Archives pour la catégorie Henri-Georges Clouzot

Manon – Henri-Georges Clouzot – 1949

09. Manon - Henri-Georges Clouzot - 1949Sous les bombes, les dettes, l’eau, le sable.

   7.5   Le film s’ouvre dans l’après-guerre, sur un bateau qui vient de quitter Marseille. Des juifs rescapés embarquent en mer afin d’immigrer vers Israël. Un couple de clandestins recherchés est alors retrouvé dans les cales ; le capitaine écoute leur histoire, qui nous plonge dans leur rencontre, sous les bombes, puis dans leur amourette passionnelle, esquintée par les moeurs légères de Manon et la jalousie maladive de Robert, qui se doit de vivre de tout un tas de trafics afin de subvenir aux luxueux besoins de sa promise. Acculé par le frère de la belle – Qui mieux que Serge Reggiani pour camper une minable petite ordure pareille ? – qui veut les éloigner l’un de l’autre, il finira par devenir un assassin. Cette histoire-là, contée dans la cabine d’un chalutier, est déjà belle – quoiqu’un peu froide à mon goût, le monde autour de nos tourtereaux étant un tout petit peu caricatural – et accentuée par le jeu minéral de Michel Auclair et celui plus fantasque de la sublime Cécile Aubry. Difficile de ne pas tomber amoureux d’elle. Alors le film reprend sa marche au présent – L’ouverture sur le bateau était déjà imposante, le flash-back n’arrivait pas tout de suite – puisque le capitaine, ému, laisse filer nos amants. Le désert africain s’ouvre à notre groupe clandestin : aux providentiels cours d’eau succède une étendue de terreur sous un soleil de plomb : cadavres d’animaux, bédouins sanguinaires. Le film se termine dans le sable et dans la mort, avec nos amants encerclés par d’immenses cactus, aussi terrifiants et grossiers que ce monde qui n’aura cessé de les acculer. Très beau film. Mais putain, ça calme. 

La vérité – Henri-Georges Clouzot – 1960

35. La vérité - Henri-Georges Clouzot - 1960Le bal des maudits.

   9.0   Après les déceptions générées par les découvertes des premiers films d’Henri-Georges Clouzot (L’assassin habite au 21, Le corbeau, Quai des orfèvres) rien ne présageait une telle déflagration. La vérité est un film incroyable, un grand film de procès autant qu’il est un puissant mélodrame passionnel.

     Dominique, une jeune femme, incarnée par une magnétique, amoureuse, provoquante, rêveuse, sensuelle et bouleversante Brigitte Bardot, y est jugée aux assises pour le meurtre de Gilbert, (Sami Frey, génial, comme d’habitude) son grand amour, clame-t-elle, mais petit-ami de sa sœur aux yeux de la population, des jurés, et encourt la peine de mort. L’ironie tragique veut qu’elle en soit passible à cause de son suicide raté.

     Toute la singularité du film de Clouzot sera de conter minutieusement et limpidement chaque étape du procès – Du choix des jurés à la fermeture de l’audience, terrifiante machine judiciaire – tout en remontant dans le passé de l’accusée par couches de flashbacks, de façon à comprendre son criminel destin et à voir la vie, l’amour, les doutes, la douleur, tandis que le tribunal ne voit qu’un récit, froid et rationnel.

     Construction par brefs retours au présent, dont Sautet saura (un peu) se souvenir pour Les choses de la vie. Il y a en tout cas dans ces deux films, pourtant très différents, un rapport étrange au temps : L’impression que le vrai présent (l’accident ici, le tribunal là) n’existe plus que dans une réalité alternative macabre, glacée tandis que le passé, lui, agit finalement comme le présent véritable (vivant) du film. Celui dans lequel, nous, spectateurs, pouvons nous frayer une place.

     Un procédé maintes fois utilisé dans La vérité accentuera autant sa dimension mélancolique qu’il en créera un langage-même au sein du film : Il suffit d’un dialogue ou d’une action qui se casse et se poursuit dans un autre décor, une autre situation. D’un rire pour en convoquer une image de plénitude débarrassé des attributs tragiques du présent, d’une larme pour en générer un gouffre de désespoir. Jamais on n’avait vu Bardot ainsi. Top 1 Clouzot, haut la main.

L’assassin habite au 21 – Henri-Georges Clouzot – 1942

33. L'assassin habite au 21 - Henri-Georges Clouzot - 1942 Sale air de labeur. 

   4.0   Et un Clouzot de plus qui me laisse à quai. Décidemment, j’ai du mal avec la première partie de sa filmographie. Comme pour Le Corbeau ou Quai des orfèvres, je n’arrive pas à voir autre chose qu’un « scénario filmé » dans lequel chaque acteur tient à sa petite partition qu’il incarne ou déblatère jusqu’à la caricature. Que de bavardages, purée. Je commence à trouver ça dingue que ce type ait pondu, d’un coup, sans prévenir, Les diaboliques et Le salaire de la peur. Je sauve le final, in-extremis, puisque je ne l’ai pas vu venir ce qui veut donc dire que Clouzot a bien ménagé ses effets et son mystère, reste que l’ambiance Agatha Christie c’est pas trop mon truc, de manière générale.

Le corbeau – Henri-Georges Clouzot – 1943

Le corbeau – Henri-Georges Clouzot - 1943 dans Henri-Georges Clouzot 33-pierre-fresnay-theredlist     4.5   Au risque de me faire conspuer par les puristes clouzotiens, c’est quand même pas terrible si ? Alors c’est vrai c’est tourné en pleine occupation, Ok, mais quand je vois Les diaboliques j’ai vraiment la sensation que la mise en scène guide le récit tandis qu’ici pas du tout. C’est bien écrit, bien fait mais sans fulgurances. Je trouve ça même moins inventif dans la forme et passionnant dans son déroulé que pouvaient l’être les Maigret de Delannoy et Grangier. Ou je suis passé au travers, ce qui est fort possible aussi.

Les diaboliques – Henri-Georges Clouzot – 1955

diabolique-2   8.5   Ce Clouzot faisait partie de ces films que je n’avais jamais vu. Ces ratés de la honte. Voilà, c’est réparé. J’ai trouvé ça extra à tout point de vue. Je remarque que je me fais facilement berné quand même, je n’ai rien vu venir, rien de rien. Mais le film est plus fort que son twist, c’est un monument de suspense, d’angoisse et d’épouvante. D’une puissance mise en scénique de bout en bout. Grand, très grand moment. Certaines scènes ne vont pas me quitter de sitôt.


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silencio


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