Up in the air.
7.0 Le miracle n’est pas tant d’avoir offert un beau blockbuster à l’ancienne (Et après toutes ces couches de films de super-héros interchangeables qu’on doit encaisser et ces films d’action qui les imitent, ce que ça fait plaisir, il faut bien se l’avouer) que d’avoir produit un film si beau à partir d’un matériau si mauvais / qui a si mal vieilli.
Car Top gun, Maverick constitue la suite de Top gun, trente-cinq ans plus tard mais il est aussi une sorte de remake, reprenant sa construction, son récit (la love story, l’affrontement entre les pilotes…) et certaines de ses séquences iconiques : Parfois de façon émouvante (le piano de Bradshaw fils, la scène avec Ice/Val Kilmer) ou de façon superflue (la scène du beach volley devient une scène de simili football américain façon Point break : L’idée pour Maverick comme pour Utah chez Bigelow, est de se fondre dans le groupe).
Le film recycle, certes, mais il le fait avec beaucoup de talent, pour la simple et bonne raison qu’il existe indépendamment du film de Tony Scott. Il existe en son hommage mais il existe aussi sans lui, c’est très beau. Et bien entendu il existe aussi pour Tom Cruise et la légende qu’il a crée de films en films, en trente-cinq ans. D’autant que l’acteur est né avec Top gun. Dans Maverick on ne compte plus les scènes où il est menacé d’être mis à la retraite. C’est Maverick mais c’est évidemment de Tom Cruise dont il est question. Et puis c’est le patron ici. Il produit le film. Il décide de tout : Il monte son équipe de tournage au même titre que Maverick monte son équipe de mission.
Bref c’est une excellente surprise en deux temps. D’une part car on comprend peu à peu qu’il copie l’original mais qu’il réussit tout mieux que l’original, d’autant qu’il appuie son récit en grande partie sur la relation entre Maverick et le fils Bradshaw et que l’absence de Goose plane sur le récit en permanence. D’autre part car la dernière demi-heure est une merveille de mixture entre du Mission Impossible et du Star Wars (la mission de destruction de la réserve d’Uranium n’est pas sans rappeler celle de L’étoile noire) avec une vraie sensation de voler, de se prendre du G avec eux en permanence tout simplement car il n’y a pas de numérique ici, donc on y croit.
Et puis c’est beau, c’est lumineux, c’est clair, on comprend tout (contrairement au premier Top gun et son montage au cut qui le rendait indigeste) aussi bien quand ils font leur charabia de mission que lorsqu’ils sont dans les airs. C’est un film très limpide, très agréable, jamais cérébral car très physique. Et s’il prend au sérieux le genre (le film d’action) il ne se prend pas au sérieux pour autant et les petites pointes d’humour sont savamment disséminées.
Quelque part j’ai beaucoup pensé à Le Mans 66, qui filmait des voitures et non des avions, mais qui le faisait avec la même énergie, le même amour pour le genre, avec des vrais personnages et une vraie force dramatique. Plaisir total donc.