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Leur dernière nuit – Georges Lacombe – 1953

07. Leur dernière nuit - Georges Lacombe - 1953Prisonniers du passé.

   6.5   C’est la rencontre de deux êtres aux apparences trompeuses. Un bibliothécaire et une professeure d’anglais, sans histoire. Sauf qu’ils ne sont pas sans histoire, justement, ils ont chacun un lourd passé, proche ou lointain, un secret et/ou une vie parallèle. La jeune femme c’est Madeleine Robinson, elle vient de Limoges et débarque dans une pension de famille à Paris dans l’espoir de trouver une place en tant qu’enseignante. On apprendra bien plus tard qu’elle fuit une relation destructrice, noyée dans la drogue. Lui c’est Jean Gabin, un angoumois de souche, directeur de bibliothèque très apprécié dans la capitale, pour son amabilité et son immense culture. On apprendra plus tard qu’il était jadis gynécologue et qu’un avortement clandestin qu’il aurait prodigué l’aurait fait radier. Depuis, pour survivre, le voilà chef de gang la nuit. Ses livres sont sa couverture. Ce qui est très beau, subtilement romanesque c’est que ces deux-là vont se rencontrer (ils sont dans la même pension) et s’apprécier (C’est lui qui lui dégotera ce travail de professeur) mais pas du tout parce qu’ils cachent tous deux une autre vie. Ou bien c’est implicite, comme s’ils le ressentaient tous deux, comme s’ils étaient attirés l’un vers l’autre de façon naturelle. Et ce renfort mutuel (elle pour s’intégrer, lui pour se cacher) qu’ils s’apportent, avec en filigrane une sorte d’histoire d’amour naissante mais impossible, c’est évidemment ce que Lacombe trouve de plus beau à filmer, d’autant que les deux comédiens sont exceptionnels. Je regrette simplement qu’autour d’eux le film ne soit pas aussi intéressant, notamment quand on passe du temps avec les pensionnaires de la maison ou avec les filatures policières. J’aurais préféré qu’il ne montre pas cela du tout plutôt que de le montrer si maladroitement. A ce titre, la scène de la fusillade puis celle de l’évasion méritaient mieux, mais je suis trop melvillien, je crois, pour accepter qu’on accorde si peu d’intérêt et de temps aux scènes, qu’il s’agisse de creux ou non. Quoiqu’il en soit c’est un beau film. Merci Brion, pour la découverte.


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silencio


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