Publié 25 juillet 2016
dans Frederic Schoendoerffer
Comme les sept doigts de la main.
2.0 Si 96 heures, le précédent film de Schoendoerffer fonctionnait relativement c’est parce qu’il focalisait son intrigue autour de deux personnages, seulement. Je ne pense pas qu’il soit capable de plus, deux, c’est sa limite : Scènes de crimes, son meilleur film à ce jour, c’était pareil. Il lui faut un duo, point barre. Le Convoi est l’histoire d’un go fast entre Malaga et Paris à quatre voitures, sept personnes au total et bientôt huit en prenant en compte l’otage puisque le voyage ne va évidemment pas se dérouler comme prévu. Alors on tente de les faire exister via un montage parallèle, des discussions, des appels téléphoniques, on tente d’établir des interactions, un semblant de passé et de personnalité pour chacun, mais rien n’y fait. Impossible d’entrevoir les motivations. Aucun personnage n’existe et dépareille des autres. Avec ça il faut se farcir une première heure de jour à l’esthétique indigente, jaune moutarde bien dégueulasse, et un montage raté, soit trop effréné soit trop mollasson. La suite n’est guère meilleure sinon qu’on bascule de nuit, photo bleutée, façon Michael Mann low cost. Et il n’y a pas de surprise, pas une seule idée de mise en scène, des dialogues tous plus insipides les uns que les autres, des scènes d’action d’une pauvreté hallucinante. Et comme aucun personnage n’est intéressant, zéro émotion dès qu’ils disparaissent. Bref, c’est mauvais.
Publié 12 mai 2016
dans Frederic Schoendoerffer
L’indic.
5.0 Avec les nanars que nous a récemment pondu Schoendoerffer (d’Agents secrets à Switch, en gros) ainsi que la présence au casting de Gérard Lanvin et Niels Arestrup en têtes d’affiche, Laura Smet, Anne Consigny et Sylvie Testud en seconds couteaux et ce titre, plaqué sur la durée maximum légale d’une garde à vue, soit donc 96 heures réduites en 96 minutes, ce nouveau cru avait sur le papier tout du best of irrécupérable. Arestrup incarne Kancel, un vieux caïd, qui profite d’une extraction pour kidnapper Carré (Lanvin) le commissaire de la BRB, afin de lui soutirer le nom de l’indic qui l’avait balancé trois ans plus tôt, pour le fiasco de son casse. C’est donc un duel d’intimidation entre un caïd vengeur et son flic otage, rien de plus. Evidemment, certains effets parasitent l’ensemble. Bien sûr, le montage parallèle est parfois chaotique ou fait pour empêcher que l’étirement provoque l’ennui. Pourtant, c’est haut la main ce que Schoendoerffer a réussi de mieux avec Scènes de crime, il y a quinze ans. Moi qui regardais Section zéro à côté je me rends compte à quel point Marchal peut être mauvais en tout quand son pote arrive parfois à trouver un correct juste milieu. Il y a plusieurs exemples : Les dialogues d’abord, chez Marchal c’est comme chez Arcady, c’est tellement grandiloquent, écrit dans la punchline que c’est ridicule en permanence. 96 heures est peu dialogué, juste ce qu’il faut et ça tombe bien car les silences d’Arestrup sont ce que le film trouve de mieux. Ce type peut vraiment être flippant s’il n’en fait pas trop ; Rectification, s’il lâche les chevaux avec parcimonie. L’autre élément c’est la violence, toujours utilisée comme un défouloir bien gras chez Marchal, qui adore ça et cela se voit. Dans 96 heures le premier coup de feu intervient après une heure de métrage et il y en aura à peine plus. Et au-delà de ces remarques, le scénario est simple, précis mais sait ménager ses progressions, ses zones d’ombre avant d’accoucher dans un final suffisamment anxiogène pour déjouer son caractère attendu (La fille qui entre dans la danse, la flic qui arrive à bout de sa quête solitaire, les hommes de main qui se grillent entre eux). Franchement, si l’on enlève les quelques phrases bateau qui ouvrent et ferment le film, on peut presque y voir un débouché d’Engrenages, mode format court en décor quasi unique, dans sa dynamique, son crescendo, ses infimes rebondissements en cascade. La musique signée Max Richter, qui accompagne le film tout du long, lui offre une ambiance froide et carré à défaut de nous propulser dans l’action et/ou l’horreur, et c’est tant mieux.
