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Archives pour la catégorie Jean-Marie & Arnaud Larrieu

Le roman de Jim – Arnaud & Jean-Marie Larrieu – 2024

05. Le roman de Jim - Arnaud & Jean-Marie Larrieu - 2024Le fils.

    6.0   C’est un beau film sur la paternité contrariée. Un beau film sur le Jura et un film qui réussit clairement son pari de la temporalité en évoluant sur vingt-cinq années – le corpus elliptique est très réussi. Or voilà, je lui en veux, je crois, de m’avoir si peu ému. Tout y est réuni pour que j’en sorte en miettes. Et non. J’aime plein de choses, d’autres moins. Plein de personnages, de trajectoires, de rebonds, d’autres moins. À ce titre, je suis très embarrassé par le personnage d’Aymeric et par le jeu de Karim Leklou, comme souvent en fait : J’ai marché dans la série Hypocrate, j’avoue, mais cette redondance au rôle de gentil, innocent, neurasthénique me gonfle grandement. Je ne sais pas ce qu’il en est dans le bouquin de Pierric Bailly mais j’aimerais beaucoup le lire, quoiqu’il en soit. Le film m’a plu, mais peu stimulé. Petit Larrieu, pour moi, donc.

La Brèche de Roland – Jean-Marie & Arnaud Larrieu – 2000

03. La Brèche de Roland - Jean-Marie & Arnaud Larrieu - 2000A l’origine était la brèche.

   7.0   Comme ce sera souvent le cas ultérieurement chez les Larrieu, il s’agit surtout ici de filmer un lieu, en l’occurrence Gavarnie et le massif du Mont-Perdu dans les Pyrénées (et bien entendu cette fameuse brèche à cheval entre l’Espagne et la France) et surtout la matière, la roche, le vide, la profondeur du paysage, les cascades, les nuages, la silhouette des montagnes. Le film s’ouvre par ailleurs au cœur d’un sentier creusé à même la falaise. S’y greffe une histoire de famille, relativement anecdotique, dont on aurait pu se passer des révélations un peu trop écrites, soubresauts trop dialogués, renforçant le sentiment d’une interprétation inégale, pour ne pas dire très problématique. Mais l’idée de la brèche, du prénom et du pèlerinage offre au film et à son prétexte scénaristique une belle trouée philosophique dans ce beau voyage sensoriel, au sein duquel Mathieu Amalric, immense, se fond naturellement.

Tralala – Arnaud & Jean-Marie Larrieu – 2021

17. Tralala - Arnaud & Jean-Marie Larrieu - 2021« Soyez sages, soyez de passage »

   7.5   Chanteur dans les rues de Paris et bientôt délogé du squat qu’il occupait, Tralala, vagabond hérité aussi bien de Charlot que de Boudu, croise un jour une jeune femme, qui disparaît juste après lui avoir dit « Ne soyez pas vous-mêmes ».

     Il la prend pour la sainte vierge et décide d’embarquer pour Lourdes où tout le monde croit le reconnaître. Il serait Pat, un homme à la fois fils, frère et mari, volatilisé vingt ans plus tôt. Et Tralala accepte de l’être. Et plus il l’accepte, plus Tralala & Pat se confondent. C’est une sorte d’usurpation qui relève de la magie, du miracle : Tralala fait revivre Pat et revit à travers lui, par la même occasion.

     Les Larrieu font de Lourdes (leur ville natale) ce que Demy faisait de Rochefort, une ville-bulle qui abrite tous les possibles, la lumière et le drame. Sauf que c’est un Lourdes troublant, vidé, qui ressemble à un immense studio, puisque le film a été tourné entre deux confinements.

     La musique aussi diffère complètement : Il n’y a pas qu’un compositeur mais plusieurs, une sorte de combinaison de styles, casse-gueule, assez représentatif de l’aspect hybride qui traverse le cinéma des Larrieu. Chaque personnage voit accompagner ses chansons d’un auteur-compositeur attitré. Et si l’on peut au préalable regretter que Philippe Katerine n’incarne pas lui-même Tralala (comme c’était initialement prévu) on comprend vite qu’il est parfait pour Amalric, qui se déploie aussi merveilleusement que dans Les derniers jours du monde.

     C’est pourtant quelqu’un d’autre que l’on voit. On ne voit même que lui : Bertrand Belin est une révélation. C’est lui qui a les meilleures chansons. La meilleure voix – mais ça on le savait déjà depuis cet album merveilleux qu’est Hypernuit (2010). Le plus beau background. La plus touchante fêlure.

     J’avais boudé ce nouveau cru Larrieu lors de sa sortie en salle car à vrai dire je n’y croyais pas du tout. Erreur. C’est très beau. Surtout dès qu’il investit Lourdes. Et comédie musicale ou pas c’est du Larrieu pur jus. Aussi audacieux qu’il est émouvant.

21 nuits avec Pattie – Arnaud & Jean-Marie Larrieu – 2015

15304374_10154193119707106_6020463393304508163_oCet obscur objet du désir.

