La communiante.
7.0 Essai transformé. C’est une belle réussite. La saison précédente se fermait sur un diner familial électrique, dans mon flou souvenir et cette saison s’ouvre sur un autre diner qui tourne là aussi au fiasco. Il y a un truc (une angoisse, un background, un désamour ?) avec les repas de famille chez Phoebe Waller-Bridge. Moins désespérée que la première saison dans l’ensemble, plus détachée peut-être, cette seconde salve est compensée par un épisode final à chialer. Qui prouve que malgré son fort taux de cynisme et sa nonchalance apparente, c’est une série hyper mélancolique – au diapason de son héroïne, en somme. Et puis cette idée géniale de constamment nous prendre à témoin (L’idée de la série grosso modo) prend cette fois une autre tournure, lors de la rencontre avec celui qui s’apprête à remarier son père puisque si jusqu’ici Phoebe Waller-Bridge entretenait une certaine complicité ironique et moqueuse avec son spectateur, invisible des autres personnages, là voilà épiée par cet homme qui a accès, comme nous, à son petit manège. Et ce que ça raconte est évidemment magnifique mais double : Tomber amoureuse d’un prêtre n’est-il pas le plus insurmontable des amours impossibles ?
Publié 19 mars 2017
dans Fleabag et Séries
Girl.
7.0 Dans la lignée de Girls, Master of none ou Atlanta, voici un nouveau portrait de trentenaire, cette fois-ci purement british puisque c’est à Londres que l’on va suivre les pérégrinations de la belle Phoebe Waller-Bridge (qui comme ceux suscités (Lena Dunham, Aziz Ansari, Donald Glover) écrit et incarne le premier rôle) sur six épisodes d’à peine trente minutes. C’est pourtant à une autre série que l’on pense devant Fleabag, plus chronique de quarantenaire pour le coup, à savoir Louie, la création new-yorkaise déjà mythique de Louis CK, autant dans son humour trash que dans sa façon de jouer avec les codes de l’absurde, de l’inattendu (On ne sait jamais où un épisode va nous embarquer) et tout simplement des codes mise en scénique qui irriguent habituellement ce type de show. Dans Louie, un tiers de la série voyait le personnage dans l’exécution de ses stand-up. Dans Fleabag, Phoebe Waller-Bridge choisit de s’adresser très régulièrement à nous (On fait clairement office de confident thérapeutique façon défouloir) donc à la caméra. Par exemple, lorsqu’un moment donné Fleabag (C’est son surnom) prend le métro, elle observe les gens, tous recroquevillés dans leur bulle, écouteurs dans les oreilles et de façon inexplicable, chacun se met plusieurs fois, en même temps, à exploser de rire, puis à retrouver son silence, puis à exploser de rire à nouveau. Phoebe Waller-Bridge nous prend alors à parti et lâche un : « I think my period’s coming ». C’est souvent de ce niveau, parfois plus doux, souvent plus trash. Le temps d’un épisode j’ai craint de vraiment détester ce truc arty, égocentrique et cynique. Force est de reconnaître que dès l’épisode suivant, on se surprend à s’attacher à cette fille hautaine et dépressive, avant de carrément adorer cette insatisfaite sexuel qui tente de combattre son double deuil et la galère dans laquelle son café (qui n’attire pas grand monde) l’a emmené. Dès que la sœur entre dans la danse, le problème est similaire, il faut un temps d’adaptation avant que ça ne devienne absolument génial, notamment le temps d’une cure qui tourne au fiasco, puis dans un repas familial un tantinet over the top. Le dernier épisode est somptueux et bouleversant. Hâte de la retrouver !