Archives pour la catégorie George Miller

Furiosa – George Miller – 2024

01. Furiosa - George Miller - 2024Horizons abscons.

   6.5   J’ai eu un mal fou à entrer dans le film – et pas uniquement parce que les sièges du cinéma étaient de mauvaise qualité. Je trouvais ça vraiment très laid, l’image, le numérique, les textures. Et si je m’y suis fait (c’était déjà le cas pour Fury road, l’exaltation en plus) Furiosa restera pour moi tout l’inverse d’un film organique (puisque j’ai pu lire ce terme un peu partout) tant je vois que du faux partout, dans chaque plan.

     Dans la partie « enfance » de Furiosa, le film m’a semblé mal branlé, mal construit, ayant l’impression continue qu’il ne savait pas où aller. Heureusement, la grande course-poursuite au mitan réveille. Et c’est paradoxalement le moment où je trouve la relation avec Praetorian Jack (qui est une endive sans nom) absolument sans intérêt, contrairement à l’utilisation de Max dans le film précédent.

     Pourtant c’est la sécheresse du film qui m’a rattrapé. Une sécheresse (un peu à l’image de la sortie de ce personnage side-kick du récit) telle qu’elle semble dessiner la carte du blockbuster moderne, sombre, dépressive dans la lignée du Batman, de Matt Reeves. J’adore son grand méchant (Chris Hemsworth est génial) : Dementus supplante Immortan Joe, le sanguinaire bouffon et imprévisible remplace le monarque monstrueux et tyrannique. La grande force du film à mes yeux.

     J’adore les nombreux virages, même si l’ensemble est beaucoup trop long. J’aime surtout qu’il s’érige contre Fury road, un peu comme tous les Mad Max s’érigeaient contre le précédent. A ce petit jeu l’interprétation principale n’est pas anodine non plus : Anna Taylor-Joy compose une excellente Furiosa pré Charlize Theron (puisqu’il s’agit d’une préquelle).

     Bref, je reste déçu sur l’ensemble, qui me galvanise peu, en revanche je trouve génial que Miller ne semble faire aucune concession, qu’il continue de brosser sa mythologie en circuit fermée, à contre-courant de tout. Il y va à fond, jusqu’au bout : je ne sais toujours pas quoi penser de cette fin, si je l’adore ou la déteste : je crois que le fait que la dernière partie reprenne un peu trop le schéma de sortie du tout premier Mad Max me gêne mais ce dernier pas de côté m’a semblé tellement à côté qu’il me fascine.

Mad Max – George Miller – 1982

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Que la bête meure.

21/05/15.

     9.0   Le quatrième volet débarquant sur nos écrans, il me fallait me replonger dans cette drôle de franchise australienne. A raison de multiples visionnages ado, Mad Max est l’un de ces films que je connais par cœur, dans le moindre de ses enchainements, ses quelques punchlines bien troussées, son ambiance sonore signée Brian May, son tempo bien à lui, sa moiteur, sa cruauté, l’hystérie de l’aigle, l’indomptable chirurgien, la coolitude de Jim le gorille, la beauté solaire de Jessie, le blondinet mécanique Bubba, l’infantile Johnny, la main de Cundalini. Bref, je le connais bien (je cite les noms francisés puisque c’est ainsi que le film a dessiné pour moi une aura culte, quand bien même je le revois dorénavant en version originale). J’aime beaucoup que le film ne dise rien de cette société post-apocalyptique, que l’on puisse seulement discerner que la Police est remplacée par une institution un peu floue nommée MFP, que tout converge vers un « Hall of justice » complètement délabré, que le cadre ne soit que ruines, routes et plages sans fin.

     Le film est extrêmement peu inspiré sur bien des points – refus de l’étirement de la séquence, hormis la scène d’introduction, construction approximative, dialogues bateau, virages attendus, incohérences de scénario. Il séduit pourtant dans sa manière à peindre un futur proche indéchiffrable, aussi réel qu’apocalyptique. A la fois post-moderne et moyenâgeux. Un western avec des caisses de flics improbables (fameuses Interceptor) et motos monstrueuses. Il y a quelque chose de vraiment sale là-dedans. Qui ne correspond pas à grand-chose sans pour autant que l’on exagère son apparent anachronisme, qui ne vogue pas non plus sur des standards, n’entre dans aucune case. C’est troublant. L’histoire est futile puisqu’il n’y a plus d’histoire à écrire. Ne reste que des brutes, hors du monde et du temps, motards sans but, flics désabusés, asphalte à perte de vue et essence à siphonner. Et Max au milieu, détaché parce que davantage dans notre dimension, plongé dans un vrai questionnement intime et professionnel, avant qu’on ne vienne y troubler la bête qui sommeille en lui. C’est l’histoire d’une ultime transformation, d’un prélude au chaos.

