Archives pour la catégorie Jacques Deray

Symphonie pour un massacre – Jacques Deray – 1963

SYMPHONIE POUR UN MASSACRELe cercle noir.

   5.0   Cinq truands – Clavet, Valoti, Moreau, Paoli et Jabeke – sont associés dans un coup de plus qui devrait les mettre à l’abri. Si les hommes semblent amis de longue date, Jabeke y voit toutefois l’opportunité de garder pour lui l’intégralité du profit quitte à trahir ses camarades et à tuer l’un d’entre eux. Son coup réussi va attiser la haine entre ses camarades, et déclencher un jeu de massacre sans fin. Inspiré du roman Les mystifiés, d’Alain Reynaud-Fourton, le troisième film de Jacques Deray est une belle promesse, mais fait surtout office de Sous-Melville : Un film noir moyen, solide, fluide, mais sans génie. On se rapproche, titre musical aidant et casting haut de gamme à l’appui, du Mélodie en sous-sol, de Verneuil. Suffisant suivant l’humeur, mais Deray fera nettement mieux. Néanmoins, Jean Rochefort est impeccable, en tueur inquiétant et traitre implacable, d’autant qu’il est moteur de tout le récit.

Un peu de soleil dans l’eau froide – Jacques Deray – 1971

08. Un peu de soleil dans l'eau froide - Jacques Deray - 1971Vodka martini, glaçon.

   5.0   Adapté d’un livre de Françoise Sagan, Un peu de soleil dans l’eau froide est un bien curieux film, mal fagoté dans son ensemble mais exhalant une ambiance suffisamment singulière pour maintenir un vif intérêt. Le film est plastiquement très beau, déjà – Joli copie restaurée, proposée par Arte. Le ton y est ouvertement dépressif au point qu’il évoque de loin les travaux de Guy Gilles, avec ce garçon au cœur tiraillé entre deux femmes et un besoin inexorable de solitude un brin mortifère. Difficile de camper ce genre de personnage sur la brèche et sans aspérités et l’on sent le jeune Marc Porel un peu dépassé par l’exigence de ce rôle, la jouant plus amorphe que mélancolique, d’autant qu’il est dévoré par la présence de ces deux sublimes créatures, deux des plus belles actrices de l‘histoire du cinéma, passées d’ailleurs par la case James Bond girl à savoir Claudine Auger et Barbara Bach. Deray les filme un peu comme il filmait Romy Schneider dans La piscine, autant te dire que les voir « se battre » pour l’endive campé par Porel m’a très vite agacé.

Flic story – Jacques Deray – 1975

18.-flic-story-jacques-deray-1975-900x693Borniche vs Buisson.

   6.0   Je me suis lancé là-dedans sans vraiment savoir qui l’avait réalisé. Inconsciemment, j’imaginais bien derrière un Georges Lautner, un Pierre Granier-Deferre ou un José Giovanni. Pourtant, dès les premiers plans, on sait qu’on est dans un Deray. Un sous-Melville donc un Deray. Je suis un peu dur mais il y a vraiment de ça dans les longues séquences d’interrogatoires, les filatures qui jouent beaucoup avec les silences. J’aime beaucoup le Deray de Trois hommes à abattre, moins celui de On ne meurt que deux fois. Là je trouve qu’on est dans du Deray honnête, avec un Delon excellent malgré son discours off de départ qui peut faire peur. Il est aussi sobre et discret que son personnage, on ne sait jamais si son calme masque une colère ou une extra-lucidité, c’est très intéressant. Et en face, il y a Trintignant, truand insaisissable, sans scrupules. Un méchant comme on n’en fait plus. Beaucoup aimé ce polar classieux, bien tenu, bien fichu.

On ne meurt que deux fois – Jacques Deray – 1985

on-ne-meurt-que-2-fois-85-3-g   5.0   C’est pas mal. Bien moite comme un Deray habituel. Mais pas folichon non plus. J’aime bien la réalisation, mais il y a quand même un gros problème de dialogues c’est dommage. C’est étrange Deray d’une manière générale, c’est hyper déceptif je trouve, il tente de créer des ambiances, des boucles mais en terme narratif c’est très pauvre en rebondissements inhérent au genre normalement. Trois hommes à abattre fonctionne comme cela aussi mais il avait mieux réussi à m’emporter. Chez Deray je garde néanmoins deux films majeurs : Un papillon sur l’épaule et La piscine. Je les aime tous deux car il y a cette épure que j’aime dans son cinéma. La piscine ça ne raconte plus rien. Il tente de créer un climat, à la fois doux, sensuel, ambigu jusqu’à tout faire imploser. C’est un film vide si on cherche à analyser son contenu narratif. Mais tout ce qu’il y a autour me fascine. Et puis c’est un film solaire, l’un des films les plus solaires que je connaisse. J’adore ça. Je trouve que ce climat est une matière fabuleuse pour construire de grands mystères, de grands drames (Outre La piscine, je pense au Mépris, à Everyone else, entre autres). Quant à Un papillon sur l’épaule, avec un recul plus objectif, je pense que c’est son chef d’oeuvre.

