Publié 19 mai 2020
dans Jean Rouch
Guerre et paix.
5.0 Un Rouch à la manière d’un Marker, avec ses souvenirs du Berlin de l’immédiat après-guerre, sur des images de 1988 soit celui juste avant la chute du mur. On traverse quelques lieux emblématiques de la ville. Le ciel est bleu, le vent domine. Au centre, Rouch s’attarde principalement sur les façades d’une grande rue, la nuit puis sur la rencontre avec deux jeunes femmes russes. Ça aurait mérité d’être un peu plus travaillé afin de marquer durablement la rétine, en l’état la promesse n’est jamais vraiment transcendée, dommage.
Publié 18 octobre 2015
dans * 730 et Jean Rouch
Rejouer le réel.
9.0 1959, un lycée à Abidjan. Rouch veut faire une fiction improvisée, dans lequel chaque élève jouerait un rôle. Celui de la rencontre entre les deux clans, chose habituellement inconcevable à Abidjan, où blancs et noirs se côtoient sans se fréquenter. « Il y aurait des vrais racistes, peut-être même des gangsters » dit Jean Rouch. Le but étant de voir s’il est possible de dépasser le cadre de la différence d’origine afin de montrer les relations interculturelles entre les noirs africains et les blancs européens. Une lycéenne dira à Rouch : « Alors c’est un film amateur puisque les scènes ne sont pas écrites ». Il n’y a pas de film amateur, lui répondra t-il.
C’est la caméra qui devient le personnage central, médiateur, dans la mesure où c’est elle qui permet cet étonnant jeu de rôle et de relais. L’expérimentation n’existerait pas sans cet objet complice qui déforme autant qu’il raconte énormément de la réalité, attire le modèle dans ses filets, modèle qui ne jouerait pas le jeu en son absence. Certains cabotinent, d’autres se fondent dans le personnage qu’ils incarnent. On stimule les imaginations, on effectue des rapprochements et des glissements.
Dans un premier temps, chaque groupe est filmé séparément, certains sont plus ouverts que d’autres, certains sont plus communautaires que d’autres. Le film est alors traversé par des joutes verbales en tout genre, sur la difficulté à communiquer par-delà les préjugés et sur la possibilité d’une abolition des apparences. Peu à peu, le film isole les plus ouverts de manière à mettre au centre cette possibilité de vivre ensemble. La scène de danse magnétique quasi centrale vient apporter une telle euphorie que le film doit forcément en redescendre : Dans une seconde partie, empruntant aux lois du mélodrame, la demoiselle la plus ouverte est finalement celle qui crée le conflit puisque, barrière de la langue passée, deux hommes en tombent amoureux et finissent par se battre pour elle. Il n’y a plus de barrières raciales. Ne reste que des relations sentimentales, l’amour, la jalousie.
C’est un immense film. Une grande proposition de cinéma que de partir en quête d’un rassemblement à travers un dispositif fictionnel et d’improvisation. C’est sublime de bout en bout et c’est ce que j’ai vu de plus beau de la part de Jean Rouch jusqu’à présent.
Publié 18 octobre 2015
dans Jean Rouch
La chasse au lion à l’arc – Jean Rouch – 1967
C’est très bien évidemment, surtout comment le film est construit, méticuleusement. Mais j’avoue avoir du mal à regarder les scènes de chasse dans leur accomplissement, aussi documentaires soient-elles.
Moi, un noir – Jean Rouch – 1959
C’est très beau, très dense. D’une liberté et d’une audace troublantes. C’est fou de voir combien ce film a apporté à la Nouvelle vague.
Jaguar – Jean Rouch – 1967
Superbe ! Passionnant voyage vers la Gold Coast avec une inventivité de mise en scène proprement hallucinante en 1967.
Les veuves de quinze ans – Jean Rouch – 1965
Bof, pas grand intérêt. La fiction n’est pas le fort de Rouch sauf si elle ne se met pas au service d’une reconstitution du réel mais tout à l’improvisation (Jaguar, La pyramide humaine…)
Petit à petit – Jean Rouch – 1971
J’en ai donc fini avec mon cycle Rouch (en espérant poursuivre prochainement) et ce film très drôle, un poil plus anodin que d’autres de ses longs métrages même si toujours aussi inventif.
Publié 18 octobre 2015
dans Jean Rouch
7.0 Si Mammy Water est dans la lignée des Maîtres fous formellement celui-ci change complètement : Rouch a désormais une caméra qui lui permet d’expérimenter des plans plus longs donc il tourne ce film transe en un seul plan séquence de neuf minutes. J’ai beaucoup pensé au film de Depardon : Dix minutes de silence pour John Lennon. C’est magnifique.
Publié 18 octobre 2015
dans Jean Rouch
8.0 Je démarre un cycle Jean Rouch avec ce film aussi puissant que terrifiant qui m’a laissé sur le carreau. En fait j’essaie de suivre une sorte de chronologie donc j’ai rapidement parcouru les dates de chaque film présent sur le coffret. Ce n’est pas mon premier Rouch non plus, j’ai déjà vu Cimetière dans la falaise, le sublime Chronique d’un été et son morceau de L’an 01. Quoiqu’il en soit, Les maîtres fous me semble à part dans sa filmographie : C’est un docu ethnographique d’une violence sans nom, nourri de rites, chorégraphies et sacrifices incarnant le reflet de notre civilisation, pour citer les propres mots du cinéaste.