     Je suis fasciné par une chose qui sans doute ne me sautait pas aux yeux avant, c’est toute cette violence, sèche, sale, autour de laquelle le récit s’organise. Ce n’est pas ostensiblement violent, très souvent le manque de budget condamne le film à opter pour le hors champ, à l’image de la mort de Goose ou de l’agression sur le couple à la voiture rouge. C’est une violence de mise en scène. Une manière d’ancrer systématiquement la séquence dans le réel en la rendant la plus malsaine possible. Il faut voir à ce titre le nombre de scènes avec des enfants. Miller est fasciné par cette dichotomie entre l’absolu innocence d’un côté et l’horreur paroxystique de l’autre. Dans la course poursuite d’intro il y a ce moment ignoble où un bambin s’échappe de sa poussette et se retrouve esseulé sur l’asphalte sur laquelle surgissent ces bolides terrifiants – Le véhicule quel qu’il soit n’aura jamais été aussi sale que dans Mad Max. Les plans alternant le visage de l’enfant, le pare-chocs des voitures et la langue de Night rider sont terribles. On n’avait rarement poussé le nihilisme à un tel point d’abjection.

     Et le film est extra fluide, construit en toute simplicité, créant le vide (forcément imposé financièrement) autour des personnages, créant du même coup une ambiance hyper angoissante. Bifurquant parfois où on l’attend et parfois totalement en rupture. La vengeance finale par exemple, est extrêmement brève, dilapidée dans la noirceur ultime dégagée par cette image de chausson de bébé abandonné sur le bitume. Il n’y a pas de jouissance. Toecutter meurt vite. Seule la mort de Johnny peut être jouissive. Mais il est dingue plus que méchant. C’est un sale gosse. Max tue le gosse (ou tout du moins le force à mourir) et le film se ferme là-dessus, dans la foulée de cette explosion même pas salvatrice. Dieu que c’est noir.

14/07/24

      Enième retour sur Mad Max, cette fois avant de voir Furiosa. Pour beaucoup, le meilleur de la saga restera le deuxième volet. Pour beaucoup d’autres, j’ai l’impression que Fury road a pris le relais. Deux films qui vont ensemble par ailleurs, dans leur construction, leur démesure. J’aime beaucoup ces deux films, mais pour moi, Mad Max ça restera toujours le premier : chef d’œuvre de noirceur totale, un vrai western avec des bolides, du bitume, des gueules impossibles, des répliques immenses, une scène d’intro titanesque, une imagerie de désolation mais à peine futuriste encore, et un personnage sur le point de vriller, de devenir sinon comme les bêtes qu’il pourchasse depuis le départ, un fantôme, perdu dans le néant.

Trois mille ans à t’attendre (Three thousand years of longing) – George Miller – 2022

09. Trois mille ans à t'attendre - Three thousand years of longing - George Miller - 2022Les contes de l’ennui.

   4.5   En mixant l’imaginaire des contes d’Ocelot, l’imagerie colorée d’un The Fall et l’ambition narrative d’un Cloud Atlas (À noter que tout ça, ce n’est vraiment pas ma came) Miller réalise à travers cette variation des Mille et une nuits sous multiples influences, un pudding à la fois salvateur par sa candeur confondante mais aussi un peu grossier dans sa construction et sa dramaturgie. Les allers et retours incessants entre « les histoires du djinn » et la chambre d’hôtel brisent chaque fois le semblant d’élan. Autant j’ai parfois été enchanté par ce voyage dans les différents récits, cultures, époques, charmes visuels, autant me coltiner un dialogue entre Tilda Swinton & Idris Elba tous deux en peignoir, ça m’a bien gonflé. L’imbrication ne fonctionne pas très bien, en somme. Ou l’objet est trop théorique pour moi, peut-être : ça manque de vie, d’exaltation et d’émotion. Il semble que la dernière partie soit plutôt émouvante, mais j’avais déjà décroché depuis longtemps. Ceci étant je suis toujours content d’aller voir un George Miller car on ne sait jamais où il va nous emmener, à l’image de l’éclectisme de ses films. Et puis c’est un film qui crie qu’il n’y a rien de plus beau que de raconter des histoires. Mais Miller, pour moi, ça restera l’univers Mad Max, in fine. Vivement Furiosa.

