Entre les esprits rebelles.
6.0 Si le décor est différent, on retrouve le même geste, la même respiration, la même patte que pour Patients, le précédent (et premier) film de Grand Corps Malade et Medhi Idir. C’est une suite de saynètes, remplies de punchlines forcées, qui marie la légèreté à la gravité, varie humour et sérieux avec une certaine aisance. Certains personnages, comme Badr sont esquissés sur un trait de personnalité, une manie, une mimique, une manière de s’exprimer mais ça fait partie du deal, de cette lecture qui tient autant du stand-up dans sa façon de vouloir faire rire le spectateur de façon très insistante que de la bande dessinée humoristique avec une situation une planche, qu’on peut aussi trouver dans un film comme Les sous doués ou Les beaux gosses. C’est infiniment mieux écrit que le premier, beaucoup moins audacieux que le second, certes, mais on ressent un amour dévoué pour chacun de ces personnages, ces acteurs, les petits comme les grands. C’est aussi le pari et le risque du film de vouloir s’intéresser aux deux mondes jusqu’à les confondre. Un moment donné, une séquence suit une fête entre les enseignants et une autre entre les élèves dans un montage alterné où l’on découvre qu’ils font finalement la même chose. C’est mignon. C’est une scène clipesque comme il y en aura beaucoup dans le film (et comme il y en avait beaucoup dans Patients) soit une sorte de plan(s) séquence(s) avec tout plein de fondus enchainés (dans un verre, des lunettes, une porte etc…) sans aucun autre intérêt sinon celui de servir un rythme de clip et donc s’accommoder au morceau présent à ce moment-là : Shelly Amn, de Red Rat. Malgré tout et comme ça pouvait déjà être le cas dans son film précédent, ces séquences servent moins d’emballage musical (assez imposant ceci étant : Shurik’n, Doc Gyneco, Stevie Wonder, Ben Mazué) ni à étaler un savoir-faire technique qu’à embellir chacun des acteurs, des personnages, ici en particulier Liam Pierron & Zita Hanrot, Yanis & Samia, élève & CPE, qui se reflètent et se complètent malgré tout, et qui partagent le secret, très cruel et beau, de se croiser au parloir d’une même prison. Après, dans sa dimension sociale je trouve le film un peu juste. On sent que les mecs ont adorés leurs années collège, qu’ils veulent en faire un film avec leur point de vue de l’époque, leurs petites anecdotes en rafale, tout en le remettant aux données du jour, mais si La vie scolaire essaie de montrer, seulement par l’intermédiaire du professeur d’histoire incarné par Antoine Reinartz, un abandon mu en colère contre les élèves, il ne sonne pas très réaliste dans sa démarche réconciliatrice anachronique. Il n’y a rien, dans La vie scolaire, qui montre une préoccupation sociétale, une perplexité face au système, à contrario du film de Michel Leclerc, La lutte des classes. Du moins, il me semble. Ça reste un film très plaisant à regarder, quoiqu’il en soit.