Publié 18 juin 2022
dans Gilles Grangier
Noyade inédite.
6.5 Lino Ventura y incarne Pascal, vendeur de journaux à la sauvette dans Paris, qui se lie d’amitié avec Didier (Robert Hirsch) un garçon mystérieux et dépressif qu’il sauve de la noyade. Ce dernier lui apprend qu’il a hérité d’une fortune mais que son ex-femme fait tout pour le faire interner. Pascal accepte alors de se rendre chez lui pour dérober l’argent mais se retrouve embringué dans une improbable histoire de meurtre. C’est un film noir très classique raconté ainsi. Mais le film est passionnant car il est clairement scindé en deux parties. Le début ressemble à du Duvivier, ou au Verneuil de Des gens sans importance, dans sa fine description du milieu, de cette amitié naissante, la suite davantage au Grangier que l’on connait quand il fait jouer Gabin. Les dialogues d’Audiard sont excellents et une fois n’est pas coutume ne phagocytent pas l’atmosphère du film. Mais c’est bien Ventura qui impressionne, tant il incarne une sensibilité à l’époque assez nouvelle dans son jeu, qu’il déploiera évidemment chez Melville.
Publié 23 novembre 2020
dans Gilles Grangier
Le Nord chez les sudistes.
5.0 Marie et Antoine, étudiants à la Sorbonne, décident de se marier. Le père du jeune homme, M. Lartigue (Fernandel), invite celui de la jeune fille, M. Malhouin (Jean Gabin), à venir passer les vacances dans sa propriété. Les Lartigue sont originaire du Var, les Malhouin de Normandie. Ils vont donc se retrouver à Saint-Mandrier sur mer. Le ton est d’abord chaleureux, entre vin rouge et pédalo, aïoli et accent chantant. Mais ça ne va pas durer. Et pas seulement à cause des moustiques et de la lourdeur de Fernandel. Le film, bien que franchouillard et rétrograde, est chouette à suivre, c’est une jolie comédie familiale, en partie pour le face-à-face inédit entre Gabin & Fernandel. Ils sont évidemment écrasants, leur petit affrontement volant la vedette au mariage de leurs enfants, et reléguant leurs femmes respectives au rang de figurantes, mais ce n’est pas une surprise. Comme lorsqu’il s’accapare Maigret ou réalise La cuisine au beurre (avec Bourvil & Fernandel) Grangier fait le job, sa mise en scène, classique, est fluide, efficace. Le film est par ailleurs produit par la Gafer, société de production fondée par, je vous le donne en mille : Gabin & Fernandel. Ce sera leur unique collaboration, si l’on excepte deux petits films où ils avaient partagés l’affiche dans les années 30.
Publié 5 mars 2017
dans Gilles Grangier
Les amants traqués.
6.0 J’ai souvent pensé que le problème des films avec Jean Gabin c’était Jean Gabin lui-même. Je n’avais probablement pas vu les bons films ou davantage ceux dans lesquels sa tendance à cabotiner m’exaspère. Ici c’est sans doute moins Gabin le problème que Michel Audiard qui de par son écriture de dialogue habituelle vient contaminer autant le récit, l’ambiance moite de cet étrange polar que la fragile complexité des personnages. Je pense que le film est beaucoup trop écrit et pas assez mis en scène, pourtant Grangier parvient parfois à faire passer des choses dans la boite de nuit, les appartements, les rues de Paris, quelque chose de très crépusculaire et désordonné qui trouve ses acmés dans sa construction indéterminée, qui peut faire succéder le visage en sueur d’un batteur de jazz noir à celui d’une jeune chanteuse droguée jusqu’à l’os, ou faire disparaître l’attendue noirceur mafieuse pour faire éclore la corruption bourgeoise et pharmaceutique, mais surtout zapper son enquête au profit d’une folle passion amoureuse. Si l’on compare ça aux films de Duvivier de la même époque, ça reste assez inégal dans l’ensemble, mais c’est une chouette découverte.
Publié 21 septembre 2015
dans Gilles Grangier
5.5 Troisième et dernière incarnation au cinéma de Jules Maigret par Jean Gabin, dans un film cette fois-ci réalisé par Grangier (après un doublé Delannoy) qui s’avère peut-être un peu plus mécanique, un peu plus comme j’avais imaginé ces épisodes Maigret avant de m’y pencher. Néanmoins ça reste toujours aussi agréable à suivre. Gabin y est encore très bien. Et je suis ravi d’y voir Michel Constantin (malgré une post-synchro dégueu) quasi à ses débuts, trois ans après avoir campé Jo dans l’ultime film (et immense chef d’oeuvre) de Jacques Becker. Mais surtout aussi pour la sublime Françoise Fabian. Malgré le changement de réalisateur aux manettes, les trois volets se valent, en fin de compte.