Publié 4 juin 2016
dans Julie Delpy
L’enfant monstre.
5.5 Julie Delpy et moi c’est souvent quitte ou double. La comtesse j’avais trouvé ça très beau ; Le Skylab très chouette, malgré ses défauts. Quant aux 2 Days, à Paris comme à New York, je trouve ça imbuvable. Autant dire que Delpy accompagnée d’un éclectique gratin de la comédie française, qui ratisse large de Vincent Lacoste à Dany Boon, en passant par Karin Viard, ça rendait curieux, ça faisait flipper surtout. Et c’est ce qui s’avère être le plus réussi. Boon parvient à intégrer l’univers de Delpy et faire exister son personnage sans pour autant basculer dans le contre-emploi. Il est très bon. Lacoste, lui, rejoue un peu ce qu’il jouait dans Le Skylab, dans une version plus trash, moins branleur boutonneux qu’ado psychotique. Cette plongée horrifique lui sied bien, on retrouve un peu de La comtesse dans la folie de ce personnage. Viard, en revanche, c’est un peu la limite du système Delpy à mon sens, comme peut l’être son père dans les 2 Days ; Elle est géniale mais un peu en surrégime, elle ne sort pas une phrase sans le mot chatte en gros. Cette hystérie permanente me dérange un peu dans le cinéma de Delpy, comme s’il ne pouvait faire exister son récit sans mini-saynètes épileptiques. Après c’est vrai que cet excès apporte un peu de fraicheur trash, qu’on peut rapprocher du système Apatow et dérivés, tendance Cyrus, des frères Duplass, avec lequel Lolo semble avoir de nombreux points communs. Vincent Lacoste n’est certes pas Jonah Hill mais il s’en sort avec les honneurs – C’est un vrai caméléon, n’empêche, que ce soit chez Lilti, Jacquot, Sattouf ou Delpy, il dégage une présence bien à lui, différente d’un film à l’autre. Bref, j’ai beaucoup ri. Ma réplique préférée : « Au fait Maman, j’ai pas trouvé la beuh, Elle est plus dans Easy Rider ? – Regarde dans Les oiseaux. »
Publié 6 décembre 2011
dans Julie Delpy
Ni trop tôt ni trop tard.
6.0 C’est un film qui me touche autant qu’il m’agace. En un sens, j’aime sa dynamique et sa manière de passer d’un truc à un autre, de passer du temps sur l’un, d’expédier l’autre, de ne pas forcément négliger ce qui est petit, d’oublier parfois ce qui est important, de filmer les enfants, de filmer les parents, de constater que les deux mondes sont différents. Et puis dans le même temps, le choix d’un best-of de vacances familiales plutôt que la chronique me gonfle prodigieusement. Comme il faut aller vite pour tout mettre dans le sac, Delpy ne s’intéresse pas à la suspension, à la durée d’une séquence, au temps d’une situation, si, à une seule : le slow de Albertine et Mathieu. La plus belle scène du film. Du coup la chronique devient fiction et montage, donc moins bien. C’est écrit, trop écrit. Pas forcément très bien joué – je garde un gros problème avec Bernadette Lafont, quoique ici ça passe encore, quant à l’oncle combattant de la guerre d’Algérie, mon dieu. Et en même temps il y a de nombreuses idées disséminées, dialogues ou situations, plutôt réussis. Et quelques présences ne sont pas négligeables : Celle d’Elmosnino en joyeux coco – assez génial il faut le dire – ou encore la mine patibulaire de Vincent Lacoste – même genre de Beau gosse que chez Satouf, en un poil plus branlos, mais toujours pas beau gosse donc – ou l’excellente Valérie Bonneton – qui se paie même le luxe de camper un personnage bègue – et le rayon de soleil Sophie Quinton (encore plus jolie lorsqu’elle est enceinte jusqu’aux dents) sont les atouts du film parmi d’autres, à un instant avant que ça ne dégénère. Heureusement, par moment ça revient, c’est en dents de scie. Tout ça fait très préparé, parfois un peu lourd et filmé sans grande conviction cinématographique, c’est dommage. J’attends davantage de ce genre de film sans demander pour autant de ressusciter Truffaut (L’argent de poche) ni Pialat (La maison des bois) mais avec un minimum d’élégance et d’inventivité. Le tout fait bien plus saynètes mises bout à bout qu’autre chose. Néanmoins, il y a deux choses que j’aime tout particulièrement dans Le Skylab, c’est d’une part justement la métaphore de ce satellite qui pourrait tomber sur la Bretagne – l’action du film se déroulant en 1979 – alors que la famille en question tient le coup mais est parfois au bord de l’implosion (traumatisés de guerre, virage politique imminent exacerbant les divergences idéologiques de chacun, hypocrisies conjugales…) et d’autre part c’est aussi le choix de la chronique – même si encore une fois ça ne fonctionne pas toujours très bien – ne cherchant pas à systématiquement faire rire. Lorsque l’on raconte des blagues ici – la dorade, la sirène et le requin – ce n’est pas visé pour faire rire le spectateur comme cela peut être le cas avec le « Pas de bras, pas de chocolat » dans Intouchables – si je compare les deux c’est uniquement parce que je les ai vu quasiment l’un après l’autre. J’aime le ton du film de Delpy : cette légèreté qui vire sans crier gare à une cruauté assez surprenante. Sur ce principe là je trouve que les enchaînements sont très réussis et Julie Delpy montre qu’elle peut être à l’aise partout car même si j’avais trouvé 2 days in Paris révulsant, La comtesse m’avait conquis. Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis conquis ici, mais je suis loin de trouver ça désagréable.