Archives pour la catégorie Fred Cavayé

Adieu Monsieur Haffmann – Fred Cavayé – 2022

16. Adieu Monsieur Haffmann - Fred Cavayé - 2022La place de l’autre.

   6.0   Je me méfie toujours de Fred Cavayé, capable d’honnêtes polars (Pour elle, A bout portant) et coupable de comédies nulles (Radin, Le jeu) alors évidemment le voir à la barre d’un film comme celui-ci, adaptation d’une pièce, en période d’Occupation, avec Auteuil et Lellouche ça fait peur autant que ça attise la curiosité.

     Tandis qu’il vient de mettre sa famille à l’abri en zone libre après l’annonce du recensement des juifs, Joseph Haffmann, bijoutier de Paris, propose à son employé, de lui céder la boutique (avec un faux acte de vente) et de lui reprendre une fois la guerre terminée, en échange de quoi il promet de l’aider à lui faire ouvrir son propre commerce et lui permet d’emménager, lui et sa femme, dans son grand appartement au-dessus de la bijouterie. Les contrôles Gestapo se succédant, Haffmann ne parvient plus à partir et se retrouve hébergé chez lui dans sa propre cave, mais peu à peu la relation entre les deux hommes va se dégrader.

     Le huis clos est bien maîtrisé, notamment dans sa mise en scène de chaque étage. Il y a par ailleurs de belles compositions de plans ci et là. L’intrigue théâtrale préserve ses rebondissements jusqu’au tout dernier. Et cette histoire du gentil gars, trop frustré parce qu’estropié (sa patte folle l’empêche de défendre son pays) et stérile (il ne peut faire d’enfant à sa femme) qui vire opportuniste collabo, dangereux avec son hôte, lamentable avec sa propre femme, prend une tournure de plus en plus lourde, bien épaulée par une Sara Giraudeau, un Gilles Lellouche et un Daniel Auteuil, bien choisis et concernés.

Le jeu – Fred Cavayé – 2018

09. Le jeu - Fred Cavayé - 2018Dîner entre cons.

   2.5   Deuxième fois cette année, après la daube d’Axelle Lafont, qu’un personnage demande ce que signifie le mot MILF. En 2018. Bref, comme prévu dans ce qui semble être le remake d’un film populaire italien, il y a zero mise en scène là-dedans. Je ne comprends décidément pas ce qui motive Cavayé – qui avait honorablement commencé avec Pour elle ou A bout portant – à œuvrer dans la danyboonerie (Radin !) ou cette comédie franchouillarde dans la lignée du Prénom ou du Code a changé. Le dîner de cons aurait mieux fait d’être le dernier de cette vague de films ultra théâtraux. Qu’importe, ce n’est même pas une question de mise en scène, de huis clos ou de pièce de théâtre, c’est tout simplement qu’on ne croit jamais à la possibilité que cette bande d’amis soit une bande d’amis. Dès lors, plus grand-chose ne fonctionne. Ce n’est pas drôle quand ça voudrait l’être et ce n’est surtout pas émouvant dans ses instants plus « dramatiques ».

Radin ! – Fred Cavayé – 2016

19. Radin ! - Fred Cavayé - 2016Rigolo mais pas trop.

   3.5   Fred Cavayé quitte le terrain du polar – Tant mieux, après deux réussites relatives (Pour elle, A bout portant) c’était devenu carrément n’importe quoi avec Mea Culpa – pour tourner une comédie avec Dany Boon. Ok. Il y a parfois des trucs qui m’échappent mais admettons. Et la première impression est plutôt positive : Sa réalisation très rythmée colle bien avec le personnage, grippe-sou comme pas deux, ainsi qu’avec l’acteur. On enchaîne chaque situation-gag sur un tempo (même un peu trop) effréné et Boon s’en donne à cœur joie. Jusqu’à ce qu’il rencontre une fille, en tombe amoureux tout en se rendant compte qu’il est incapable de donner à quelqu’un d’autre. Jusque-là, en comédie du dimanche soir, le film est correct. Sauf qu’il y a une seconde impression, imposée par un autre personnage qui débarque dans le récit, sa fille – qu’il a eu sans le savoir dans son adolescence parce qu’il utilisait des capotes périmées – qui vient le trouver pour qu’il lui offre une greffe de rein. Sans déconner. Dommage qu’il faille tenir ce genre de scénario débilitant quand on a une base aussi dense – Ce qu’avait magistralement réussi Alexandre Coffre avec Eyjafjallajökull, aussi avec Dany Boon. Donc ça vire au drama épouvantable, plus drôle du tout et c’est un calvaire de finir. A noter tout de même l’apparition au cinéma de cette actrice mimi comme tout (Noémie Schmidt, sosie d’Emma Watson) qui jouait Henriette dans la série Versailles.

