Mutant bien que mal.
4.0 Roger Corman pioche grosso modo chez Jack Arnold, puisqu’on pense évidemment à La créature du lac noir ou à La revanche de la créature. Son petit secret c’est d’y ajouter des nichons et des effets bien craspec, de façon que le film excite et effraie les adolescent(e)s dans les drive-in.
Dans un petit port de pêche californien, tandis que des saumons (génétiquement modifiés) se font dévorés par des cœlacanthes, ceux-ci se se transforment en créatures mutantes qui terrorisent la bourgade balnéaire et qui sont obsédés par l’idée de tuer des hommes et de violer des femmes.
Faut-il y voir l’argument écolo et tout ce qui touche à la manipulation génétique ou un prétexte pour ouvrir les vannes d’un délire gentiment pervers ? Qu’importe c’est du pur Roger Corman 80’s dans le fond accompagné d’inconnus épileptiques dans la forme. Et pourtant, ce ne sont pas tous des inconnus. Ni forcément de gros beaufs avec des pénis.
En effet, pour déployer cette nouvelle idée farfelue, Corman s’en va chercher Barbara Peeters (qui a fait ses gammes durant les années 70) afin probablement d’y apporter une touche plus féminine. Peeters livra un film un peu trop sérieux pour lui, refusant par exemple le déshabillage des actrices. Ainsi fut elle remplacée manu militari par un garçon (Murakami, un poulain de Corman, qui venait de lui tourner Les mercenaires de l’espace) un peu plus bourrin qui s’en donna à cœur joie.
On sait que Corman était talentueux pour dénicher certains futurs grands cinéastes : Chez lui sont notamment nés Coppola, Cameron, Demme ou Scorsese. Curieusement, Barbara Peeters ne fera plus rien après cela, si ce n’est quelques épisodes de sériés télé…
Revenons aux Monstres de la mer : Nanar de luxe, tellement gore par instants, tellement malsain, tellement généreux qu’il fait presque oublier ces lignes de dialogues ridicules, ces acteurs incroyablement nuls et ce montage complètement aux fraises : Il faut voir le carnage final, interminable, avec ces bruitages en boucle.
Et dire que derrière ce montage se cache Mark Goldblatt qui venait de s’occuper du Piranhas, de Joe Dante et qui montera aussi Terminator ou Showgirls. Ce n’est pas le seul nom surprenant que l’on croisera au générique puisque la musique est signée d’un certain… James Horner. Encore à ses débuts puisqu’il venait de débuter dans le sublime The lady in red, de Lewis Teague.
Dans le dernier plan de Humanoids from the deep, Barbara Peeters annonce la couleur : Elle a vu Alien, de Ridley Scott. L’épilogue crache en effet une scène d’accouchement au cours duquel un monstre s’extraie du ventre d’une fille précédemment violée par un mutant : Une césarienne compliquée, à mon humble avis. Faut pas trop la chercher, Peeters. A moins qu’il s’agisse d’une idée in-extremis de Murakami ? Le mystère reste entier.