Il pleut, il pleut, il brule.
6.5 Ne serait-ce que pour la scène centrale du pont (y a vraiment cette idée de passage, de film coupé en deux, d’espoirs détruits) et son impressionnant mouvement de foule ainsi que sa résolution macabre, dans ce fleuve d’acide terrifiant, il faut voir Acide. Scène traumatisante pour moi. Je pense que je m’étais fait un autre film, au vu de ses premières minutes. Un film apocalyptique qui viserait dans le même temps celui de remariage. Acide sera beaucoup plus sombre que cela : Une course-poursuite, vers nulle part. La famille, dysfonctionnelle et disloquée, en sera le cœur battant, mais jamais pour détourner la dureté du récit. Tout est sombre à souhait, dès ces premières images de révolte (qui rappellent En guerre, de Stephane Brizé) jusqu’à la dernière, sur ce lit dans cet hôpital de fortune. Le temps en famille sera fait de désaccords et de cris tant il charrie un douloureux passé, une séparation probablement faite du même bois. Le soleil du film c’est une histoire d’amour, mais on ne la suivra que par téléphone ou visio, avant qu’elle ne disparaisse dans le néant. C’est très dark. Alors on pourra toujours gloser sur le réalisme de certaines situations. L’acide qui ronge des tôles et contamine des rivières mais qui n’a ni incidence sur les pneus ni les arbres, c’est un vrai problème. Ça m’a gêné certes mais j’y ai cru en tant que montre diluvien, sélectif, incompréhensible, quasi abstrait et surtout j’ai cru à tout le reste, que le film navigue dans les eaux de La guerre des mondes (en permanence) ou qu’il fasse du pied à The last of us (l’escale d’une nuit chez une femme et son enfant calfeutrés), il m’a semblé surtout très graphique dans le peu de moments où il ose s’aventurer. Le film s’est tellement fait éventré de partout je m’attendais à trouver ça à chier. C’est peut-être moins réussi que La nuée mais j’ai trouvé ça très bien, moi.