   6.0   Le film s’essouffle aussi vite que la crédibilité de Karin Viard en nymphomane avouée s’évapore. Néanmoins on reconnaît bien le style des Larrieu, ouvertement sexuel, évidemment, toujours très porté sur les paysages pyrénéens, mais aussi cette galerie de personnages génialement olé olé. Surtout je trouve que le film dit quelque chose de très beau sur l’impuissance, qu’on avait encore peu vu chez eux. Ils le font non seulement au travers du personnage d’Isabelle Carré, qui n’éprouve plus de désir (Sa confession sur sa relation conjugale, bouleversante) mais aussi au travers des autres et notamment Karin Viard, qui baise mais ne sait plus aimer. Et puis il y a un climat très étrange en permanence, quasi fantastique, ouvertement avec les apparitions/disparitions de la défunte mère et subrepticement avec les curieuses anomalies qui parcourent le film : Les hommes nus dans la piscine au début, le flic sortant du lac (On se croirait chez Guiraudie) ou bien la présence de gentleman Dussolier qui campe un personnage un peu nécrophage sur les bords. Et en filigrane les retrouvailles d’une femme avec sa mère (pourtant morte) qui va lui rouvrir les portes du désir. C’est à la fois très cru et très beau. Un peu forcé et parfois raté c’est vrai (Le plan interminable sur Isabelle Carré assise à table) mais ce nouveau cru distille un charme certain, comme toujours avec les frangins.

Les derniers jours du monde – Jean-Marie & Arnaud Larrieu – 2009

s,725-0d2e75Liberté !

     8.0   Les dernières paroles que l’on entend sont celles de Léo Ferré, ‘(…)c’est ton style, ton style c’est ton cul, c’est ton cul (…)’ ce sur quoi un homme et une femme courent nus en plein Paris juste avant l’Apocalypse. Cette fin, que le titre suggère, ne correspondra jamais à ce que l’on s’y faisait. Au présent, un homme tente de raconter son histoire, plutôt récente, elle date d’un an. Au présent, il a un bras amputé, il semble vivre seul, déambuler dans un Biarritz proche du chaos, sous une pluie de cendre ou envahis par des hommes masqués tout de jaune vêtus. Au passé, ce sont les images de ce qu’il nous raconte que l’on voit, sa vie de famille, puis cette troublante apparition en la présence d’une femme, qui le conduira à l’adultère. Passé et présent se mélangent. Quelques signes ou personnages, ambiances ou objets permettent de les différencier, mais on glisse de l’un à l’autre sans indices, sans évidences, soit lorsque Robinson est enfin seul, devant ce petit livre de cuisine qui lui sert de manuscrit (parce qu’il y a pénurie de papier dans le pays) ou simplement d’une scène à une autre, parce que la précédente se termine. Il n’est pas impossible de le voir aux côtés de sa femme, puis ensuite accompagné de l’ange blanc Laé ou par rencontres régulières avec cette femme qui semble si bien le connaître, lui et son père, récemment disparu en mer. Il n’y a rien de précis, c’est comme si l’on naviguait dans la tête de cet homme. Ce qu’il voit et vit et ce qu’il se rappelle. Si au début le souvenir prend davantage de place qu’ensuite, les lignes temporelles continueront de se mélanger jusqu’à la toute fin du film où elles ne semblent plus faire qu’un. Le film ne devient pas fou, il est fou. Dès les premiers instants. Le fait de ne rien savoir de cette situation inquiétante liée à ce chaos imminent suffit. Le film est vécu de l’intérieur. En accompagnant systématiquement cet homme, complètement en retrait face aux évènements, indifférents aux propositions de sa fille de quitter le pays sur son bateau, refusant par la même occasion les avances de cette femme qui voudrait le conduire jusqu’en Costa Brava. C’est Laé qui le préoccupe. Cet amour clandestin qui s’est estompé, qui a disparu, qui l’a abandonné, on n’en sait dans un premier temps pas grand chose. Et puis cette menace d’apocalypse se confirme. L’eau potable vire au jaune fluo. La terre se met à trembler. On parle aussi d’ogives nucléaires. Le chaos prenait l’apparence d’un problème d’ordre chimique (bouches d’égout ouvertes, hommes masqués, contamination de l’eau courante) avant qu’il ne semble être lié aux nappes phréatiques (éboulements, tremblements) puis aux menaces gouvernementales (renforcement des frontières, missiles nucléaires). Le film ne contrebalance jamais son point de vue. Pas de fin du monde à l’américaine, pas d’effets spéciaux. Tout est vécu d’un point de vue humain, qui devient multiple, parce qu’il se charge de raconter une époque et une autre. De s’attarder sur des personnages et sur d’autres. De surprendre par des détails ou des trucs incroyablement imposants. On y échange un morceau de viande contre un vélo, on conduit une camionnette avec un masque de plongée parce qu’il n’y a plus de pare-brise puis de nombreux personnages se mettent à mourir tous en cœur dans un effet boule de neige. Et on baise ! Ombeline (Catherine Frot) voudrait s’offrir à Robinson toute la journée en buvant du vin. Laé déambule entièrement nue dans la majorité de ses apparitions. Lorsque Robinson retrouve sa femme sur Toulouse – devenue capitale de la France parce que Paris est sous les bombes – et alors qu’ils sont séparés, là-aussi il n’est plus question que de sexe car comme le dira t-elle « C’est fou c’qu’on baise quand ça va mal ». Le dernier film des frères Larrieu s’apparente à quelque chose de plus passionnel et pulsionnel qu’autre chose, comme si cette fin du monde matérialisait toutes les envies et les propulsait en remparts aux évènements. Du même coup on se fiche de cette fin du monde. Elle n’est pas vécue comme un cauchemar ni comme quelque chose de tragique. C’est un récit extrêmement drôle qui vient nourrir toute cette utopie du plaisir avant la mort. Parce qu’il y a des morts en plus, dans le chaos qui se propage des coups de folies surgissent – Une femme déçue se tranche la gorge, un homme terriblement amoureux fait le saut de l’ange – et des attentats se multiplient – le tir de rocket. Mais ce n’est jamais grave, toujours fou et génial. C’est un film d’une liberté absolue, complètement fou et foutraque et pourtant c’est tout à fait lisible, très beau, très poétique – quelle fin magnifique !


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silencio


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