Publié 10 mars 2015
dans Frederic Schoendoerffer
3.0 Pendant une heure et ce malgré des invraisemblances grosses comme des maisons le film se suit gentiment via cet énième procédé d’innocente embringuée dans une machination énorme. Et puis d’un coup ça devient absolument n’importe quoi avec cette histoire d’ADN. Là je me suis dit houla on se croirait bientôt dans Les rivières pourpres. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai découvert que c’était une adaptation d’un bouquin de Grangé…
Publié 26 juillet 2011
dans Frederic Schoendoerffer
Les rivières blondes.
5.5 Le problème du film c’est qu’il s’inscrit dans la veine du polar aux cahiers des charges par oppositions bien définies. Deux flics mènent une enquête sur un serial killer qui décapite les jeunes femmes blondes. L’un est jeune et fougueux, il ne laisse rien passer et semble habité par ce quotidien de la recherche dans lequel il s’investit corps et âmes, même pas au détriment de sa relation amoureuse, quasi intouchable alors qu’un enfant est en route. L’autre est bien entendu moins jeune, sans doute proche de la retraite, moins efficace, plus en dilettante, c’est surtout un homme meurtri – entièrement seul depuis que sa femme l’a quitté – qui noie chacune de ses soirées dans l’alcool, inexorablement. Tout est bien dessiné. La nomenclature du duo attendu. Et c’est dommage car ce qu’il y a de réussi dans Scènes de crime ce sont justement ces scènes de crimes, enfin ce qui en découle, la recherche, la précision quasi documentaire offerte par la mise en scène. Très peu d’effets de style et un climat automnal inquiétant. Quelques scènes fortes : La marche dans un sous-bois ou sur un chantier pour aller découvrir des corps enterrés ou noyés ; Une autopsie longue et crue qui provoque un certain malaise ; Une scène au luminol, procédé qui permet de voir les traces de sang dans le noir complet. J’aime la démarche, le temps que prend le cinéaste pour filmer ces séquences qui n’apportent finalement pas grand chose à son histoire, sinon de saisir à la fois les sensations de ses deux personnages centraux et la puissance éprouvante des découvertes. Reste à savoir vers quoi le cinéaste basculera. Naturalisme documenté et poésie de la solitude ou grandiloquence binaire à l’Américaine ? En gros, plutôt Beauvois, tendance Le petit lieutenant ou Marchal, tendance Mr73 ? Je n’ai pas vu ses deux derniers films (Truands et Switch) mais au vu d’Agents secrets, la merde avec Cassel et Bellucci, je crains qu’il ait malheureusement penché du mauvais côté… Par ailleurs, Scènes de crime ne fonctionne pas bien dès qu’il perd son personnage, celui joué par André Dussolier. C’est une très belle scène au passage et ça l’inscrit tout à fait dans le schéma proposé par le film, assez radical. Problème est qu’ensuite il n’y a plus grand chose. On ne piétine plus, chaque séquence succède à une autre et se doit d’être utile. La résolution de l’enquête n’est pas loin du ridicule (la scène plus tôt avec le voyant ne marche pas, on s’attend à voir cette fameuse plaque 17 sur un mur jaune) et l’on sent que Schoendoerffer veut finir son film à tout prix. Néanmoins je retiens quelques scènes et une ambiance qui me plaisent beaucoup dans ce premier film.