Publié 7 octobre 2020
dans John Sturges
21h00 pour Pawnee.
8.0 Matt Morgan, shérif de la petite localité de Pawnee, se jure de retrouver les deux violeurs de sa jeune épouse indienne qui vient d’être retrouvée morte. Il découvre que l’un d’entre eux est le fils de son vieil ami Craig Belden, dorénavant grand propriétaire et maître d’une petite ville voisine, Gun Hill.
Avant de réaliser les deux gros classiques toujours très solides que sont Les sept mercenaires (1961) et La grande évasion (1963), Sturges livrait cette merveille de western « confiné » soit un magnifique affrontement entre deux icones que sont Kirk Douglas & Anthony Quinn, incarnant deux vieux amis (que la vie a éloigné) sur le point de se recroiser dans un duel aussi tragique qu’imparable.
On pense beaucoup au Train sifflera trois fois, de Zinneman ou au 3h10 pour Yuma, de Delmer Daves, puisqu’il y a là aussi un facteur temps amorcé par le passage imminent d’un train. Néanmoins, cette gestion est relativement évacuée par Sturges qui lui préfère la montée crescendo d’une quête de justice (appuyée par une cicatrice et une selle de cheval) avant la retrouvaille qui vire à une opposition inévitable.
Sturges parvient surtout à faire magnifiquement exister la ville de Gun Hill, lui offrant une belle galerie de personnage et un cadre parfait. Les décors sont très réussis. Les dialogues sont percutants. Sa mise en scène, sans génie toutefois, s’avère d’une efficacité exemplaire. Bref c’est un très beau western.
Publié 2 octobre 2019
dans John Sturges
La petite illusion.
6.0 Je n’avais jamais vu ce classique hollywoodien, mais l’avais sous le coude depuis un moment. Me fallait sans doute un poil plus de motivation que de savoir qu’à sa barre se tenait le John Sturges des Sept mercenaires, film que j’aime pourtant beaucoup ; que de voir le vivier de stars qu’il charrie et qui m’évoque des bons souvenirs lorsque j’ai vu ces films étant jeune (La tour infernale, en tête) et des beaucoup moins bons lorsque j’ai vu ces films sur le tard, à l’image d’Un pont trop loin. En somme, je le craignais un peu. Voilà pourquoi je retardais ce visionnage. C’est évidemment Once upon a time in Hollywood qui avança cette rencontre. Tarantino « brought me here » comme on dit. La grande évasion est un chouette film de prison. D’ailleurs, si le suspense y est parfaitement distillé et le dénouement assez inattendu, j’aime surtout la partie prison, sa façon de suivre un personnage puis un autre, ses running gag (notamment celui qui voit Steve McQueen retrouver systématiquement le trou) et le pic de l’évasion, la suite m’ennuie davantage, sans doute car il y a trop de décalage, trop de cruauté là où la prison jouait la carte de la camaraderie. Mais le film a ceci d’hybride qu’il s’inspire de l’évasion réelle du Stalag Luft III, à Sagan, un camp de prisonniers géré par l’armée allemande durant la seconde guerre, tout en proposant un divertissement très populaire. Voilà pourquoi il retombe clairement dans le fait divers quand il semblait plus libre au préalable : Les acteurs s’amusent mais il ne faut pas oublier de rendre hommage aux morts de cette folle fuite collective. Ah si j’ai un gros problème avec la musique aussi : C’est niveau La septième compagnie, franchement, ça démolit chaque séquence, ça me sortait du film en permanence. Vraiment dommage. Voilà, J’ai vu La grande évasion. Ni déception, ni découverte majeure. Je pense qu’il vaut mieux se le garder comme madeleine, si on peut.
Publié 25 juin 2018
dans John Sturges
La providence sauvage.
7.0 On comprend très vite que Les sept mercenaires s’inspire des Sept samouraïs, de Kurosawa. On peut y voir de l’opportunisme américain à adapter un film japonais six ans après sa sortie. On peut aussi trouver ça courageux. Il faut quand même en avoir pour oser reprendre / se frotter à Kurosawa. Alors on ne peut s’empêcher de voir de l’héroïsme déplacé dans ce récit d’américains venant en aide aux paysans d’un village mexicain – tandis que les samouraïs chez le cinéaste japonais se battaient pour le compte de paysans japonais. Néanmoins c’est un héroïsme plus suicidaire que téméraire, c’est pas La horde sauvage non plus, mais il y a clairement un groupe d’âmes déchues sinon seules (Bronson fendant ses bûches sur sa colline, McQueen aventurier désargenté, Coburn las d’être meilleur lanceur de couteau que les meilleurs tireurs…) qui s’engagent dans le combat à la fois par fierté et amour du risque plus que par justice ou appât du gain – Le pactole est de 20 dollars/tête. Séparément ils ne sont pas grand-chose, mais ensemble, dévoués à cette affaire, ils semblent tous persuadés, chacun à leur échelle, de la futilité de l’existence et donc de l’importance du combat. C’est très beau. Outre cet aspect foncièrement mélancolique, que la fin viendra accentuer, la bonne idée de John Sturges est d’avoir véritablement tourné la quasi intégralité du film au Mexique et d’avoir fait exister ce village mexicain, ces hommes, ces femmes, ces enfants, autant qu’il offre de place à son casting de luxe. Il y a des choses très réussies, à l’image du rapport très doux entre Bernardo (Bronson) et les enfants ; de l’embryon d’histoire amoureuse entre Chico et une jeune villageoise. Malgré quelques baisses de rythme, le film est globalement inspiré dans sa construction, dans l’action et dans sa mise en scène, à la fois dévouée à ses stars sans qu’elles ne prennent trop de place.