choc. Découvert il y a un peu plus d’un an et son ambiance me hante encore. C’est l’adaptation série du film éponyme de Robin Campillo sorti en 2004. La comparaison s’arrête là puisque je n’ai pas vu ce dernier. Une série à huit épisodes là-aussi. Comme pour True detective on se dit d’emblée que c’est peu, que tout ça va manquer de chair. Comme pour True detective ce sont là aussi huit épisodes d’une richesse inouïe, d’une profondeur colossale. Il y a de la frustration, évidemment, tant on en voudrait encore, mais avec le recul je me dis que le format est idéal, que ce n’est ni trop ni pas assez (en l’état il n’y a pas un épisode que je trouve plus ou moins important que les autres, c’est sa force), pas de longueur, de gras inutile, mais de la frustration, donc, suffisamment, pour avoir un jour l’envie et la possibilité de s’y replonger avec plaisir.

     L’histoire se déroule dans une petite ville de montagne où plusieurs personnes mortes depuis des années reviennent à la vie : Camille, une jeune adolescente qui a succombé dans un accident de car en 2008 ; Simon, un jeune homme qui s’est suicidé en 2002 ; Victor, un petit garçon qui a été assassiné par des cambrioleurs en 1977 ; et Serge, un tueur en série tué par son frère en 2005. Ils tentent de reprendre le cours de leur vie alors que d’étranges phénomènes apparaissent : coupures d’électricité, baisse du niveau d’eau d’un barrage, escarres sur le corps des vivants et des morts…

     J’aime beaucoup, dénouement compris. Etant donné l’ultime plan, je suppute la série à rallonge, on verra si c’est une bonne idée, mais à l’heure actuelle je serais tenté de dire Tant mieux. Quoiqu’il en soit, ces huit épisodes sont superbement tenus, avec cette atmosphère moite, lourde et ces mystères. Sorte de Twin Peaks dans le bassin Annécien en fait. La série prend le temps d’épaissir son récit et ses personnages, leur passé, les liens qui les unissent, les interactions et ne fige pas ses épisodes en fonction du personnage sur lequel elle semble se centrer – chaque épisode, hormis le dernier, porte comme titre le prénom d’un des personnages, comme c’était le cas, si ma mémoire est bonne dans Simon Werner a disparu, le précédent film de l’auteur. On pense beaucoup à Simon Werner d’ailleurs et on sent que ce long format convient nettement plus à Fabrice Gobert. J’aime ce même refus du sensationnel et surtout, le plus important, c’est le lieu : ce village englouti par la montagne, c’est un village qui ne ressemble à aucun autre, à la fois solaire et menaçant, doux et terrifiant. Et sous du Mogwaï c’est magnifique. La saison trouve sa dynamique peu à peu. L’épisode 7 est tout simplement monstrueux. J’aime moins le dernier mais pas tant pour son issue qui au contraire de ce que j’ai pu lire ci et là, révèle des choses et ne fait que provoquer clairement une suite évidente. C’est un cliff mais un beau cliff, une belle fin, qui est le début d’un truc plus grand. C’est comme si j’avais vu un pilot de huit épisodes, en somme.


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silencio


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