A bout portant – Fred Cavayé – 2010

a-bout-portant-de-fred-cavaye-4392821zguidFast & Furious.

   5.0   Film dans la lignée de Pour elle, du même cinéaste. Absolument aucun gras. C’est un peu invraisemblable évidemment mais ça se regarde bien. Concernant le cas insoluble Lellouche je ne l’ai jamais trouvé aussi bon qu’ici. En fait, j’irai même jusqu’à dire que Cavayé a trouvé le seul vrai personnage que le gros Lellouche pouvait incarner. Rien que pour ça, je suis admiratif. Le truc c’est qu’ils en font tous des tonnes autour de lui, Lanvin, pour ne citer que lui, est risible à souhait. Du coup je trouve Lellouche parfaitement dans son personnage, ou peut-être que j’accepte davantage qu’il soit ridicule je ne sais pas. Je ne dis pas qu’il est bon non plus, simplement pour une fois il ne m’énerve pas. Et puis c’est un film à l’énergie, qui se fiche complètement d’une quelconque psychologie, ça dure 1h20 et ça ne redescend jamais, du coup il peut tout se permettre : les mauvais acteurs comme les invraisemblances. Les seules images que j’en garde sont d’ailleurs des images en mouvement. A l’inverse d’un Arcady qui comme toujours fait des films de « grandes phrases ».

Mea culpa – Fred Cavayé – 2014

17. Mea culpa - Fred Cavayé - 2014Taken 73.

   1.5   C’est très mauvais mais le plus douloureux, je crois, étant de s’en rendre compte dès le premier plan. Là tu le sais, tu le sens, tu t’engages dans un calvaire. Les deux premiers films de Cavayé étaient pourtant tout à fait regardables, modestes polars (que j’ai cependant vite oublié) tout en tension, mouvement et simplicité. Si l’on excepte ici deux séquences d’action correctement fichues (encore qu’il faille passer outre un montage parallèle particulièrement lourdingue) que sont la poursuite post Corrida (Le montage garçon/animal à cet instant c’est du niveau de Lucy) et le TGV, le film est noyé sous un déluge formel absolument ridicule, des dialogues pathétiques, à la manière des pires productions Besson et des pires réalisations de Marchal réunies. Pas facile à faire, j’en conviens.

Les infidèles – Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Alexandre Courtes, Jean Dujardin, Michel Hazanavicius, Eric Lartigau & Gilles Lellouche – 2012

04_-les-infideles-emmanuelle-bercot-fred-cavaye-alexandre-courtes-jean-dujardin-michel-hazanavicius-eric-lartigau-et-gilles-lellouche-2012Les couilles des hommes.   

   3.5   C’est un film intéressant. Oui. Contre toute attente. Non que ce soit honnêtement défendable dans son ensemble, mais il y a des qualités ci et là. C’est un film a sketchs. S’en méfier comme de la peste de ce sous-genre, prolifique dans le cinéma comique italien des années 50. S’en méfier parce que le court ne se fond pas naturellement dans le long. En fin de compte c’est un projet qui pourrait relancer l’intérêt pour le court-métrage en général, malheureusement l’effet produit est inversé. Sur ce point, Les infidèles réussit et échoue. Il réussit dans l’agencement des petites histoires et dans leur contenu, par son côté désorganisé et sa faculté à ne pas constituer de construction concrète et attendue. Ainsi, les variations autour de l’infidélité masculine ne sont pas bâties identiquement, certaines pastilles, par exemple, s’immisçant entre deux courts d’une durée même pas similaire. Je n’ai pas cette impression de cahier des charges ultra respecté, ça me plait. La linéarité est aussi mise de côté, les histoires ne cherchant pas à se répondre les unes aux autres de manière chorale, on échappe donc à ce dispositif lourdingue tant adoré des Jaoui, Klapisch et consorts. Malheureusement, ce côté cancre se retourne aussi contre lui, dans la mesure où rien ne répond à rien mais où tout se ressemble plus ou moins. C’est entre-deux eaux, j’aurais préféré que le film s’affranchisse intégralement de ça, pourquoi pas espérer un Holy motors de la comédie populaire, on peut toujours rêver ; ou qu’il y ait tout de même quelques passerelles entre chaque histoire, que quelque chose se noue à travers le temps. En l’état, le film s’amuse juste avec ses personnages, mais ils n’ont jamais le même rôle.

