Mélodie textile.
6.2 Il est rare de voir un film, à l’instar de La vie d’Adèle ou de Pas son genre, qui traite si intelligemment de l’influence néfaste de la différence de classe sociale sur une histoire d’amour ; D’en voir un si bien écrit et si bien interprété. À ce titre, Ana Girardot et Bastien Bouillon (qu’on est ravi de retrouver ici après avoir chacun à sa manière laisser sa trace dans notre souvenir de Simon Werner a disparu ou de 2 automnes, 3 hivers) sont parfaits, simples, justes, ils se complètent brillamment. Et c’est là qu’on voit la finesse de l’ensemble : Ils sont épaulés par un casting idéal. Certes, Le beau monde n’échappe pas aux défauts inhérents à ces petits films français pas suffisamment ambitieux, Il manque de personnalité et de choix de mise en scène qui marquent, que Kechiche avait su influer à son récit et Belvaux au sien, dans une moindre mesure. Pourtant, le film de la jeune réalisatrice est réussi parce qu’il tente de s’extirper des codes, essaie de capter ce trouble amoureux et cette impossibilité de la réversibilité sociale, de faire collisionner l’art et les sentiments, l’épanouissement et le double apprentissage, Paris et la Province. Curval n’est pas Rohmer mais elle scrute les deux familles avec minutie et subtilité, toujours agrémenté par une écriture bienveillante, profitant pour filmer Bayeux avec une délicatesse bienvenue. Certains choix d’ellipses rappellent de loin le cinéma de Mia Hansen-Love. Sans être aussi beau que ces modèles, le film trouve sa respiration et sa noirceur subtile, entre inquiétude et fragilité.