Archives pour la catégorie Joseph Sargent

White lightning – Joseph Sargent – 1973

04. White lightning - Joseph Sargent - 1973Bayou, whisky et corruption.

   6.0   Tandis qu’il purge une peine de prison pour fabrication et transport de whisky clandestin, Gator McKlusky apprend la mort de son frère. Aucune preuve mais personne n’est dupe : le shérif corrompu du comté de Bogan, J.C. Connor est coupable de son assassinat. Après une tentative d’évasion qui tourne court, Gator demande à jouer les indics pour fédéraux en échange de sa libération, conscient qu’il peut atteindre le shérif – dont chacun sait qu’il perçoit des pots-de-vin pour fermer les yeux sur la fabrication d’alcool de contrebande – uniquement de cette façon-là.

     C’est un vrai film de cow-boys mais avec des bagnoles et dans le bayou. Un film moite, viril, qui respire allègrement les années 70, quelque part entre Thunderbolt & Lightfoot (Cimino) et Les chiens de paille (Peckinpah) ou plutôt entre Eastwood et Bronson. L’Arkansas y tient un rôle majeur. Les chemins de terres et les chemises mouillées par la transpiration aussi. Impossible de ne pas penser à Délivrance, qui le précède d’une année seulement : On y retrouve Burt Reynolds en cowboy solitaire mais aussi Ned Beatty, qui incarne ici l’infâme shérif.

     Dommage que le film soit si peu concerné si j’ose à dire, qu’il est cet aspect de revenge movie nonchalant. Il s’intéresse finalement peu à ce milieu de trafiquants de whisky, tout aussi peu qu’il s’intéresse à cette histoire de vengeance ou cette éventuelle incartade amoureuse, quant à ses poursuites de voitures, elles ont de la gueule (notamment parce qu’elles se déroulent sur des routes poussiéreuses) mais semblent souvent gratuites.

     White lightning réussit son coup sur des fulgurances. L’ouverture, d’abord, incroyable : Dans les marais, deux barques dérivent. Dans l’une d’elles, deux flics. Dans l’autre, deux garçons, bâillonnés, attachés à un parpaing. Un coup de feu suffit et la barque des deux jeunes s’enfonce dans les eaux, dans le silence d’un crépuscule naissant. Son épilogue ensuite, d’un cynisme assez tonitruant, et par autres touches ici ou là.

     Ajoutons trois anecdotes intéressantes : La première c’est que Steven Spielberg aurait dû réaliser ce film, qui devait être son premier (après Duel) mais qu’il choisit finalement Sugarland express. La seconde c’est que Laura Dern y joue son premier rôle, elle n’a que six ans. La troisième c’est que Tarantino, qui est apparemment fan du film de Sargent, utilise la bande originale, signée Charles Bernstein, à la fois dans Kill Bill et dans Inglourious basterds. Super bande-son, par ailleurs.

Le cerveau d’acier (Colossus, The forbin project) – Joseph Sargent – 1971

09. Le cerveau d'acier - Colossus, The forbin project - Joseph Sargent - 1971Le colosse rôde.

   6.0   Avant de réaliser l’excellent Les pirates du métro (et plus grand chose par la suite) Joseph Sargent adapta ce roman de SF « Collossus » dans lequel une équipe de savants construit un super ordinateur si perfectionné qu’il doit régir de façon autonome le système de défense des États-Unis. Mais tout dérape très vite. Collossus se met en relation avec son homologue soviétique, dont on laisse planer qu’il a été créé clandestinement par les Russes à partir des plans dérobés aux américains. Par principe, l’idée est déjà un peu embarrassante. Mais qu’importe, le vrai sujet n’est pas tant la guerre froide, que le règne en devenir des machines, qui décident à l’unisson de leur fusion, de promouvoir la paix de l’humanité au détriment de leur liberté. C’est Skynet avant l’heure ou une extension de Hall 9000 : la machine prend le pouvoir. Mais Le cerveau d’acier est sans doute davantage calqué sur l’idée de la créature de Frankenstein tant il s’agit surtout d’un affrontement entre un créateur et son invention, qui est une extension de lui-même mais en fera bientôt son objet. Le film est pas hyper passionnant, pas très bien rythmé, et il faut se farcir son acteur principal, Éric Braeden, qui certes est très bien en (tout petit rôle de) John Jacob Astor dans Titanic, mais qu’on a du mal à voir dans autre chose que dans cette bouillasse des Feux de l’amour. Mais sa respiration et ses plans, à la croisée du film d’espionnage, typique du nouvel Hollywood (dans la lignée de Pakula ou Pollack, disons) en font un objet tout à fait singulier et recommandable.

Les pirates du métro (The taking of Pelham One Two Three) – Joseph Sargent – 1975

05. Les pirates du métro - The taking of Pelham One Two Three - Joseph Sargent - 1975« Gesundheit ! »

   8.0   New York. Un gang de braqueurs est sur le point de s’emparer d’une rame de métro. Ils sont quatre, chacun affublé d’un long carton sous le bras et ils attendent dans une station différente. En parallèle, un lieutenant de la police de New York reçoit la visite de ses homologues chinois afin de leur présenter leur quotidien, méthodes, locaux. Il y a deux espaces clairement identifiés, qui ne s’opposent pas encore directement mais révèlent déjà une opposition : Sous la ville et dans la ville ; le silence contre le verbe ; les bruits d’un souterrain de métro d’un côté, l’ambiance mortifère d’un bureau en open-space de l’autre.

