Publié 15 septembre 2020
dans Guillaume Nicloux
Préparez vos peignoirs.
2.5 Les présences de Michel Houellebecq et Gérard Depardieu suffisent à rendre l’expérience pas trop détestable : Il y a ici deux gueules, deux voix, deux silhouettes qui se télescopent, deux êtres complètement fascinants en peignoir blanc dans une thalasso de Cabourg. Ils font ce qu’ils peuvent pour résister et au régime draconien imposé. Ok, bien. Mais le film est beaucoup trop nul, quand même. Il ne raconte strictement rien et s’en tient à l’éventuelle magie insufflée par son duo d’acteurs. Nicloux c’est vraiment ce qu’il se fait de pire en France depuis quelques années. Tenu 30 minutes.
Publié 24 mars 2020
dans Guillaume Nicloux
Les (lourds) confins de la foi.
3.0 C’est un type étrange ce Nicloux. Beaucoup d’ambition dans chacun des trois films que j’ai vus de lui, impossible de le nier, mais chaque fois il se vautre dans le ridicule. J’essaierai d’en voir d’autres et notamment ceux de sa première partie de carrière, je ne demande qu’à changer d’avis. En l’état, je trouve ça catastrophique. Toujours est-il qu’avant de faire son film antonionien, en clin d’œil à Pialat (Valley of love, avec Huppert & Gégé qui errent dans la vallée de la mort) et son film à la manière de Gus Van Sant (The end, avec Gégé perdu dans la forêt) le type avait choisi d’adapter Diderot, en passant après Rivette. Le mec a les couilles et le melon. La religieuse est sans aucun doute le moins mauvais des trois, le moins ridicule, mais c’est aussi le plus ennuyeux, puisqu’il est difficile de s’en moquer : Tout est si littéral, désincarné, sans aucune idée de mise en scène. Le film sortit la même semaine que le Camille Claudel de Dumont, il devait bien souffrir de la comparaison. Zéro souffle, tout se traduit sur la même mesure, sans aspérité, sans rebond, est-ce parce que Nicloux a peur de mal faire, impressionné qu’il est par le matériau d’origine ? Ou bien afin de le ripoliner pour les Césars – qu’il ne récoltera même pas ? Ou bien parce qu’il veut malgré lui en faire une pièce de théâtre, avec ces petits décors fabriqués et ces actrices qui en font tellement qu’on ne voit plus que des actrices, jamais des sœurs, jamais des bontés (Françoise Lebrun, très bien, malgré tout) ni des monstres (Louise Bourgoin, archi-raide, qui parle sans bouger les lèvres) ni des folles (Isabelle Huppert, qui s’essaie au personnage saphique mais on y croit pas une seconde) ? Bref le film se vit aux côtés de la jeune Pauline Etienne (qui est très bien) et au rythme des rencontres avec ces mères supérieures. Et c’est à l’image de ce qu’elles dégagent toutes les trois : C’est de pire en pire.
Publié 16 avril 2017
dans Guillaume Nicloux
Le néant.
1.0 On est un cran au-dessus (dans la nullité) de Valley of love. Ou alors il faut être aveuglément amoureux de Gégé, surtout quand il répète et hurle « Yoshi », « merde », « putain », « putain de merde », « mon fusil ». Ça pourrait être intéressant en tant que film théorique sur Gérard Depardieu lui-même mais qu’est-ce que c’est chiant. Le prétexte Depardieu, son corps et son aura, est devenu un standard pour camoufler un manque d’idée et de mise en scène. J’avais aimé le film d’Abel Ferrara qui me semblait être le point d’orgue de ce genre de dispositif. Valley of love et son côté Loulou 30 ans plus tard c’était déjà le vide total. The End enfonce le (Ni)clou(x).
Publié 10 juillet 2015
dans Guillaume Nicloux
Boring valley.
3.5 Il faut, je crois, avoir des étoiles dans les yeux chaque fois que ces deux dinosaures du cinéma français apparaissent dans le plan, pour être submergé par le film. Pour passer outre, en somme. Et même sans ça, qu’y a-t-il de Loulou là-dedans ? Je veux dire qu’il y avait sans doute une percée à créer là-dessus, mais Nicloux n’est pas Pialat. On a moins affaire à un film de fantômes qu’à un film sur deux acteurs incontournables, ceux d’aujourd’hui, dont finalement nous n’avons plus rien à faire. Alors on pourra toujours dire que les deux sont liés, puisqu’en un sens, ce sont devenus des fantômes. Mais il faut dans ce cas proposer des choses, que çà se libère, que ce soit plus indomptable que ce produit Van Sant raté et son beau morceau de Charles Ives repris en boucle. Tout semble archi mécanique, même les pseudos mystères égrenées sont forcés. Gérard joue Gérard, Isabelle joue Isabelle, la vallée de la mort, ok. Elle ne cesse de geindre contre son téléphone qui ne capte pas, lui ne fait que de se plaindre de la chaleur accablante. Il y aurait pu avoir quelque chose à faire avec l’exaspération, la transpiration. Mais tout parait là aussi très fabriqué, clignotant, racoleur. Ici d’étranges marques sur les jambes, puis sur les bras. Là, la mort qui prend forme humaine sur un terrain de tennis. De nombreuses séquences de chutes de pierres sur les dunes de sables, bref attention, il y a des fantômes partout. Pour mener à quoi ? Une simple retrouvaille – entre un couple (de cinéma) – en forme de souffrance partagée. L’idée m’attire mais le rendu est bien trop sage. Tous les ingrédients sont distillés sans accrocs (les acteurs, le lieu, la mise en abyme, la musique) pour faire un parfait film de fantômes pour lecteur du Figaro.