Babe, le cochon dans la ville (Babe, pig in the city) – George Miller – 1999

34. Babe, le cochon dans la ville - Babe, pig in the city - George Miller - 1999La cité des animaux perdus.

   6.0   Je croyais le connaître, mais pas du tout en fait. Cette suite prend sa pleine mesure dès qu’elle s’aventure sur le terrain promis par son titre : En ville. Dès lors, c’est une idée par plan. La démesure Millerienne frappe ici aussi, dans cette ville qui semble condenser toutes les métropoles du monde : Une sorte de poubelle géante en simili Las Vegas où s’amasse un urbanisme effrayant fait de gueules monstrueuses, saillies bruyantes et d’ombres expressionnistes, remplis d’individus tous plus vils les uns que les autres. Ville dans laquelle un cochon de berger va semer le doux trouble avant de réunir tout le monde in extremis, pitbull compris, dans une espèce de tolérance dépressive. Enfin tout le monde, tous les animaux. Car le vrai danger, le vrai monstre ça reste les humains. Il fallait que les animaux se réunissent (une moitié de film) pour les affronter durant l’autre moitié. Ça tire sans doute un peu trop vers Jeunet pour moi, cumulant les saynètes foraines un poil éreintantes, notamment lors de son long final en plein mariage qui célèbre la révolte des bêtes. C’est pas Fury road mais il y a une effervescence chaotique qui en impose, tout de même.

Mad Max : Fury road – George Miller – 2015

Mad Max : Fury road - George Miller - 2015 dans * 2015 : Top 10 scene-from-mad-max-fury-road_100508246_lBadass Furiosa.

   8.5   Ce qu’il a toujours manqué à la franchise c’était une vraie course poursuite jusqu’à l’abstraction. Le deuxième volet s’en approchait, surtout lors d’un dernier tiers de toute beauté où la sensation de vitesse caressait un extrême parfum de mort. Avec Fury Road, Miller pousse la mécanique jusqu’à son point de rupture. Jamais il ne se pose ni se repose sur une facilité de scénario ou une transition standard. Un mouvement permanent, parfois hallucinogène (accélérations, variations plastiques et plans improbables) catapulte le film dans une dimension vertigineuse, sans précédent.

     Surtout il y a dans cet univers de sable deux grandes idées implacables : Tout d’abord, cette progression atypique, fuite en ligne droite, sans jamais s’en départir, d’un Point A vers un Point A’. L’idée pourrait rejoindre la construction du troisième volet, dans lequel on s’extirpait du dôme du tonnerre pour y revenir et le détruire. La citadelle a remplacé le dôme. Mais sa structure ne répondait à aucun parti pris, aucune transcendance. C’était balisé, pour toute la famille. En plus d’être purement dédié à la jubilation, le geste ici est politique et en dit long sur Miller lui-même, qui n’aura donc eu de cesse de travailler le sequel, qu’il faille en passer par un cochon parlant, des pingouins dansants ou des guerriers de la route.

     L’autre grande idée ce sont les embûches, autrement dit le parcours qui caractérise cette fuite dantesque, les différents mondes traversés, comme on pourrait le faire dans un jeu vidéo. Chaque chapitre (souvent marqué par un cut au noir brutalement silencieux) est un nouveau lieu, un autre décor qui imprime sa présence démoniaque : Le passage du goulet, porte de pierres minuscule, gardée par des motards qui ne sont pas sans rappeler ceux de la bande au chirurgien dans le premier volet. Il y a l’évocation de la green space et ce qu’elle renferme finalement : Violent désert de boue, régné par les corbeaux, surplombé d’un arbre mort. Une séquence nocturne qui renferme une autre esthétique qui n’est pas sans évoquer le trait d’Enki Bilal, le pont suspendu de Sorcerer et les marécages de L’histoire sans fin. Il y a aussi des dunes, des espaces morts, une tempête de sable, un lac salé.

     Et puis il y a des gueules. Mad Max ne serait pas Mad Max sans ses présences semi-humaines, souvent jubilatoires. Si le seigneur Humungus a disparu, son remplacent, Immortan Joe, dont l’acteur (Hugh Keays-Byrne) n’est autre, attention, que le méchant du premier Mad Max, qui était mort mais ne l’est plus. C’est dire combien Miller se fiche des règles. Un personnage qui n’est pas en reste avec ce maquillage bigarré, masque gothique et respirateur artificiel à l’appui. Sans compter qu’il est à la tête d’une citadelle géante, qui trait les femmes (Une séquence tout droit sortie du Taxidermie de Gyorgi Palfi) et assoiffe le peuple. Je ne parle même pas de ces guerriers blancs, war boys quasi immortels ni de ce guitariste fou ni de ces mères porteuses pour le moins succulentes. C’est du délire.