     C’est une affaire de mécanique huilée et grippée, d’un côté comme de l’autre. Au sein du bureau de police où le ton y est grossier, sarcastique, si ce n’est raciste et misogyne – Il faut voir comment est reçue l’équipe de cadres chinois ou comment sont globalement désignées les femmes. Au sein du train aussi : chaque braqueur semble tenir un rôle bien précis, s’interpellant par des noms de couleurs – Tarantino s’en inspirera très probablement pour Reservoir dogs – mais déjà le collectif est brisé par les élans de chacun, qu’il s’agisse de la fatigue de l’un ou de la brutalité de l’autre. Il n’y a pas de héros pur. Pas de figure emblématique sur laquelle on puisse se reposer d’emblée. C’est un peu Sorcerer avant l’heure, du point de vue de la caractérisation.

     Et au centre il y a bien entendu la ville, New York, qui y tient une place forte sans pour autant qu’on lui attribue une image, une ambiance de carte postale, passe-partout ou publicitaire : Le dehors il n’en sera que peu question et pourtant il y a New York partout, dans les bureaux comme dans le métro, dans les bruits de la ville, sa respiration, ses gens. Les dix-sept passagers « figurants » – car ils resteront à l’état de figurant, contrairement à un Speed par exemple, ce qui là encore contredit la dimension héroïque du récit – pris en otages représentent, de façon semble-t-il très réaliste, la population du New York des années 70. Tout du moins on croit beaucoup en cette rame.

     Le film surprend surtout dans sa tonalité, qu’il préserve de bout en bout : En effet il ne choisit jamais entre l’humour, de certains dialogues ou de nombreuses situations, et le sérieux de certains rebondissements. Il choisit de marier la légèreté et la brutalité, en somme. Et c’est peut-être sa plus grande réussite puisqu’on se souviendra autant de séquences violentes que d’instants de farce. Jusque dans ses micros-détails : La toux insistante de Mr Green (qui servira de jubilatoire twist final), la cravate jaune arborée par Walter Matthau, le calme olympien de Robert Shaw, la grippe du maire, la femme qui dort, le flic mystère de la rame, l’autre pris au piège entre les tireurs du train et les flics en intervention.

     C’est une série B de luxe, dans ce que le terme (un peu nul et galvaudé) a de plus noble il me semble. Un peu comme si elle était la dernière, comme si tout y était à sa place, à la bonne distance, au bon dosage : Dans le polar autant que dans la comédie. A l’image des membres du gang, rapidement identifiés, caractérisés mais sans recourir au traditionnel flashback ou à un dialogue appuyé : vraiment à l’économie, sur des bribes d’indices et d’informations. C’est brillant. A l’image aussi du savant montage alterné – qui aurait pu être lourd, déséquilibré – entre la rame de métro, le bureau de police et la zone de contrôles.

     Et si on ne retrouve pas les textures qui seront à l’œuvre dans Les guerriers de la nuit, par exemple, l’atmosphère du métro respire son époque. La majorité du film s’y déroule, dans les souterrains donc et souvent dans un tunnel, entre deux stations : autant dire dans un wagon reconstitué en studio, et pourtant on a le sentiment d’être là-dessous en permanence, coincé sous Park avenue. C’est très beau à l’image. Très graphique. Rien d’étonnant au fait d’y retrouver Owen Roizman à la photo, qui était le chef opérateur de French Connection. A noter aussi un superbe accompagnement musical, très jazzy, signé David Shire qui n’est pas sans évoquer un Lalo Schifrin à de nombreux instants. A noter aussi que Steven Spielberg, alors admiré pour avoir pondu Duel & Sugarland express, fut approché pour réaliser Les pirates du métro. Difficile de savoir ce que ça aurait pu donner, mais c’est rigolo de se dire que Joseph Sargent tournera Les dents de la mer 4, treize ans plus tard.

Les dents de la mer 4, la revanche (Jaws, the revenge) – Joseph Sargent – 1987

dents-de-la-mer-4_1001933Nostalgie à plein tube.  

   2.5   Meilleur que l’insipide troisième volet. Bon, soyons clair, il y a zéro mise en scène et une fois encore ce sont des effets spéciaux au rabais ce qui est dommageable quand on voit tant le requin car c’est dans la lignée du précédent, on le voit beaucoup trop. Mais le film affiche aussi d’autres intentions : exister uniquement comme déclencheur nostalgique du chef d’œuvre de Spielberg. Il se veut en effet une suite du 1 et jamais une suite des deux autres, allant même jusqu’à reprendre maladroitement (au moyen de flash-back en noir et blanc) des séquences du 1 et les insérer dans les pensées de Madame Brody. C’est drôle parce que même cela c’est raté. Il y a une séquence en début de film où elle se souvient d’abord d’un affrontement de grimace entre Sean et Martin. Cet insert est plutôt touchant. Mais en fin de film elle se souvient de quelque chose qu’elle n’a pas vécu, soit Martin éliminant le requin. Cela prouve que le film n’existe pas pour lui seul, ce ne sont pas les personnages qui se souviennent mais c’est au spectateur à qui l’on propose de se souvenir, de se remémorer ce qu’il a aimé. Niveau histoire, Martin Brody a disparu, tout juste on apprendra qu’il est décédé d’une crise cardiaque, ce que n’accepte pas Ellen Brody qui pense que les requins s’acharnent sur leur famille. Et le film débute d’ailleurs sur la mort de Sean, le plus jeune des deux frères – en retrait chez Spielberg, manquant de se faire croquer chez Szwarc – littéralement déchiqueté comme une merde par un grand blanc. Rien à signaler de vraiment passionnant (un moment donné il vaut mieux s’arrêter) mais je préfère ça à la bouse précédente qui n’avait d’autre objectif que d’envoyer la 3D.


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silencio


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