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Le tout nouveau testament – Jaco van Dormael – 2015

15895926_10154309333842106_2574280263175200281_oLe cinéma tout pourri de Jaco.

   1.5   En guise d’intro, je poste le résumé Wikipedia : Alors que Dieu passe ses journées à rendre la vie des gens infernale, Ea, sa fille, souhaite punir son père pour son comportement. Pour libérer les humains de la peur de la mort, elle dévoile par SMS la date de décès de chaque individu et bloque l’ordinateur de Dieu, qui lui servait à manipuler les mortels. Elle part alors à la recherche de six apôtres pour écrire un « tout Nouveau Testament ».

     Actions commentées en voix off, inserts de bébé, jeux outrés, systématisme des six apôtres présentés en chapitre construit exactement de la même manière (plus lourdingue tu meurs) avec la petite musique pour caractériser chacun des personnages, stéréotypes bibliques (L’image de la cène qui se remplit d’un apôtre supplémentaire à chaque fois, la fille qui marche sur l’eau, le frère nommé JC…) et les violons incessants – dont Le carnaval des animaux repris cinq fois au bas mots. C’est consternant de bout en bout. L’humour belge dans ce que ça a de plus pathétique.

     Et le film se croit tellement osé et irrévérencieux (Mettre un gorille dans le lit de Catherine Deneuve, faire de François Damiens un tueur au fusil sniper Youhou) alors qu’il est tout le contraire : Réac, ringard et conformiste dans sa bêtise, morale et esthétique. Qui clame sa dimension poétique alors qu’il n’est qu’un pot-pourri de tendresse chewing-gum. Qui croit à la farce corrosive tendance surréalisme mais s’avère mièvre et continuellement satisfait. Une comédie belge qui ressemble à toutes les autres, en somme.

     Et le film est d’une condescendance hallucinante, tous les personnages sont débiles (Et les acteurs nullissimes, Benoit Poelvoorde et Yolande Moreau en tête) et Jaco le sait et aime cette image qu’il donne du peuple et de dieu au-dessus desquels il triomphe en démiurge farceur. Au moins il y a un certain souffle dans le cinéma de lourdaud de Jeunet (Auquel il ressemble pas mal) malgré l’attentat au bon goût. Là non. Rien. Purge absolue.

Toto le héros – Jaco van Dormael – 1991

14242407_10153934225497106_3728088998529072418_oRemember.

   4.0   L’histoire est étonnante et s’offre en mosaïque. Je vous donne le « pitch » qu’en donne Wikipedia et qui résume parfaitement la chose : « Depuis l’âge de huit ans, Thomas est persuadé — à tort ou à raison — d’avoir été échangé par erreur à sa naissance avec un autre bébé, son voisin Alfred Kant. La jalousie ressassée à l’égard de cet homme mieux loti lui a gâché toute son existence, parfois avec des conséquences tragiques pour ses proches. Il ne songe qu’à se venger et envisage même de tuer Alfred. Pourtant Thomas trouvera sur le tard une manière plus originale de donner un sens à sa vie ».

     Entre ces allers retours incessants sur trois époques différentes, ces micro-scènes et ces nombreux stéréotypes bon marché, le film est indigeste, clinquant et beaucoup trop fonctionnel. C’est du Jeunet avant l’heure. Et en somme il fait partie de cette liste de films, avec Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, érigé en phénomène de leur époque et qui peinent à traverser le temps, pour reste poli – Mieux vaut ne pas les revoir ni les découvrir sur le tard. Lors de sa sortie à Cannes en 1991 Toto le héros est d’ailleurs récompensé par la caméra d’or, c’est qu’il proposait autre chose, sortait du lot. A l’époque. Il est plus délicat de voir ça aujourd’hui, tant le procédé de déconstruction narrative semble archi daté autant qu’il est impossible de savoir dans quelle ville se déroule l’action tant la mise en scène est laide, insignifiante.

     Reste cet étonnant montage avec quelques bonnes idées, malgré tout, via certaines correspondances audacieuses, mais exploitées avec des sabots tellement imposants. Je n’ai pas vraiment d’exemples à donner, le film en fourmille. Je retiens essentiellement des enchainements forts, au détour de plans charnels, dans la partie enfantine. Mais c’est peu comparé à cet amas de mauvais goût traduit par une musique incessante aux ronflements insipides, un Michel Bouquet présent pour servir de caution de sortie tant il est inutile, et des étrangetés au niveau des doublures voix (En gros : la voix de Bouquet accompagne aussi le personnage jeune adulte et celle de Mireille Perrier couvre aussi celle d’Evelyne vieille) mais je ne vois pas trop leur intérêt. C’est comme beaucoup d’autres partis pris qui virent souvent au frisson de la honte et qui préfigurent ce que sera, en pire, Le huitième jour, cinq ans plus tard.


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