Un papillon sur l’épaule – Jacques Deray – 1978

26. Un papillon sur l'épaule - Jacques Deray - 1978Don’t walk now.  

   8.0   Je n’aime pas beaucoup Lino Ventura. Disons que c’est selon moi le stéréotype du cabotin. Mais là il est fabuleux. Son plus beau rôle, à des années-lumière des autres films où j’ai pu le voir – Excepté dans Les aventuriers, de Robert Enrico, où il excelle. Le côté Cary Grant dans North by Northwest lui sied à merveille. A part ça, la mise en scène est magnifique, faisant un portrait unique de Barcelone, un Barcelone de cinéma comme on l’avait jamais vu. Un Barcelone de cinéma comme Roeg avait fait son Venise dans Don’t look now. J’ai pensé aussi à Profession reporter. A Mr Klein. A Blow Up. A Conversation secrète. Que des chefs d’œuvre, quoi. Je trouve ça dingue que Deray ait pondu un truc pareil. Qui n’explique jamais rien, n’appuie sur rien, se contente de suivre ce personnage prisonnier de cette machine infernale, alors que Deray est coutumier de films plus mainstream et bancals généralement. Le dernier plan m’a achevé.

La piscine – Jacques Deray – 1969

La piscine - Jacques Deray - 1969 dans Jacques Deray 63080307

Piège à reflets.    

   8.5   Voilà un film que j’aimais beaucoup avant et que j’aime toujours aujourd’hui. Qu’est-ce qui me plaisait dans ce film, avant ? Etait-ce une question d’ambiance, ce huis-clos si sensuel, si pesant, ou bien était-ce la beauté de chaque personnage, piscine incluse dans ce lieu solaire qui décuple les sentiments ? J’en sais trop rien. Toujours est-il que j’adoube ce film depuis longtemps.

     Ce qui m’a frappé cette fois c’est la manière qu’à le film d’avancer, de faire naître des troubles entre les personnages par quelques silences et la direction des regards. Le huis-clos a son importance puisque c’est lui qui enferme ce quatuor de façon définitive et passe rapidement d’une atmosphère sereine à mystérieuse, entre le passé commun des uns et les tentations au présent des autres. Lors d’une soirée festive, où Ronet ne se gêne pas pour inviter le gratin de St Tropez dans la villa de ses amis, les binômes ne se cassent jamais vraiment, où alors brièvement, comme si les provisoires n’avaient pas d’importance – Delon dansera avec une inconnue sans même la regarder, l’abandonnant sans même lui dire un mot, sans lui offrir le sien.

     La piscine joue évidemment une place majeure dans le film. « C’est la plus belle chose de la maison » dit Romy Schneider un moment donné. Quand l’ami débarque avec sa fille, la piscine exerce son attraction. Ronet y plonge tel un enfant impatient, en faisant une bombe dans l’eau qu’il accompagne de cris improbables. Il n’y aura que son bolide à quatre-roues qui par instant seulement prendra un peu de valeur, un peu fade face au rectangle d’eau. Il y a quoiqu’il en soit l’attirance confirmée pour l’image du confort, sa sensualité comme son danger. Dans l’un le danger est visible, trop ostensible pour laisser vaquer une certaine inquiétude, des personnages comme du spectateur. La piscine est plus mystérieuse, surprenante, elle peut frapper dans l’imprévu. C’est un lieu de désir, de pulsions sexuelles comme dans cette première séquence très solaire où les deux amoureux s’étreignent fougueusement, ou plus tard, dans cette soirée nocturne, à ses abords, le désir prend une dimension plus intense avec ces caresses/coups de fouet à l’aide d’une petit branche, rapport entièrement consentant, comme si le pouvoir que l’endroit exerçait empêchait de ne pas s’y aventurer.

     Puis, la piscine est aussi et surtout le lieu du danger, le vecteur de la chute. Un seul personnage dans le film n’est pas menacé, c’est la fille, Jane Birkin, on le sent dès le début. C’est elle qui a tout à gagner de ces espèces de fusions pulsionnelles. Elle n’ira jamais dans l’eau, elle longera régulièrement les abords, de la piscine comme du petit étang, mais ne s’abandonnera jamais à l’eau, comme si elle en connaissait les risques. Et donc c’est bien entendu le lieu du crime. Un crime de possédé. Un crime où c’est le lieu qui est le coupable. Lorsqu’il fera ses aveux à sa femme, Delon dira « Il a voulu me frapper. Il est tombé dans l’eau. Après je ne sais pas ce qui m’a pris. Je l’ai empêché de sortir ». La piscine exacerbe les sentiments, prend possession de l’âme.

     La beauté du film tient aussi dans son choix de tournage : Outre la particularité d’avoir intégralement tourné le film en double version (français puis anglais pour la version américaine) c’est surtout l’option de tourner au fil du scénario qui fonctionne bien, puisque le but était que l’ambiance de tournage ait son impact dans le film, sur les personnages, mais de façon naturelle, juste grâce au temps, à la durée, le trouble, l’agacement. Ainsi le climat s’automnalise petit à petit et lorsque Delon et Schneider commence à s’éloigner à l’écran c’est aussi ce qui se passa en vrai, l’un ne supportant bientôt plus l’autre, et vice-versa, à force de répétitions de plans (On dit Deray maniaque) et d’enferment en permanence – tournage dans un lieu unique entre juillet et octobre, chaleur éreintante et interdiction de se baigner dans la piscine utilisée pour le film.

     Le parallèle avec le très beau récent film de Maren Ade, Alle anderen, m’a sauté aux yeux. Dans chaque film, le couple au début, relation stable et récente (environ deux ans) semble intouchable, dans une bulle de rêverie pleine d’étoiles. Puis tout se disperse par l’intervention d’un corps extérieur. Et même si je trouve la fin du film allemand beaucoup plus forte et bouleversante que cette banale enquête policière redondante du film de Jacques Deray, j’aime beaucoup l’idée en tout cas que dans l’un on peut se dire que la feinte de la mort ne sauvera peut-être pas le couple alors que le crime et l’aveu de ce crime semblent avoir le pouvoir de faire renaître le couple de l’autre.


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silencio


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