Archives pour la catégorie Howard Hawks

Chérie je me sens rajeunir (‎Monkey Business) – Howard Hawks – 1953

32. Chérie je me sens rajeunir - ‎Monkey Business - Howard Hawks - 1953Trêve de singe.

   5.5   Plutôt un agréable moment, mais dans le panier comique de Hawks, je rapproche davantage ça de Les hommes préfèrent les blondes que de L’impossible monsieur Bébé. Malgré son extravagance réjouissante, ça reste gentiment anecdotique. Le trio Cary Grant, Ginger Rogers, Marylin Monroe fait tout le film. On sent que Hawks est en fin de carrière, qu’il maitrise parfaitement le genre, le rythme, la dynamique comique, qu’il est ravi de s’y replonger une fois de plus, sans trop se fouler non plus. Et surtout que son désir premier, avec cette idée d’élixir de jouvence, est de faire replonger ses personnages dans l’enfance, de faire un film qui de toute évidence retombe en enfance, puisqu’il s’agit de jouer les peaux-rouges avec d’autres enfants, de se maculer de peintures de chantier, de grimper sur les tables, de bouder, crier, se chamailler, faire les bébés, sans limites. Cary Grant et ses grimaces, sont irrésistibles.

Scarface – Howard Hawks – 1933

06. Scarface - Howard Hawks - 1933Coups de feu sur Chicago.

   7.5   Découvrir le Scarface de Hawks quand on connait à ce point par cœur celui de Brian de Palma est une expérience plutôt déroutante. Déjà parce que les grandes lignes sont identiques. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours supposé qu’ils n’avaient que le titre en commun. En fait il s’agit ici comme là de l’ascension d’un petit caïd jusqu’à son incontournable (et rapide) destin funeste. Il y avait déjà The World Is Yours, chez Hawks. La relation conflictuelle avec la mère, le rapport super chelou avec la petite sœur. Le patron doublé dans une séquence pivot mémorable. Le bras droit (et ami, mais un peu moins chez Hawks) sacrifié lors d’un accès de jalousie pathétique / suite logique de cet enchevêtrement de violence / paranoïa. Et la grande scène finale, copie conforme, si ce n’est que les flics chez Hawks étaient remplacés par le cartel, chez De Palma. Chacun son époque : Le trafic d’alcool en pleine prohibition contre l’univers de la drogue post Exode de Mariel. Chicago contre Miami. Tony ne s’appelle pas Montana, mais Carmonte. Gina devient Cesca, Manny devient Guino. Qu’importe. Ce qui change du tout au tout c’est le reste : La mise en scène, le ton, le rythme, l’époque tout simplement. Et l’étirement chez l’un remplace la sècheresse de l’autre. Impossible de voir ce rapide premier meurtre, tout en ombres chinoises, chez De Palma. De la même manière, impossible de trouver pareille séquence à celle de la tronçonneuse dans l’opus de Hawks. Ceci dit, c’est très violent. Je ne savais pas qu’on avait fait des trucs aussi rudes, aussi brutaux dans les années 30. Scarface est peut-être un film précurseur, je ne sais pas, toujours est-il que ça m’a impressionné. C’est quasi une chorégraphie de meurtres en rafale un moment donné. Hawks expérimente tout sur l’image : On les prend de plein fouet, hors-champ ou via des ombres – à l’image du tout premier fait d’arme de Tony ou de l’exécution des sept petits truands alignés contre un mur. Là où De Palma est resté fidèle à Hawks c’est via son personnage, Tony, sa nonchalance (face aux flics, notamment) et son exubérance, figure aussi pathétique (il n’est finalement que le vulgaire produit de ce que la société peut enfanter de pire) que tragique, dans sa façon de briser ceux qui gravitent dans son univers. Point d’enrobage musical ni de fusillade spectaculaire chez Hawks, la fin est aussi sèche que le reste du film, mais l’outrance se situait pourtant déjà dans le jeu de l’acteur campant Tony. Al Pacino en 1984 et Paul Muni en 1933, cicatrice sur la joue, arborent tous deux un jeu volontiers cabotin qui n’a d’égal que la folie du personnage. J’aurais toujours une préférence pour le De Palma, sa virtuosité, sa vulgarité 80’s, son ambiance cocaïne et palmiers, Miami, la musique de Moroder. Mais le Chicago de Hawks, qui pue la chevrotine et l’atmosphère lugubre, envoie du pâté aussi. Difficile en effet de faire plus noir que ce film noir.

El Dorado – Howard Hawks – 1967

08. El Dorado - Howard Hawks - 1967Ni vieux, ni traîtres.

   7.0   Très peu de souvenir de Rio Bravo mais ça m’a beaucoup fait penser à Rio Bravo. Toute la dernière partie (la prison assiégée) ressemble à son décalque en moins percutant parce que plus potache et passe-partout niveau mise en scène. On retrouve donc John Wayne en héros vieillissant (Une balle coincée dans sa colonne vertébrale le condamne à quelques brefs instants de paralysie) épaulé de Robert Mitchum, en sheriff alcoolique (qui parvient à avoir la classe en puant la pisse et la gnole à travers l’écran) et du tout jeunot James Caan, qui vise aussi mal (même avec son canon scié) qu’il porte merveilleusement les santiags et le ceinturon. Le film démarre de façon très bizarre (Errance solitaire du vieil homme sans harmonica ? Trip mélancolique sur les cow-boys vieillissants ?) mais on retrouve vite nos marques dans ce western old-school et son affrontement entre gentils et méchants, jubilatoire dans sa dernière demi-heure. Un peu anecdotique (C’est l’un des tous derniers films de Hawks) mais absolument parfait dans son genre, très rythmé, très beau (Et la copie restaurée est à se damner) et très drôle – Ce qui a tendance à me confirmer que Hawks brillait aussi dans ce registre, L’impossible Monsieur Bébé restant son film que je lui préfère. Bref, très envie de revoir Rio Bravo.

Seuls les anges ont des ailes (Only Angels Have Wings) – Howard Hawks – 1939

35.2Les survivants.

   5.5   Parfois, toutes les conditions sont requises pour se prendre une calotte. Et parfois, on l’attend tellement, persuadé de son pouvoir, qu’on reste en retrait, sonné par la déception. C’est un peu exagéré mais c’est ce que j’ai ressenti ici. J’étais pourtant en terrain conquis : Découvrir un classique de Hawks en salle. Surtout que dans sa filmographie, j’adore le film qui précède Seuls les anges ont des ailes : L’impossible Monsieur bébé. Cette vivacité, cet humour, ces personnages que j’aimais tant sont anéantis par la confusion, réduits à des pantins d’intrigue, ballottés en plein flou, voire à peine esquissés, dévorés par la froideur de cet étrange lieu de compagnie aéropostale mexicaine, qui voit d’intrépides pilotes chargés de passer le courrier à travers les Andes. Ces fameux pilotes que l’on croise et qui trainent quasi tous leur boulet personnel (un vieux crash, une vue dégénérescente…) m’ont semblé trop écrits et antipathiques pour en accepter l’éventuelle amitié, éminemment masculine et l’impression de groupe qui doit s’en dégager. Toutefois, j’aime beaucoup les séquences d’avion, leurs virées nuageuses comme leurs atterrissages spectaculaires. J’aime moins l’humour absurde qui parsème chaque séquence, comme si elles devaient forcément être accompagnées par ce décalage. Mais bon, j’étais peut-être un peu tétanisé par l’attente que j’avais placé en lui. J’étais persuadé que ce serait mon nouveau film préféré. Maybe the next time.


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