Publié 4 novembre 2020
dans Kiyoshi Kurosawa
Quitte et double.
3.0 Kiyoshi Kurosawa m’a toujours semblé être un auteur surestimé. Même plutôt TRÈS surestimé. N’ayant pas vu sa première partie de carrière – et admettons-le, trainant la patte pour m’y plonger – il était bon de s’abstenir de tout jugement définitif. J’entame donc une petite rétro avec Séance qui ne fait malheureusement (pour l’instant ?) que confirmer ce décevant constat : Je n’aime pas du tout son cinéma. J’ai l’impression de ne voir que des promesses, de film fantastique inédit, de néo-polar, avec des beaux travellings, un sens du cadre, un jeu sur le hors-champ, les silences, les ruptures franches de ton d’un plan à l’autre, mais tout sonne faux, rien ne prend. C’est un ennui constant. Un film qui n’offre rien à voir ni à ressentir, encore moins à s’interroger. Un film coincé dans un programme très organisé, cadenassé, jamais incarné. Et le peu de tension qui sourd parfois s’affaisse aussitôt dans un ridicule provoqué par des effets cheap très embarrassants. Hormis le fait de meubler la catégorie « Film horrifique d’auteur » des festivals, je ne vois vraiment rien à sauver là-dedans. Ça aurait pu être un curieux objet, un beau film de fantôme mais ce n’est qu’un truc vide, un film fantôme, qui apparait, qui disparait puis qu’on oublie.
Publié 30 août 2018
dans Kiyoshi Kurosawa
Le mirage derrière la porte.
3.5 Il y a déjà un souci avec Kurosawa, quand il tourne sur ses terres. A mes yeux, bien entendu. Et c’est une remarque d’autant plus de mauvaise foi que je n’ai vu aucune de ses œuvres antérieures à Tokyo Sonata –Voilà des années que j’ai un coffret Kaïro / Charisma / Jellyfish / Séance que je n’ai jamais déballé, parce que je n’ai pas trouvé le film tremplin, ni Real, ni Tokyo sonata, ni même Shokuzaï, son joli pavé qui m’avait laissé un beau souvenir de double séance d’une traite mais dont les images se sont complètement évaporé dans mon esprit. Le secret de la chambre noire ne viendra pas faire exception et je ne suis pas certain que son déroulement en France, en banlieue parisienne, ne lui soit de grand secours. On retrouve la dimension fantastique chère au cinéma de Kurosawa, dans sa lenteur, la minutie de ses plans, son jeu avec les lumières. Il y a parfois de beaux instants : Un silence trop long, une apparition qui ne vient pas, un corps inerte posé sur un arbre métallique, un long travelling avant sur un escalier vide. La singularité du cinéma de Kurosawa se trouve dans ces petits espaces (lieu et temps) brisés de façon imperceptibles. On retrouve malheureusement aussi une certaine idée du cinéma français, ce cinéma auteuriste chiant et paresseux, qui croit réinventer mais ne prend jamais le temps de s’incarner. Si Tahar Rahim est très bien, j’ai eu beaucoup de mal à me défaire de la faiblesse de l’interprétation globale. J’en avais déjà parlé, Olivier Gourmet, c’est plus possible. Ou bien faut qu’il soit une masse dans la foule, un saut dans le récit, un écart dans la trajectoire. S’il tient le rôle le plus fort (ici, celui d’un photographe devenu ermite dans son manoir depuis le suicide de sa femme, qui se perd chaque jour davantage dans sa passion pour le daguerréotype et son obsession pour photographier sa fille, selon les conventions de longue durée que l’instrument impose) il dévore son personnage. Quoiqu’il en soit, le film n’est pas désagréable, mais justement il est plutôt anecdotique, manque d’émotion, de folie, de vertige, un peu à l’image de sa séquence finale : On sait que le film va se finir comme ça, on le sait depuis longtemps. C’est comme Les aventures d’un homme invisible, de Carpenter, un moment donné il faut choisir si on voit ou non le fantôme. Autrement dit si l’on est le spectateur ou le personnage incarné par Tahar Rahim. S’il revoit le fantôme à la fin, le moindre des cadeaux seraient qu’on le voit aussi, je pense. D’autant qu’on aurait pigé exactement la même chose.
Publié 9 juillet 2015
dans Kiyoshi Kurosawa
5.5 Comme on pouvait le lire à l’époque de sa sortie, il y a un peu de Shutter island et d’Inception là-dedans. On y retrouve en effet certains motifs similaires. Mais c’est globalement surtout un film de Kiyoshi Kurosawa. On retrouve bien les motifs de sa mise en scène, cette façon de travailler le plan, les intérieurs, ses incursions fantastiques, le travail énorme sur la lumière. C’est assez beau tout ça, même si comme souvent ça ne me fait ni chaud ni froid. Il y a une distance dans son cinéma qui me gêne continuellement, ce qui n’est pas le cas dans celui de Bong Joon-Ho par exemple, qui me happe d’un bout à l’autre. Là oui, en effet, les vingt derniers minutes sont excellentes, ce gros récit avec ces tiroirs qui s’ouvrent plutôt jouissifs, mais le début m’ennuie aussi et puis le retournement du milieu me semble vraiment superflu ou mal fichu. Mitigé donc.
Publié 26 juin 2013
dans Kiyoshi Kurosawa
5.5 J’étais pas loin de le snober. D’une part car je connais mal Kurosawa, d’autre part car deux épisodes pour un film de 4h30 n’est pas une motivation première. Mais hier c’était la grande pêche. Je suis allé voir le premier épisode en ayant le choix d’enchainer sur le second. Et j’ai bien fait de faire comme ça car je ne serai jamais allé voir la suite ultérieurement, je n’aimais pas suffisamment pour cela. Là j’étais dans l’ambiance du film et je suis content d’avoir tout vu sans quoi j’aurais eu quelques remords. Je conseille de le voir ainsi ! Encore faut-il avoir un peu de temps et l’envie de rester assis dans une salle obscure 4h30 durant. Personnellement j’adore ce genre de défi et ça crée une proximité particulière avec l’œuvre. Il y a des films de 5, 6 ou 7h que j’adore et rêverais de revoir d’une traite sur grand écran, je pense à La maison des bois, Mildred Pierce, Das boot, Carlos ou Satantango entre autres, tant le cinéma peut aussi être une expérience sur la durée et une durée que l’on se doit de respecter, ce que la salle de cinéma permet davantage qu’ailleurs. Il y a des choses que j’aime énormément dans ce film fleuve de Kurosawa, en particulier la manière avec laquelle il filme les intérieurs et cette ambiance proche du fantastique via certains motifs, certaines lumières ou diverses sources sonores nébuleuses. Le reste tient malheureusement énormément du récit, un mélo hyper chargé (le dernier épisode est limite insupportable d’enchainements et rebondissements dramatiques). Reste que je l’ai reçu comme je reçois une série, c’est très addictif. Mais en tant que film de cinéma je trouve ça vraiment moyen et ce n’est pas qu’une question de durée, j’ai vraiment beaucoup de mal avec cette sur-écriture, ce qui me gênait déjà dans Tokyo Sonata. Mitigé donc, mais mitigé content.