Publié 4 novembre 2022
dans Frédéric Tellier
L’enjeu sans visage.
4.0 La première partie du film m’a intéressé tout simplement parce qu’il s’agit de filmer le quotidien d’un sapeur pompier, d’une caserne, par petites situations, missions (un suicidé sur une rame, une mère de famille accidentée de la route, une vieille femme ayant subie une attaque…) et sous forme d’ellipses. On y voit un couple construire une famille un peu contre leur environnement, assez bien symbolisé par le fait qu’ils habitent un logement dans la caserne. Qu’elle rêve d’autre chose quand lui s’y complaît entièrement, dévoué à son métier, d’autant qu’il passe les concours pour devenir chef d’équipe de feu. Il y a déjà un dérèglement mais il semble ne pas entraver tant que ça leur petit bonheur conjugal, si ce n’est qu’elle flippe beaucoup tandis que lui s’avère systématiquement rassurant en désamorçant tout (jusqu’à l’accident d’un collègue sur un toit) par l’humour. Il se sent aussi épanoui qu’intouchable. Et puis le film bascule quand lors de sa première mission de chef de feu, il est gravement blessé et brûlé. Le film tient la route grâce à la première partie, à ce qu’il a su mettre en place, disons, ses personnages secondaires compris. Mais le tour de force tire larmes qu’il impose à son mélodrame doublé d’une fastidieuse hymne au courage, de revivre et de changer, m’a en définitive moins touché (allez hormis la jolie scène du retour au bercail familial) qu’écœuré. Histoire vraie ou pas, le film manque quand même d’équilibre, quand bien même l’interprétation y soit globalement excellente.
Publié 8 octobre 2022
dans Frédéric Tellier
Dark pesticide.
6.0 Tout aussi appliqué et télévisuel que L’affaire SK1, déjà réalisé par Frédéric Tellier, néanmoins celui-ci tient mieux la distance, par son rythme, son montage, son interprétation (Gilles Lellouche en avocat rouillé et déterminé, Pierre Niney en lobbyiste infect et sournois, tous deux excellents, mais gros bémol sur le jeu d’Emmanuelle Bercot en activiste forcenée, qui tire constamment sur la corde mélodramatique) pour traiter d’une affaire de pesticides aux retombées drastiques sur la population. Le film s’inspire de l’affaire des Monsanto Papers, la tétrazine (désherbant inventé) remplaçant le glyphosate, mais tout de ce mélange de film dossier / thriller parano sonne vrai, efficace, très travaillé en amont – et scénarisé par le même homme que celui de Boite noire – un peu comme dans le récent beau film de Todd Haynes, Dark waters. C’est peut-être un peu trop américanisé dans ses effets, mais c’est plutôt une bonne surprise.
Publié 7 mars 2016
dans Frédéric Tellier
True story.
4.5 Je trouve ça honnête, appliqué, mais dans l’ensemble je l’ai déjà oublié. Trop formaté, télévisuel, impersonnel pour procurer mieux qu’une maigre curiosité, malgré un sens du rythme et du montage évident. Surtout parce qu’il veut jouer sur le sensationnel en permanence, être le nouveau Seven et affiche, en croyant à son brio, ici une succession de découvertes macabres, là une intensité et un suspense procédurier qui n’existe plus si l’on a suivi, entre deux colonnes de brèves, le procès Guy Georges. Et puis j’ai un problème avec Gourmet. Je l’aimais bien dans ses seconds rôles chez les Dardenne, mais depuis qu’il joue la semi star je le trouve toujours (excepté chez Schoeller) à côté. Et puis il y a Personnaz, qui autant le dire, est un miscast ahurissant. Il est nul. Il n’est rien, ne transporte rien. L’interprétation mise à part, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la première saison de True detective et là au jeu des comparaisons, disons c’est que c’est foiré d’avance.