Archives pour la catégorie Fritz Lang

La rue rouge (Scarlet street) – Fritz Lang – 1947

34. La rue rouge - Scarlet street - Fritz Lang - 1947Peinture perverse.

   7.0   Après Jean Renoir, Lang réadapte La chienne, le roman de Georges de la Fouchardière. L’histoire d’un meurtrier ordinaire, caissier sans histoire et peintre naïf qui fait la rencontre d’une femme dans Greenwich village : elle le prend pour un riche artiste, il en fait sa muse, elle profitera de lui – avec l’aide d’une raclure de compagnon secret – et le dévorera jusqu’à l’humiliation. C’est un univers impitoyable, pervers sur lequel règnent en maître un couple d’arrivistes sans scrupules. Christopher Cross se voit dépossédé de tout, jusqu’à son propre crime. Il n’aura plus que des voix cauchemardesques pour l’accompagner. Edward G. Robinson est magnifique.

House by the river – Fritz Lang – 1950

11. House by the river - Fritz Lang - 1950Le fleuve de la mort.

   7.5   Un Lang relativement méconnu – mais de moins en moins – qui resta par ailleurs longtemps inédit dans nos contrées, alors qu’il contient tout du Lang passé par le prisme psy : Il y a du Mabuse, du M le maudit, et le film sort dans la foulée du Secret derrière la porte.

     Stephen Byrne est un monstre lui aussi, un être maléfique aux apparences pourtant trompeuses tant il semble sans histoire, nonchalant, décontracté. Mais déjà lorsqu’il regarde le fleuve marécageux qui jouxte sa résidence, il n’éprouve rien devant le spectacle de débris et animal crevé charriés par les eaux, contrairement à sa voisine, qui s’en plaint. Plus tard, Stephen confondra les algues, branches et souches qu’elle transporte, avec le corps d’Emily.

     Cette bâtisse que Stephen habite, est l’un de ses meilleurs boucliers. Elle masque sa frustration. Car c’est un écrivain raté qui supporte difficilement les retours de ses manuscrits. Après avoir reçu une énième lettre de refus d’un éditeur, Stephen entend l’eau couler dans les tuyaux et il a vu la lumière dans la salle de bain. Sa femme de chambre prend sa douche. Le désir est enclenché. Le parfum – arboré par Emily et qui n’est autre que celui de Marjorie, son épouse – finira d’en faire une proie parfaite à son désir.

     Tandis que sa femme est absente, il observe, l’air joueur et pervers, Emily descendant les escaliers, inquiète du bruit qu’il a provoqué et qu’il dissimule en se cachant comme un enfant – Il porte encore toute l’innocence en lui. Il tente de l’embrasser, elle crie. La voisine sort. On pense qu’elle a entendu Emily crier. En fait, elle vient ramasser un rouleau de cordes. De la corde ! Pendant que Stephen, sans le vouloir, mais pour étouffer ses cris, étrangle la jeune femme.

     Dans la foulée, quelqu’un sonne à la porte, pendant que Stephen, aussi choqué que vulnérable, tente de se cacher (encore) entre les meubles et les ombres, comme une bête apeurée. C’est son frère. Il va l’aider, non sans plusieurs refus, mais il va l’aider, comme il l’a toujours fait. Le corps dans un sac, une allée à traverser, une barque à prendre et le fleuve fera le reste.

     Pour être honnête, j’en veux un peu à Lang de ne pas faire aussi fort qu’Hitchcock le fera dix ans plus tard avec Psychose. Il ne s’agit évidemment pas de les comparer – quand bien même on peut y trouver quelques similitudes, ne serait-ce que dans les lieux, l’ambiance gothique – mais ce qui manque à House by the river, c’est peut-être de faire exister Emily au préalable, cette faculté à brouiller les cartes pour exploser à mi-parcours. L’ouverture du Lang est si exemplaire que la suite en pâtit un peu. A l’image du procès, d’ailleurs, qui est traité par-dessus la jambe, si on le compare à celui de Fury, quinze ans plus tôt.

     Pourtant, malgré son rythme languide, le film reste passionnant. House by the river sera le portrait d’un homme à priori ordinaire, mais qui contient en lui les germes du Mal. Provoqué par ses frustrations, ce Mal va exploser non pas durant le meurtre – involontaire – mais dans la fuite qu’il génère. D’abord dans sa facilité à faire disparaître le corps. Puis dans sa façon de se l’approprier. La pulsion pathétique (du crime) mue en incarnation exaltée (pour le cacher) au point qu’il déplace les soupçons sur son propre frère, profite de la mort de sa bonne à dessein publicitaire pour son bouquin tout en s’avérant de plus en plus violent avec sa propre femme. Un pur personnage langien tout à fait abject, en somme.

