Archives pour la catégorie Friedrich Wilhelm Murnau

Le dernier des hommes (Der letzte mann) – Friedrich Wilhelm Murnau – 1925

21. Le dernier des hommes - Der letzte mann - Friedrich Wilhelm Murnau - 1925Le crépuscule.

   8.0   Dans un hôtel prestigieux, un vieux portier extravagant – fier d’arborer sa réussite avec son uniforme d’officier général orné de broderies et épaulettes – est respecté de tous, aussi bien sur son lieu de travail que dans l’immeuble où il crèche.

     Or d’emblée, deux mondes s’opposent. Il y a les riches de passage dans ce lieu de transit de luxe, qui passent les portes tambours et s’empiffrent de caviar et il y a les prolos engoncés dans un quartier caché, qui se croisent dans l’arrière-cour et font sécher leur linge aux fenêtres. Le personnage est à la jonction de ces deux univers.

     Un jour, le portier éternel et jovial se voit destitué de son poste et par la même occasion, dépouillé de son apparat princier, parce qu’il a fait son temps, substitué par son double plus jeune, mais pour sa fidélité légendaire se voit attribuer le gardiennage des sanitaires.

     La suite n’est qu’errance et souffrance d’un homme humilié, entre indifférence et mépris du monde, condamné à voler et porter son ancien uniforme afin de ne pas éveiller les railleries de son voisinage. C’est un grand film sur le vieillissement et la déchéance moral d’un homme. Un film truffé de trouvailles visuelles, avec parfois des plans déformés, une image titubante afin de capter les états d’âme du personnage.

     Et surtout, aucun intertitre, c’est dire si Murnau croit au cinéma, aux puissances de la mise en scène. Enfin un seul carton intercalaire, tout de même – presque un pied de nez aux studios – juste avant l’épilogue, qui annonce que tout devrait mal finir, comme dans la vie, mais qu’au cinéma on peut inventer un happy end. Sublime.

Tabou (Tabu) – Friedrich Wilhelm Murnau – 1931

Tabou (Tabu) - Friedrich Wilhelm Murnau - 1931 dans * 730 taboo+murnau

Tout ce que le ciel permet.     

   9.0   Le film est découpé en deux parties. Le paradis. Le paradis perdu. Une dichotomie que Murnau a su aisément surmonter car Tabu ne donne jamais cette impression de scission. Il aurait justement pu correspondre à la situation des deux amants, le paradis d’un côté, suspendu, où l’on a l’impression que rien ne peut arriver puis le paradis perdu montrant la fuite irrémédiable des amants en proie au sacrifice. C’est un peu le cas, mais il n’y a pas de cassure, ces deux intertitres sont à ce titre complètement inutiles. Finalement, ils existent davantage comme assimilation au lieu. En quittant leur île vers la civilisation, les amants se condamnent. Tandis que le couple de l’Aurore, lui, se reformait au contact de la ville. Dans la première partie, avant l’évasion, l’atmosphère ne manque pas de joie (baignades dans les cascades) et de tristesse (les larmes du garçon à qui l’on enlève la dulcinée), de liesse (incroyable séquence de danse) et de menaces (le grand chef Hitu, qui évoque les règles qu’engendre le rituel sacré), on y détruit une liaison pour faire de la jeune femme une vierge sacrée, qui sera aussitôt sacrifiée si l’on éprouve du désir pour elle. L’histoire d’amour qui lie ces deux êtres est alors vouée à s’éteindre, mais à la suite des festivités qui achèvent la cérémonie du sacre, les deux amants s’évadent. Dans la deuxième partie, les deux amants tentent d’abord de vivre grâce aux talents picaresques de Matahi, qui sait débusquer des perles rares. Mais le jour où l’on interdit la pêche parce qu’un requin rode dans les parages, il est alors bien difficile de débusquer ces fameuses perles. Mais petit à petit, les amants sont pourchassés par Hitu, prêt à tuer Matahi sous les yeux de Reri qui l’en empêche et le supplie sans doute de lui laisser la vie en échange de quoi elle le rejoindrait dans les trois jours. La situation étant pour le moins délicate, les amants vont tout faire pour s’enfuir, jusqu’à réunir un peu d’argent qui leur permettrait de prendre le bateau, qui sait, peut-être de rejoindre un autre continent. Mais au moment de payer, Matahi est rappelé à l’ordre sur des factures qu’il a signées et qu’il n’aurait pas payées, s’élevant à une somme astronomique. Les amants n’ont plus d’argent. Reri laisse une lettre d’adieu à son amour en pleine nuit tandis que lui s’en allait chercher des perles dans la zone à risque, son unique espoir. A son retour, Reri est déjà partie. Il embarque sur une pirogue à la poursuite du voilier et voyage d’île en île, bientôt à la nage, dans le but de devancer le bateau, obligé de les contourner. Au moment de le rejoindre, Matahi s’accroche à une corde, que Hitu coupe sans ménagement. Reri, dans la soute, n’a rien vu. Matahi nage de plus en plus lentement, il s’épuise et disparaît sous les flots. Murnau utilise très peu les cartons, avec minutie. Généralement il n’y a que ce qui est écrit sur les parchemins qui sont lus pendant le film. Tabu est une histoire d’amour en pleine tempête, mais tout se joue sous un soleil radieux, aride, c’est d’une grande tristesse désespérée, c’est beau comme c’est pas permis. Murnau est un génie.


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silencio


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