The triangle of fantasies.
5.5 Romy est PDG, mariée et mère de deux enfants. Elle entame bientôt une relation sado-masochiste avec l’un de ses nouveaux stagiaires.
Tout le programme de Babygirl est contenu dans ses quasi deux premières séquences. Le film s’ouvre sur une scène d’un couple faisant l’amour. Tous deux jouissent puis se disent « Je t’aime ». Mais déjà un décalage s’opère. Lui le dit naturellement, elle moins et surtout plus tard. C’est un peu trop fabriqué, c’est de l’écriture, ça clignote trop. Mais cet appui est contrebalancé par une belle idée de mise en scène : le plan jusque-là les cadrait renversés. Un léger raccord temporel renverse le sens et montre l’homme en train de dormir. Moment choisi pour la femme de se lever et filer dans la chambre d’à côté pour se masturber devant un porno. C’est une introduction un peu volontariste mais il y a cette idée de mise en scène très réussie.
Un peu plus tard, Romy marche dans les rues de New York vers son travail. Un chien non tenu en laisse lui fonce dessus avant de rebrousser chemin et de filer vers un garçon, qui le calme. C’est évidemment le stagiaire qui sera au cœur du récit et des fantasmes masochistes de Romy. Idée appuyée une fois encore mais compensée dès l’instant suivant par un trait d’humour : le garçon explique avoir simplement donné un cookie au clébard.
Le film ne m’a pas beaucoup passionné mais je le trouve assez bien construit et géré dans sa narration, quand bien même tout soit un peu trop calqué sur ce même schéma de compensation. Sans compter que formellement je le trouve assez peu stimulant à l’exception d’une scène, à la fois centrale et déclencheur de cette histoire de domination soumission, celle dans l’hôtel. Le reste du temps je me suis demandé si j’étais devant un néo thriller érotique à la Basic Instinct ou un érotico soft à la Cinquantes nuances de Grey.
Le film m’a stimulé sur un tout autre point : je pense que Olivia Reijn l’a pensé en réponse féminine au Eyes Wide Shut de Kubrick. Et pas seulement pour la présence de Nicole Kidman. Il y a aussi le cadre des fêtes de Noël, avec ces sapins et décorations dans chaque plan. Et surtout l’idée du fantasme sexuel : en un sens, Babygirl s’arrête là où Eyes Wide Shut commence, au moment de la confrontation conjugale.
Le film aurait peut-être gagné à travailler davantage son personnage masculin, à ne pas en faire qu’un personnage fonction. Pourtant je trouvais l’idée de le caster lui pour le rôle assez bien vu, surtout après l’avoir découvert dans Triangle of sadness. Malheureusement le film n’en fait pas grand-chose. C’est un peu le mauvais contrepoint par rapport à Eyes Wide Shut : Kidman était plus en retrait mais elle existait autant sinon davantage que Cruise. Bref, c’est pas mal mais ça ne me restera pas.