     La franchise mériterait que l’on s’attarde un peu sur un élément fort qui parcourt les quatre films : l’enfant monstre ; autrement dit un entremêlement permanent entre l’image de l’innocence et la pureté de la violence. Aux deux bébés menacés dans le premier volet répond cet enfant sauvage dans The road warrior, avant qu’ils ne soient encore que des embryons dans Fury road, malmenés là-aussi, suffit de se rappeler le sort réservé à l’une des mères porteuses. Miller n’a jamais fait dans la dentelle là-dessus. Dans Mad Max, premier du nom, quand la mère avait encore, selon les urgentistes, de maigres chances de s’en tirer, le bébé, lui, était déjà mort. L’enfant est systématiquement ici séquestré par le monstre. Et vice versa, les monstres ont souvent des apparences enfantines. Toecutter pleurnichant face à une arme feu, l’homme-bébé de Fury road ou MasterBlaster, le colosse attardé mental de Beyond Thunderdome. C’est parfois même plus discret que ça : Il suffit de se remémorer cette brève apparition, dans le premier volet, du cheminot qui reçoit le gang de motards : Petit bonhomme, vieux et laid, juché sur une silhouette de gosse, habillé comme un gosse, marchant comme un gosse.

     Max a plus ou moins disparu de ce quatrième opus, le très discret Tom Hardy campe idéalement ce prisonnier attaché au-devant d’un véhicule de guerre pendant une demi-heure et arborant un masque de fer pendant une bonne moitié de film. Il est vivement relayé par Furiosa, une Charlize Theron méconnaissable, qui est le vrai déclencheur du récit, du soulèvement, s’accaparant cette course effrénée, moins pour l’essence cette fois qu’un eldorado vert débarrassé du dictat. 

     C’est un grand film qui avance et donc recule, tout en suivant une logique implacable, une cohérence géographique que n’avaient sans doute pas (faute de budget, aussi) les trois opus des années 80. Et puis merde, quoi, depuis quand n’avions-nous pas pris un tel déluge d’action badass dans la gueule ?

Mad Max 2, le défi (Mad Max 2, The road warrior) – George Miller – 1982

MV5BZDQ3OTFhYmUtZWE5Yi00MmRmLTlhNzEtNzZjNDAzM2JmN2I2XkEyXkFqcGdeQXVyNjUwNzk3NDc@._V1_Two for gasoline.

   7.0   Je ne sais pas si c’est dû au fait que je le connaisse moins (assez bien mais nettement moins que le premier, quoiqu’il en soit) mais cet opus m’a semblé pour la première fois, plus intéressant que l’autre. Citons dores et déjà l’édition Blu ray, qui hormis d’infimes ratés ci et là, rend vraiment grâce aux espaces et aux ambiances post apocalyptique qui traversent le récit. Tandis que le premier était volontairement hachuré de toute part, dépourvu d’un souffle homogène et d’une plastique unique, ce deuxième volet prend le parti de majoritairement retrancher l’action dans une zone désertique quasi sans relief tout en l’étirant à merveille. Le morceau de bravoure final est à ce titre un modèle du genre : Course poursuite effrénée interminable, hallucinogène et cruelle.

     D’emblée, lors d’une introduction kitch à souhait – je n’aime pas du tout mais le film s’en relève illico – on sait que Max est connu sous le nom de Road warrior. Une appellation finalement similaire à celles de ceux qu’il pourchassait dans le premier volet, notamment ce fameux Code 3, Night rider. L’idée achève d’évincer Max du monde des vivants, lui ôtant le semblant d’humanité qui pouvait lui rester. Il est devenu ce qu’il craignait jadis : Etre comme ceux qu’il poursuivait avec son Interceptor. « I’m scared, Fifi. You know why? It’s that rat circus out there. Any longer out on that road and I’m one of them, you know? A terminal crazy » disait Max lors de sa démission. Ce n’est dorénavant plus que l’ombre de lui-même, un guerrier sans but, ni foi ni loi. Ou presque. C’est tout le paradoxe de cet opus, sans doute le plus ouvert, qui s’en va même saisir des échanges – une petite boite musicale – et un sourire final.