     Le film est donc bancal d’autant que forcément, les sketchs ne sont pas réalisés par les mêmes réalisateurs. Exit les pastilles réalisées par Courtes, véritables interludes sans intérêt, aussi bien mises en scène qu’une pub trash, sortes de copie de Bref version « Bref, je me suis fait gauler ». Exit le sketch de Courtes, toujours – décidément très mauvais metteur en scène – sur les infidèles anonymes, complètement nul, excepté la présence de la magnifique Sandrine Kiberlain et de deux/trois mots lâchés par Manu Payet, plutôt inspiré. Exit aussi le prologue, réalisé par Cavayé, non que ce soit mauvais mais c’est pile poil ce à quoi je m’attends quand je lance le film, donc ça ne m’intéresse pas, pire, je pense que rétroactivement, ce sketch ne correspond pas du tout à l’esprit du film. Exit le dernier, Las Végas, réalisé par les deux compères acteurs en vogue, même si l’on fini par y voir l’un sodomiser l’autre, fallait oser. Celui-ci est d’ailleurs clairement le prolongement du prologue. Reste le Lartigau, pas mal, un peu plus grave, mais un peu court, à court d’idées surtout. Et les deux qui retiennent mon attention : La bonne conscience, de Michel Hazanavicius ; La question, d’Emmanuelle Bercot. Comme quoi, il n’y a pas de secrets, c’est en parti pour ces deux « vrais » cinéastes que je me suis penché sur Les infidèles. Je précise au passage que le film ne situe jamais, en tout cas pas avant son générique final, la provenance de ses sketchs. C’est donc une fois le film terminé que je me suis aperçu que mes deux préférés étaient fait deux réalisateurs que j’estime. Point de conditionnement de politique des auteurs ni de mauvaise foi envers les autres.

     Celui d’Hazanavicius est une sorte de Lost in translation chez Houellebecq ou de OSS 117 perdu dans Les bronzés. L’ambiance, la minutie géométrique de cette errance dans les couloirs et le ton du dialogue, on ne peut pas se tromper longtemps, on reconnaît le style. Il faut simplement accepter un ton nettement plus dépressif. Dujardin y ère dans un grand hôtel à la recherche d’une nénette avec qui passer la nuit et finira par convoité la moins attirante de toute, celle qu’il n’aurait jamais draguée ailleurs. C’est un loser terrifiant. Je le reverrai volontiers celui-ci, j’ai l’impression qu’il m’a un peu échappé. Ce qui ne fut pas le cas pour le sketch d’Emmanuelle Bercot, mention spéciale, la bonne surprise, qui m’a un peu calmé, je dois bien l’avouer. Le récit est quasi uniquement centré sur le couple Dujardin/Lamy, Lellouche y faisant son apparition aussi, mais seulement comme ami avouant honteusement ses coucheries dans le dos de sa femme, abandonnée dans la cuisine, lors d’un dîner entre amis. Ce dialogue va en engendrer un autre, plus tard, quand le couple sera de retour au bercail. Une question, la tourmente. L’aveu installe un malaise, puis la violence, puis un autre aveu. La parole se perd dans l’espace, les corps tournoient dans la maison, autour des tables, du canapé, du lit, l’ambiance est électrisée, elle devient même méchante, pleine de rage, de désespoir Cassavétien. Le fait que le couple en soit un vrai provoque une impression bizarre, comme s’ils étaient face à face, à cœur ouvert, tous deux sont excellentissimes, au passage. C’était hyper déstabilisant, hyper culotté surtout. Et ça ne fait que confirmer que ce n’est pas un film drôle et misogyne, au pire on peut le trouver un brin caricatural et moraliste. Et donc ça n’a strictement rien à voir avec les affiches matraquées sur les quais de gare au moment de sa sortie, affiches qui ont tant fait parler d’elles. Non, ce n’est pas vraiment drôle, enfin ça ne met pas la pêche, c’est drôle par-ci par-là, les moins bons moments du film d’ailleurs, mais c’est surtout sinistre et glauque, limite cafardeux. Donc ce n’est pas terrible dans l’ensemble, c’est bancal, mais tout de même je ne m’attendais pas à ça.


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silencio


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