5.5 C’est un film d’action efficace et virtuose, sec et tranchant, impossible de dire le contraire. Rien n’est laissé au hasard, les coups ne sont pas retenus, aucune invraisemblance ne vient parasiter l’ensemble. Le film ne lésine donc sur rien ni ne fait de compromis, à l’image de cette scène de combat impressionnante, interminable, à mains nues, filant sans sourciller vers une mise à mort inattendue. Malgré tout le bien que j’en pense – un bien relatif évidemment, ça reste du film de gros bourrin – je ne peux m’empêcher de penser que le film aurait gagné en stabilité et homogénéité s’il avait évité la profusion d’effets de style. A convoquer les références diverses, couvrant pêle-mêle les cinémas de Woo, McTiernan ou encore Carpenter, la multiplicité formelle de The raid ne lui offre pas d’identité ni d’atmosphère propre qu’il méritait, sinon une impressionnante cinématique certes, mais peu stimulante. Exit l’humour – même noire, apparemment ce n’est pas son truc – et les grandes explications de scénario – Bonne initiative ! – le film se perd à vouloir recréer une sorte d’opéra macabre, à la Johnnie To (Exilé). Bullet time, caméra tremblante, plan séquence en panoramique, saccades, jeu d’ombres, précision chirurgicale, ralentis en tout genre, le film est trop dans un appétit de stylisation à outrance, trop indigeste. Plus de concision et de simplicité n’aurait pas été du luxe. Je rêvais d’un pur objet de mise en scène, qui aurait investi les lieux dans ses moindres recoins, vagabondé entre pièces, couloirs et escaliers avec nettement plus de vertige. Quitte à jouer la carte du jeu vidéo, y aller jusqu’au bout, en faisant rimer virtuosité et confinement. Il reste donc un honnête film d’action (L’auteur voulait faire un gros film popcorn et retrouver la grâce d’actionner d’un John Woo) et surtout un film de combat, manifeste du silat, art martial indonésien dont Gareth Evans s’est littéralement passionné. De ce point de vue, il faut reconnaître que le défi est plutôt réussi.
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