La vie est un miracle.
6.5 C’est un beau film sur le poids de la famille. Il est rare chez Disney de voir un antagoniste aussi invisible, ici il est représenté par la grand-mère, mais c’est plutôt le dit-miracle qui l’incarne : L’histoire d’une famille, les Madrigal, vivant dans une maison enchantée au sein des montagnes colombiennes. Maison offrant à chaque enfant un pouvoir surnaturel, tant vanté, tant espéré qu’on le fête comme une bar/bat mitzvah. Ici il ne s’agit pas de célébrer une majorité religieuse mais d’ouvrir une porte et de faire la rencontre avec son pouvoir magique : une force herculéenne, une faculté de guérison, la possibilité de dialoguer avec les animaux ou encore un don de métamorphose, un don de voyance.
Mirabel est la seule qui n’a rien reçu. Sans explication, la porte est restée fermée. Et c’est ce personnage, héroïne du film, qui va troubler le rituel et bousculer le quotidien de cette cour des miracles. Par jalousie (notamment envers sa grande sœur, qui fait apparaître des fleurs) et frustration de constater que son petit frère reçoit aussi un don, confirmant qu’elle n’est qu’un maillon oublié. « C’est un pouvoir qui sera à ton image » ne cesse de leur répéter à tous cette matriarche qui les enferme dans une bulle – jusqu’aux mariages arrangés – que Mirabel ne peut supporter puisqu’elle n’a hérité de rien. Elle n’est rien, sans pouvoir.
La belle idée du film, une fois que la casita commence à se craqueler de partout et que le récit s’emballe, est de libérer les personnages de leurs chaînes, tant chacun éprouve sans le dire, son pouvoir magique comme une malédiction. La réapparition d’un membre disparu redistribue les cartes. Et le film libère bientôt, grâce à Mirabel, le poids de cette histoire familiale et d’un enchantement qui ne peut renaître qu’en étant détruit et relancé sur des fondations plus saines. Avec des pics très émouvants. Larmes aux yeux lors de la scène au bord de la rivière, qui m’a rappelé « la plus belle scène au bord de la rivière ever » dans Pat Garrett & Billy the kid.
On peut certes regretter que le film ne dessine pas plus loin que cette famille, cette maison. C’est d’autant plus flagrant que la petite communauté (le village) dans laquelle évolue cette petite communauté (La famille) n’est jamais traitée. C’est une toile de fond. Reste qu’au sein de la famille, il y a de beaux personnages, qui sont empêchés aussi car c’est le sujet, de les faire exister uniquement au travers des désirs de la matriarche. Voilà pourquoi Bruno est si beau. De très loin mon personnage préféré.
Encanto est très beau visuellement, notamment tout le design de cette maison magique, l’animation est fluide, pleine de détails. Le point faible c’est le même que pour Vaiana à mes yeux, les musiques de Lin-Manuel Miranda, qui sont franchement lourdingues. Quant à Coco, son cousin de chez Pixar auquel on pense beaucoup, il est bien au-dessus, évidemment. Reste que ce fut pour moi un enchantement total de voir ça en salle avec mes deux petits gremlins qui ont tous deux adoré.