La nuit de la proie.
7.0 Débarquant à poings nommés sur les écrans après les récents scandales outre atlantique que l’on sait, La belle et la meute, de la tunisienne Khaouter Ben Hania, est un film éprouvant, se déroulant le temps d’une nuit, entre une fête universitaire, les rues désertes d’un Tunis fantomatique, une clinique et un commissariat de police. Virtuosité qui rappelle un peu le Victoria, de Sébastien Schipper dans la mesure où neuf plans séquences, seulement, accompagneront ces neuf chapitres, qui forment moins un déroulé précis qu’une succession d’ellipses, parfois tonitruantes, permettant autant de souffler que de créer neuf espaces de temps bien différents. C’est à la fois une idée magnifique, quasi anti naturaliste, puisque d’un chapitre à l’autre, chaque fois quelque chose a changé, une information manque ou un comportement a évolué. Le revers de la médaille, mais qui participe à en faire une véritable épreuve pour les nerfs, une plongée sans concessions et parfois insoutenable, le film est trop appuyé, trop en surrégime pour que l’on accepte l’espace géographique dans lequel il nous convie. Dans Victoria, il y avait souvent des creux, des longueurs, et cela permettait de comprendre pleinement chaque mouvement, chaque déplacement, de saisir l’épuisement des personnages. Ici, le trop plein nous sort quelquefois du film. Malgré tout c’est puissant, un peu trop à charge à mon goût – Très peu de personnages masculins sont récupérables ou si oui, ils sont très maladroits, certains auraient mérité plus de neutralité – mais complètement dans ce qu’il dénonce. Une version cinématographique – Formellement t’as des trouées ahurissantes, ne serait-ce que dans le premier chapitre, très doux et très dansant – de hashtag balance ton porc (de flic) continuellement porté par son actrice principale.