     De manière globale, le film évolue sous une dynamique propre aux films de guerre et d’aventures dans la mesure où il ne s’agit que d’affrontements de mondes, de défense de territoires. A l’instar du premier, Miller nous offre une ambiance mythique (récurrents cris de corbeaux, bruits de moteur, magnifique désert sans fin) et son lot de gueules, citons pèle mêle seigneur Humungus, l’enfant au boomerang, Gyro captain et ses serpents. On sent aussi que les moyens sont plus conséquents – Budget dix fois plus élevé. Et puis j’adore l’idée que l’on soit dans une suite évidente – l’intro parle d’elle-même, images du premier à l’appui – sans que rien ne s’en approche véritablement, autant dans la peinture, l’esthétique que le tempo. On dirait un autre temps, un autre monde.

     Je me souvenais donc peu de cette suite mais j’avais gardé en tête l’essentiel : Une formidable gestion de l’espace et de la matière, ce désert de sable, cette chaleur, cette sècheresse. Je trouve ça très beau ce que parvient à créer Miller dans le cadre, notamment ces grandes lignes abstraites et ces lointains volutes de sable et puis une fois encore le film est sans pitié avec ses personnages secondaires. Un embryon de romance ici, de bromance là, évincés d’un coup de fouet, sans apitoiement. Max lui-même prend très cher. Mais la grande réussite ici c’est de nous faire sentir que le monde est devenu un grand terrain de guerre pour l’essence. Dans le premier, la poursuite ne voulait pas dire grand-chose sinon qu’elle prolongeait, non sans un grain de folie, l’idée que l’on se fait des courses poursuite flic/voyou dans un désert australien. Dans The road warrior c’est le premier qui siphonne qui gagne. Les deux films n’ont donc pas grand-chose à voir entre eux et c’est tant mieux.

     Malgré tout, cette suite n’aura finalement surpassé le premier que trois petites semaines dans mon cœur. Le fait est que je le redécouvrais presque et que je l’ai estimé soudainement plus qu’il n’en fallait. En les revoyant là dans la foulée l’un de l’autre, quelques jours après Fury road qui fut une grosse claque, je me suis rendu compte à quel point j’étais infiniment plus sensible à l’épure du premier Mad Max. Et si cette suite est meilleure sur bien des points, objectivement, je continue de lui préférer les tâtonnements, la tentative et la sensation de liberté dégagée par la forme saccadée. Ici c’est une combinaison parfaite de souffle et de maitrise, mais tout parait nettement plus organisé. Miller se prive moins, se protège en faisant davantage de plans. Et cette couleur ocre homogène tout en fascination pour la poussière et la sueur vient contrer avec la multiplicité formelle de l’autre. Et puis il y a autre chose : honnêtement, aussi proche de Fury road qu’il soit je le trouve désormais beaucoup moins fort. Tandis que Mad Max, premier du nom, restera l’électron libre qu’il a toujours été, ce fameux premier film bricolé qui ne ressemble à rien.

Mad Max, Au-delà du dôme du tonnerre (Mad Max, Beyond Thunderdome) – George Miller & George Ogilvie – 1985

ThunderdomeMain-970x545We Don’t Need Another Hero.

   4.5   Je ne l’avais jamais vu. En fait, je l’ai toujours fui. La présence de Tina Turner, déjà, c’était comment dire, un peu trop wtf pour moi. Voilà, c’est vu, je suis prêt pour la sortie du 4. Le problème c’est qu’on est entré dans la catégorie tout public de la manière la plus formatée qui soit. Après le nihilisme informe du premier et l’embrasement rythmique du deuxième, ne reste ici qu’un pur divertissement, relativement regardable, parfois même agréable (le début) mais tellement calibré pour les grands complexes. La première partie est en effet plutôt chouette (le dôme, notamment) mais la suite, avec les gosses, dans l’oasis puis le désert puis Bartertown est un catalogue de petites saynètes pour la famille dans la lignée d’Indiana Jones, en beaucoup moins bien, jusqu’à un plan carrément repris, pompé sur Le temple maudit, je crois. La course poursuite finale, qui fait passage obligé, est complètement anecdotique au regard de celle qui fermait le volet précédent. C’est donc loin d’être mauvais, c’était assez sympa en tant que film du dimanche soir mais il n’y a plus ni d’originalité ni de cœur à l’ouvrage. Espérons maintenant que le prochain le fasse oublier en deux plans. 


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