« Wakatape baboun »
5.0 C’est évidemment pas du Eisenstein, mais il y a chez Hervé Palud – comme avant lui chez Jean-Marie Poiré, dont Les visiteurs (1993) a infusé toute la production comique hexagonale durant les années 90 – une volonté de jouer sur le rythme, la trépidation du montage. C’est un cinéma qui se rêvait héritier à la fois de Veber (l’aspect buddy movie), de De Broca & Rappeneau (la comédie de remariage et l’ambition vaudevillesque à grande échelle) et de Zidi (on retrouve d’ailleurs une partie du casting de La totale, réalisé trois ans plus tôt) et qui parvient à trouver une énergie, certes épileptique et bruyante, mais fulgurante, comme on pourrait en dire autant, à la même époque, de Gazon maudit (1995), Les trois frères (1995) ou Taxi (1998). On en pense ce qu’on veut de ces comédies populaires (j’imagine que c’est l’enfer pour certains) mais moi, qui ait grandi avec (vu dix fois chacun, easy) je les trouve toujours aussi enlevées, drôles, montées sur un cent mille volts qui me réjouit ici mais qui peut me fatiguer ailleurs. Un indien dans la ville (si l’on passe sur l’aspect embarrassant de la vision simpliste/ ridicule des indiens) c’est ça en moins bien, mais c’est ça : une volonté comique, de situations et de répétition, et une volonté d’embrasser plus large, ici le polar, complètement foireux par ailleurs, mais qui fonctionne un peu grâce au running gag des doigts de Jackie Berroyer. Bon voilà, ça vieillit pas super bien mais ça m’a plu de le revoir quand même, pour quelques gags, pour le duo Lhermitte/Timsit et pour les facéties du gamin, que j’adorais quand j’étais gosse : « quand pouce pas marcher, indien faire ça ! ». Je pense aussi que ce type de comédie française me manque un peu : j’ai l’impression que soixante-quinze pour cent des comédies depuis vingt-cinq ans sont restées bloquées sur Le diner de cons, donc sur l’efficacité théâtrale, c’est dommage.