6.5 Kids… Damn, it’s over ! Après dix ans de bons et loyaux services. Dix ans, bordel. A l’époque je savais à peine ce qu’était une série. En guise de dépucelage, je découvrais Lost, Desperate Housewives et How I met your mother. Point barre. Depuis, on peut dire que j’ai fait de grandes et belles rencontres, reléguant le plaisir annuel d’un HIMYM au rang de sympathique récréation, défouloir post journée de merde, d’autant plus anodine qu’elle s’est, il faut bien le reconnaître de plus en plus empantouflardée. Mais ne boudons pas entièrement non plus, j’ai toujours pris un grand plaisir à retrouver ma bande de potes délurés – Remarque qui doit valoir aussi pour son ancêtre Friends, mais je n’ai jamais suivi assidument, mea culpa, encore un truc à rattraper, vaste programme – même s’ils vieillissaient souvent aussi mal que leurs gags. Jusqu’à cette ultime saison. Qui plus est avec cette ultime saison, qui sonne comme un adieu définitif, à une série que j’ai suivi, à une partie de mes 20 ans, en somme. HIMYM m’aura bien fait marrer, ennuyé aussi, parfois, déçu, beaucoup, mais j’ai l’impression qu’elle pouvait me faire avaler toutes ses immenses faiblesses, que je la suivrais jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. C’était ma récré à moi.
Une saison 9 qui n’échappe pas à la règle. Aussi lourde que jubilatoire. Flemmarde qu’astucieuse. Un premier tiers de saison volontiers excentrique et exécrable gommé d’un trait par un épisode 9, Platonish, absolument remarquable. Aussitôt suivi d’une accalmie coutumière (d’où l’on extirpera un ingénieux épisode tout en rimes) soulevée par le dynamisme et la drôlerie de deux épisodes punchy, que sont Bass Player Wanted et Slapsgiving 3: Slappointment in Slapmarra (Le second relançant l’attendue et désormais fameuse baffe qui fait office de fil rouge particulièrement délicieux, durant plusieurs saisons). Ensuite on pourrait évoquer un très bel épisode 16 qui permet de saisir comment La mère a finalement rencontré Ted, en suivant tout de son point de vue sous la forme d’un spin off, en gros, via de nombreuses références et croisements hilarants avec des épisodes précédents, toutes saisons confondues. On est vraiment entré dans une autre dimension, posée, intime, mélancolique. On prépare nous aussi nos adieux. Passons sur l’épisode Vesuvius, une vraie purge ou l’épisode Gary Blauman, lourdingue. J’aime en revanche l’épisode Daisy qui bien que prévisible prépare lui aussi assez bien le terrain des adieux et une infinie tristesse relayé par l’attendu épisode du mariage, touchant point d’orgue, tout en inquiétudes (Ted est sur le point de s’envoler pour Chicago) et en doutes (Robin repense encore au médaillon et au cor bleu) avant le double épisode final qui je dois bien l’avouer, m’a complètement retourné. Larmichettes inside.
Je ne pensais pas que la série se fermerait sur une note aussi sombre et c’est pourtant avec le recul, entièrement ce qu’elle escomptait depuis son lancement et ce pourquoi la relation entre Robin et Ted a toujours pris plus de place et d’importance que celle entre Ted et Tracy que l’on ne verra jamais. Quelques épisodes avant la fin je me disais justement que j’allais regretter que la série n’ait pas développé davantage le personnage de Tracy tout en admettant que c’était une autre histoire. Pourtant, cet ultime épisode ne se contente pas d’évoquer sa disparition, il ferme le livre selon des événements beaucoup plus proche du réel : Un mariage qui se brise (tandis que toute la saison s’y concentrait), un groupe qui se casse inéluctablement, Barney qui se découvre une passion de père, la mort de l’une, les solitudes des autres. Et puis l’effet miroir en guise de fin, qui est aussi le début, d’une histoire, de la série. Je suis fébrile quand tout se déferle de cette façon-là. Avec une telle lucidité. Un vertige temporel (quinze ans racontés en 20 minutes) terrassant. Forcément donc, cette conclusion m’a achevé. Il va de soi que je trouve la fin alternative complètement à chier.
Bref, je me répète mais c’est fini. 208 épisodes à suivre les histoires de Lily, Robin, Barney, Marshall et Ted. Neuf saisons, ce n’est pas rien. Neuf saisons à s’intéresser de loin à comment Ted a rencontré la mère de ses enfants, mais de près à ses relations avec ses amis et toutes les petites choses aussi anodines soient-elles qui l’ont peuplés, qui l’ont conduit jusqu’à cet événement et notamment à cet amour impossible, pleine de rendez-vous manqués, avec Robin. L’amour de sa vie. L’autre amour de sa vie, qu’il devait attendre d’avoir de grands enfants et des cheveux grisonnants pour enfin accomplir.