     Le pire étant qu’il consent à devenir ce criminel. Il retrouve son inspiration littéraire dès l’instant qu’il se superpose à son personnage, qu’il s’incarne dans son criminel de plume. Le pouvoir du crime a pris possession de lui. Et à fortiori il lui faut trouver l’innocent qui portera le chapeau, qui sera bien entendu son propre frère, qui lui effectue une transformation contraire : Il est tourmenté par sa culpabilité de complice et par cette propension que le monde (sa bonne comprise) prenne plaisir à salir la réputation de la défunte.

     Il y a des fulgurances, des éclats plastiques qui sont de purs instants de grâce morbide. L’apparition de Marjorie, la femme de Stephen, qui fait son entrée dans le film de la même manière que le faisait Emily, crée un trouble aussi bien pour le spectateur que pour Stephen lui-même, qui associe les deux femmes, croit voir Emily revenir ou se voir tuer Marjorie. Là-aussi un poisson-éclair réapparait dans le miroir, le même qui sortait de l’eau au moment où il jetait le corps de la jeune femme dans le fleuve. Trouble qui reviendra en écho à la toute fin lorsque son frère (dont il croyait s’être débarrassé) revient, trempé, titubant, comme extirpé du royaume des morts. Le rideau flottant, qui lui-aussi semble sorti du fleuve, précipitera la chute de Stephen. Vraiment c’est un film qui mérite d’être revu.

Les bourreaux meurent aussi (Hangmen Also Die!) – Fritz Lang – 1943

24. Les bourreaux meurent aussi - Hangmen Also Die! - Fritz Lang - 1943Le criminel évincé.

   4.5   Punaise, c’était laborieux. Bon, je suis pas très Lang de manière générale, ceci explique sans doute cela. Quand bien même, Les bourreaux meurent aussi me semble beaucoup moins intéressant qu’un M le maudit ou un House by the river, qui brillent, eux, par leur ambivalence – Si je les rapproche c’est dans leur façon de traiter l’ambiguïté du crime. Reste qu’on est en 43, c’est la guerre et Lang est moins dans une inspiration de mise en scène que dans la propagande antinazie. Son film est donc une ode à la solidarité collective et résistance tchécoslovaque avant tout. Difficile de critiquer l’idée, ce bien que cinématographiquement ce soit peu intéressant ou très maladroit. Car si le film est visuellement fort (Les jeux d’ombres et de lumières chers à Lang, on peut même y trouver un côté Secret derrière la porte avant l’heure, au détour de quelques plans) il est surtout écrasé par sa mécanique scénaristique, souvent lourde, pour ne pas dire grossière. Avec pareil sujet en fond, c’est un peu gênant de le voir jouer sur de tels éclats esthétiques. Et puis cet air complètement ahuri que trimballe l’actrice pendant tout le film, c’est pas possible.

Le Secret derrière la porte (Secret Beyond the Door) – Fritz Lang – 1948

Le Secret derrière la porte (Secret Beyond the Door) - Fritz Lang - 1948 dans Fritz Lang secret-derriere-la-porte-1948-08-gLa septième obsession.

   6.5   Au même titre que le Hitchcock de Strangers on a train, je ne suis séduit que partiellement, cette fois plutôt la seconde partie d’ailleurs, dès l’instant que Joan Bennett fait connaissance avec la passion étrange de son homme, qui collectionne des chambres de reconstitution de véritables meurtres et les fait visiter comme des caves musées. Dès lors et ce bien que l’on sente tout venir, la mécanique parait plus aléatoire, les jeux d’ombres plus abstraits, l’atmosphère devient anxiogène et surtout le film se libère un peu de l’omniprésence de sa voix off archi envahissante (Qui commente ce que Celia pense en permanence) qui plus est en finissant par la faire échoir au mari mystérieux et malade. Si je ne suis pas entièrement convaincu, il y a quelque chose qui persiste dans cette intrigue à la Barbe-bleue, qui hisse le film vers la nuit, vers cette porte que l’on doit ouvrir pour en percer son mystère, vers des bougies asymétriques à la symbolique terrifiante, vers un passé funeste qui surgit de toute part et les flammes du présent qui viennent engloutir ou presque ce Caïn moderne dans son manoir hanté.

Le diabolique Docteur Mabuse (Die Tausend Augen des Dr. Mabuse) – Fritz Lang – 1961

10425007_10152533127497106_8428611340678654114_n     6.0   Je me rends compte que je connais mal Lang, enfin soit c’est trop loin (j’avais dû en voir quelques uns il y a dix ans) soit je n’ai pas vu (et il y en a un sacré paquet). Hormis La femme au gardénia et House by the river, vus l’an dernier que j’avais beaucoup aimés. Ce dernier volet des Mabuse est aussi le dernier film de Lang et j’ai trouvé ça très bien. Une sorte de série B parfaite rehaussée d’une mise en scène magnifique. Du coup ça me donne envie de faire une rétro de l’allemand.


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