« Ça colle, mon père, c’est de la merde ! »
4.5 Les anges gardiens c’est surtout un montage. Si effréné, si stroboscopique, si sur-rythmé qu’il fait passer Les visiteurs (la réussite populaire de Poiré sur lequel il surfe clairement) pour du Tarkovski. La légende raconte que le premier montage frisait les trois heures et que Poiré aurait gardé toutes les scènes mais coupé chaque seconde inutile afin de passer sous les deux heures. En résulte un film cocaïné à mort, bourré de grands angles improbables, de transitions incohérentes, un film découpé à la machette, sans respiration aucune, où les répliques cultes, elles, restent et fusent, où les gueules se superposent : tout est surjoué as fuck. Le film pousse les potards si loin qu’il balance un bêtisier durant l’intégralité du générique final. Une surenchère telle que le film m’est toujours un peu sympathique dans le fond – D’autant qu’on continue de se mitrailler de répliques avec le père et le frangin encore aujourd’hui. S’y côtoient Clavier en soutane et post-Jacquouille, Depardieu en Berlutti et coups de boule. On passe des triades de Hong-Kong aux danseuses du Crazy Horse, d’un agenda (« AVEC UNE GROSSE TÊTE DE SAINTE VIERGE ») récalcitrant au fragile canif personnel du commandant, d’un Paris-Brest problématique à la Tourtel de bon papy, d’un gigantesque accident de voitures à une résidence en flamme, de Père Tarain (« A.I.N. comme pain ») à Monsieur « Chicoliniiiiiii », d’un duo survolté à un duo jumeau hystérique : dès que les anges débarquent (aux deux-tiers) c’est la catastrophe et pourtant la mine de répliques folles s’accentuent. Poiré se prend pour John Woo et Tsui Hark. C’est à la fois punk et con, généreux et surchargé, génial et irregardable.